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Troisième trimestre : la performance et l’attitude de certains collégiens inquiètent 

Les enseignants doivent rivaliser d’astuces pour se réinventer et susciter l’intérêt des apprenants.

En ce début du troisième trimestre scolaire, la performance de certains élèves du cycle secondaire inquiète. Au primaire, tout est fait pour permettre aux écoliers de réussir les épreuves. 

Plus que six semaines avant que ne démarrent les examens du School Certificate (SC) et du Higher School Certificate (HSC), prévus le 21 septembre. Mais une ombre vient s’ajouter au tableau. Les résultats obtenus lors par certains lors des « mock exams » de la fin du deuxième trimestre ne sont pas aussi satisfaisants, ce qui inquiète grandement les éducateurs. 

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Tout en tirant la sonnette d’alarme, ils tentent de comprendre les raisons de cette situation. Arvind Bhojun, président de l’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE), estime que plusieurs élèves ne mesurent pas l’importance des enjeux. « Nous sommes déjà à la veille du troisième trimestre et il est malheureux que beaucoup d’entre eux ne prennent pas les choses au sérieux », déplore-t-il. Il constate que cette attitude se reflète également dans leur comportement, notant une dégradation des valeurs comme le respect, sans pouvoir l’expliquer.

Didier Moutou, recteur du Bhojoharry College de La-Tour Kœnig, partage ses inquiétudes. « Nous ne pouvons pas ignorer ce qui se passe dans nos collèges. Des élèves ne semblent pas prendre conscience du fait que nous sommes déjà au troisième trimestre et que les examens nationaux, tels que le National Certificate of Education, le SC et le HSC approchent à grands pas. » 

Il constate que certains élèves sont fatigués et somnolents, ne prenant pas leurs responsabilités au sérieux, ce qui perturbe le plan de travail des éducateurs qui doivent alors les accompagner comme s’ils étaient de jeunes enfants. Il souligne l’importance pour les enseignants de revoir leur approche pédagogique pour qu’ils s’adaptent aux nouvelles exigences. 

Cette année, Cambridge Assessment International Education (CAIE) a rétabli la notation traditionnelle des examens telle qu’elle était avant la COVID-19. Arvind Bhojun souligne que le manque d’enseignants pour certaines matières est un obstacle pour les apprenants. Il demande au ministère de l’Éducation de faire part de la situation à CAIE et de trouver une solution pour les prochains candidats du SC et du HSC. À l’approche des examens cruciaux, il est essentiel que les élèves prennent conscience de l’importance de leur préparation et que les éducateurs les accompagnent. 

« Bullying » et indiscipline 

Les cas de « bullying » et d’indiscipline restent malheureusement bien présents dans les établissements scolaires. Bagarres, jurons et comportements irrespectueux sont autant d’attitudes auxquelles sont constamment confrontés les responsables. Arvind Bhojun salue d’ailleurs les mesures prises par les autorités, notamment le déploiement de psychologues lorsque le problème est déjà présent. Cependant, il insiste sur la nécessité d’une prise en charge préventive pour éviter que ces drames ne se produisent. Pour ce faire, il plaide en faveur d’une augmentation du nombre de psychologues rattachés aux établissements, qu’ils soient privés ou publics.

Le syndicaliste soulève un autre problème sous-jacent : de nombreux enfants viennent en classe sans avoir mangé un repas équilibré. Cette situation nuit à leur concentration et les empêche d’être pleinement attentifs. Il rappelle que beaucoup d’élèves sont issus de milieux difficiles et de familles brisées, ce qui impacte leur comportement et leur bien-être à l’école. Ce problème est répandu, que ce soit dans les collèges dits « élites » ou dans ceux accueillant des élèves d’un niveau plus faible.

Certains pourraient mettre en avant l’utilisation des outils technologiques, comme la publication de vidéos montrant des scènes de violence, pour faire face à ces problèmes. Cependant, Didier Moutou souligne que la technologie est omniprésente, surtout depuis l’éclatement de la pandémie de COVID-19, où elle est depuis utilisée pour les cours en ligne. Il insiste sur le fait que cette technologie doit être utilisée de manière réfléchie et encadrée. 

Il prend l’exemple de l’utilisation du téléphone portable qui n’est généralement pas autorisée en classe. « Les affiches rappelant cette règle visent à inculquer aux élèves le respect des lois en vigueur, tout en leur apprenant à se contrôler. » Il admet néanmoins que les smartphones font partie intégrante de leur univers et qu’ils y passent beaucoup de temps, parfois même pendant la récréation. « Mais cette surutilisation nuit malheureusement à leurs résultats scolaires. »

Il estime qu’il est donc essentiel de s’attaquer aux problèmes d’indiscipline et de « bullying » de manière proactive en fournissant un soutien psychologique adéquat et en se concentrant sur la prévention. « Il faut réfléchir à une utilisation plus responsable des outils technologiques pour aider les élèves à mieux se concentrer et à réussir académiquement. »

« Modular Exams » au primaire 

Après trois semaines de congé, les écoliers du primaire amorceront, ce lundi 7 août 2023, le troisième trimestre. Pour cette année, les autorités avaient mis en place un programme spécial destiné aux écoliers des Grades 5 et 6 et intitulé « Winter School Programme ». Il s’est déroulé du 17 au 28 juillet derniers, à raison de trois fois par semaine, entre 12h30 et 15 heures, dans des établissements primaires désignés. Ce programme avait pour but d’aider les enfants ayant obtenu un « aggregate » de 5 ou 6 dans les matières principales, telles que les mathématiques, l’anglais, le français, les sciences et l’histoire/géographie, lors des examens du troisième trimestre de 2022. 

Selon Krishan Kurmoo, instituteur, les écoliers ont exprimé leur satisfaction par rapport à ce cours de rattrapage, qui s’est avéré très constructif en leur offrant l’occasion de s’exercer abondamment. « Ce programme a été un franc succès. Les enfants ont travaillé dur. Ils se sont sentis motivés et ils ont regagné confiance en eux-mêmes. » 

Les écoliers de ces grades ont d’importants examens qui les attendent dans les prochaines semaines : le Modular Assessment du Primary School Achievement Certificate ainsi que ceux de Grade 5 qui auront lieu les 28 et 29 août et le 26 septembre respectivement. Il est à noter que les élèves de Grade 6 ont déjà terminé leur syllabus au deuxième trimestre, mais la situation est différente pour ceux de Grade 5. 

« Ni les instituteurs, ni les enfants ne sont prêts à cause de la distribution tardive des manuels qui a eu lieu pendant la dernière semaine du deuxième trimestre. Cependant, en tant que professionnels, les instituteurs connaissent déjà le programme et ont poursuivi leur travail pour que les élèves ne prennent pas de retard », explique Krishan Kurmoo. 

Pour combler ce manque, les instituteurs utilisent des projecteurs et des outils informatiques. Ils ont fourni les notes nécessaires aux apprenants pour qu’ils puissent commencer leur révision. Malgré cela, Krishan Kurmoo souligne que la situation est délicate, car avoir son livre est essentiel. Il appelle à une distribution en temps voulu pour permettre aux élèves de terminer leur programme d’études dans les meilleures conditions. 

Dès ce lundi, la préparation des écoliers aux examens nationaux débutera. « Les enseignants ont déjà fait l’acquisition de plusieurs ‘past exam papers’ pour que les enfants puissent travailler tout en révisant », ajoute Krishan Kurmoo. Il appelle également les parents à soutenir leurs enfants dans leurs études et leurs révisions. 

Les questions orales jouent un rôle crucial, de même que les activités en classe pour motiver les enfants. « Parfois, ils se sentent submergés par leur travail et commencent à perdre confiance en eux, mais il faut trouver des moyens pour qu’ils retrouvent confiance. Les enseignants jouent également le rôle de psychologues », conclut-il.

Intelligence artificielle 

« L’impact de l’intelligence artificielle (IA) est omniprésent. Les élèves en sont conscients, mais parfois, ils ne l’utilisent pas à bon escient », déplore Arvind Bhojun. Il ajoute qu’en un simple clic, ils ont accès à toutes sortes de facilités. Selon lui, avec l’IA, les enseignants se retrouvent avec davantage de devoirs à corriger, car les élèves en rendent plus vu qu’ils ont recours à l’IA pour les réaliser. 

« Mais bien souvent, ils ne sont pas pleinement conscients du contenu des devoirs qu’ils soumettent. Une utilisation appropriée des outils technologiques pourrait pourtant grandement les aider dans leur apprentissage. Pour cela, il serait judicieux de restreindre l’accès à certains sites, favorisant ainsi leur progression », dit-il. 

Om Nath Varma, pédagogue et ancien directeur du Mauritius Institute of Education (MIE), souligne que de nombreux facteurs influencent le comportement des élèves. Cela ne se limite pas seulement à l’école, mais également à leur environnement familial, à leurs amis, aux médias et aux réseaux sociaux. Bien que la situation actuelle soit difficile à gérer, elle n’est pas insurmontable, selon lui. 

« Il est impératif de revoir le contrôle en mettant en place des stratégies impliquant les acteurs de l’éducation, les parents et la société. Un consensus entre tous les responsables est nécessaire pour identifier et résoudre les différents problèmes. Certaines écoles ont réussi en adoptant des stratégies précises », indique le pédagogue. 

Il insiste sur la nécessité pour les enseignants de se réinventer. Selon lui, cette formation continue est essentielle. « Ils doivent se documenter et s’adapter là où c’est nécessaire pour rester efficaces », ajoute l’ancien directeur du MIE. 

 

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