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Une vie sans tabac : témoignages d’ex-fumeurs 

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Depuis lundi, la cigarette coûte plus cher de Rs 5 à Rs 10. De quoi inciter les fumeurs à diminuer voire arrêter leur consommation de tabac ? En tout cas, il est possible d’arrêter de fumer. Des ex-fumeurs dévoilent comment ils s’y sont pris et ce qui a été, pour eux, le déclic. 

Il a 14-15 ans lorsqu’il touche à la cigarette pour la première fois. C’était en 1975. « Au début, c’était une cigarette à deux. Petit à petit, c’est devenu une cigarette par personne, puis deux... Très rapidement, je suis devenu dépendant », raconte Vinod Mohoboollah. « J’allais même jusqu’à fumer une boîte de cigarette par jour, surtout lorsque j’étais avec mes amis », se remémore-t-il. Aujourd’hui, à 62 ans, il est « clean ». 

Le chemin, toutefois, n’a été de tout repos. Son déclic ? Ses enfants, répond le Curepipien. Las de lui demander constamment d’arrêter de fumer, ils finissent par le mettre au défi. « Mes enfants détestaient ardemment mon habitude de fumer. Ils ont été ma motivation et mon déclic dans l’arrêt. »
Lorsqu’ils le mettent au défi d’arrêter de fumer, Vinod Mohoboollah accepte de le relever. « Et depuis, je n’ai plus touché à la cigarette. À ce jour, je tiens ma parole donnée à mes enfants. »

Après avoir arrêté de fumer, ma vie s’est améliorée. Je respire mieux, je dors mieux, je mange mieux, je vis mieux»

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Vinod Mohoboollah.

Cela fait 11 ans, raconte le sexagénaire, qu’il est en sevrage. Aujourd’hui, il est un homme heureux et libre de sa dépendance. D’ailleurs, il témoigne des nombreux bienfaits physiques qu’a entraîné l’arrêt de la cigarette. « Premièrement, ma santé est nettement meilleure ! Ma vie ne se construit plus autour de la cigarette. Je suis beaucoup plus soucieux de ma santé, de ce fait j’ai adopté une hygiène de vie saine en incluant des sessions de sport quotidiennes. »

Vinod Mohoboollah concède néanmoins que la décision d’arrêter de fumer doit être accompagnée par la volonté et un contrôle de soi. 

« Le premier pas est de franchir les barrières psychologiques que l’on s’impose », dit-il.

Delvyn, un ex-fumeur, abonde dans le même sens. « Le pouvoir de l’esprit compte », avance cet habitant de Rose-Hill âgé de 32 ans. Lui, relate que c’est à l’université qu’il a commencé à fumer. « Tout a commencé par un cigare partagé entre amis après l’université pour accompagner un verre. À cette époque, c’était seulement pour le plaisir », confie-t-il. 

Sauf qu’après un certain temps, les choses dégénèrent. Devenu dépendant de la cigarette, Delvyn en grillait jusqu’à dix par jour, « soit la moitié d’un paquet de cigarettes ». 

Toute forme de dépendance est en quelque sorte un appel à l’aide. Cela provient également d’un manque d’amour de soi»

Ce n’est qu’à la fin de l’année dernière que le jeune homme décide d’arrêter. Il a fumé sa dernière cigarette le 10 décembre 2022. Cela fait maintenant plus de 60 jours qu’il serre les dents, mais cela en vaut le coup, dit-il.  

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Delvyn, un ex-fumeur.

Son déclic ? Sa santé et le budget consacré à la cigarette. « Je me suis rendu compte que j’avais commencé à fumer davantage et qu’avec le montant que je dépensais, je pouvais facilement faire quelque chose de mieux », explique-t-il.

Et puis, ajoute Delvyn, « j’ai réalisé que j’étais égoïste, car la cigarette est une façon autodestructrice de vivre et de ne pas penser à ses proches. Mon père est aussi un ancien fumeur et il me disait toujours qu’il n’y avait rien à en tirer. Et maintenant que j’ai arrêté, je me rends compte de la véracité de ses paroles ». 

Un conseil pour arrêter ? « Il n’y a pas de formule magique. Lorsque j’ai commencé à penser à arrêter, c’était uniquement lié à l’argent mais ce n’était pas suffisant pour me faire arrêter. Quand j’ai enfin compris l’effet que la cigarette pourrait avoir sur ma santé à l’avenir, j’ai enfin réagi. »

Selon Delvyn, « toute forme de dépendance est en quelque sorte un appel à l’aide ». Plus encore, selon lui, « cela provient également d’un manque d’amour de soi ». 

Ma vie ne se construit plus autour de la cigarette. Je suis beaucoup plus soucieux de ma santé»

C’est pourquoi il conseille aux fumeurs d’arrêter avant qu’il ne soit trop tard. « Notre santé n’a pas de prix. Si nous aimons vraiment nos proches, cet amour devrait suffire pour que nous arrêtions de fumer », lance-t-il. 

Du reste, les bienfaits sont nombreux. « Après avoir arrêté de fumer, ma vie s’est améliorée. Je respire mieux, je dors mieux, je mange mieux, je vis mieux. » Il évoque également une « économie » en termes de temps. « Un simple calcul : 7 minutes par cigarette et 10 cigarettes par jour, c’est déjà avoir 70 minutes de plus par jour. J’ai beaucoup plus de temps pour moi et je remarque que je suis plus productif dans tout ce que je fais. »

Sa concentration, poursuit-il, est nettement meilleure. « Je ne vis plus en pensant à la cigarette que je fumerai après. Je suis plus calme en général. Je me sens plus fort mentalement et je sais que je peux faire encore plus dans la vie ». 

Ainsi, affirme Delvyn, « si vous voulez que votre vie s’améliore, même si ce n’est pas pour vos proches, mais seulement pour vous, arrêtez cette dépendance ».

Andy, 26 ans, ne dira certainement pas le contraire. Fumeur régulier depuis l’âge de 17 ans, il a arrêté en juillet 2021. Et depuis, « j’ai noté une amélioration en ce qui concerne la qualité de mon sommeil et ma santé mentale ». Sans compter, lance-t-il, que son porte-monnaie se porte nettement mieux !

C’est par curiosité, avance le jeune homme, qu’il a touché à sa première cigarette. « C’est vite devenu addictif, jusqu’à devenir une habitude. Je fumais quatre à sept cigarettes par jour », se souvient-il.

Dans son cas, c’est le coût des cigarettes qui l’a poussé, « sans qu’il s’en rende réellement compte » à arrêter de fumer. « J’y songeais depuis un bon moment. Il faut dire que ça coûte vachement cher de se tuer à coup de cigarettes. »

Il admet néanmoins que « des fois, il y a une petite envie qui est dans le coin ». Pour ne plus y penser, il a remplacé la cigarette par la nourriture et le sport. 

Quel conseil donnerait-il à ceux qui souhaiteraient lui emboîter le pas ? « Arrêter de fumer n’est pas simple pour tout le monde. Certains remplacent cela par un mécanisme. Pour d’autres, c’est comme une lettre à la poste. Il n’y a pas vraiment de conseil que je puisse donner, si ce n’est que ne pas trop y penser, c’est y penser tout le temps. Mieux vaut avoir une réflexion sur les raisons qui nous poussent à fumer et s’occuper de cela », répond-il.

Pour Emmanuel, 33 ans, le déclic s’est produit en 2020, durant le premier confinement. « Je ne voulais pas attendre deux heures pour m’acheter un ou deux paquets de cigarettes au supermarché durant le confinement. Il faut ajouter à cela quelques problèmes respiratoires. À vrai dire, mon corps semblait lancer des signaux depuis quelque temps déjà et qui se manifestaient en termes d’allergies le matin, la fatigue, des problèmes de peau et respiratoires et d’hygiène bucco-dentaire. Mon corps n’en pouvait plus », dit-il.  

Il a commencé à fumer au collège, à l’âge de 16 ans, « par plaisanterie au début, pour ensuite devenir un vrai fumeur durant [ses] années universitaires ». Au fil des années, sa consommation varie entre une moyenne de cinq cigarettes par jour en semaine à des heures spécifiques et un ou deux paquets durant le week-end. 

Aujourd’hui, à peu près deux ans après, quel bilan fait-il ? « Moins de fatigue, meilleure santé et plus d’énergie. Je suis refait ! » partage-t-il avec enthousiasme. 

« Avec le recul, je réalise que la cigarette n’en valait pas la peine, je n’en tirais aucun bénéfice. Une fois sensibilisé sur le fait que la cigarette n’apporte rien de positif, nous décrochons et nous en perdons l’habitude », assure le trentenaire.

Questions au…Dr Sneha Soogumbur, médecin généraliste : «Ce serait une mesure brusque de bannir la cigarette»

snehaEst-il possible d’arrêter de fumer du jour au lendemain ? Et est-ce dangereux ? 
Oui, absolument, c’est possible. Cela ne représente aucun danger pour la santé. Toutefois, arrêter du jour au lendemain la cigarette peut s’avérer un peu plus difficile pour la personne, surtout en termes de syndromes de sevrage.   

Quels sont les syndromes que peut ressentir une personne qui arrête de fumer du jour au lendemain ?
Plusieurs facteurs détermineront les symptômes du sevrage. Premièrement, si la personne est un grand fumeur ou non. En bref, il s’agira de l’envie de fumer due au manque de nicotine dans le corps. L’humeur et l’irritabilité de la personne seront affectées en termes de colère, fatigue, sans compter des maux de tête et des problèmes de concentration. Dans des cas extrêmes, cela peut aller jusqu’à l’insomnie, l’angoisse et la dépression. 

Après combien de temps d’arrêt les poumons se régénèrent-ils ? 
Ils se régénèrent assez rapidement dès le moment qu’on arrête de fumer. Au bout d’une à deux semaines, la personne constatera déjà les premiers effets de la régénération tels qu’une aisance à respirer avec moins d’essoufflement. Cependant, ce sera un processus qui s’étalera sur une période assez longue avant de retourner à la normale.   

Quelles sont les pratiques à adopter pour accélérer le processus ?
• Adopter une bonne hygiène de vie en pratiquant des activités physiques régulières.
• Opter pour un bon régime alimentaire avec des aliments riches en antioxydants, anti-inflammatoires tels que thé vert, vitamine C, agrumes et noix. À savoir qu’un fumeur accumule du mucus dans le corps et les cils bronchiques, qui font partie des mécanismes de défense du système respiratoire, sont détruits.

De ce fait, boire beaucoup d’eau aiderait à dégager le mucus dans le passage respiratoire et éliminer les toxines dans le corps.

Par ailleurs, pour les personnes ayant récemment arrêté de fumer, il est recommandé de tousser régulièrement pour éliminer le mucus.   

À partir de quand constate-t-on les bienfaits de l’arrêt du tabac et quelles sont les transformations du corps ?
La cigarette affecte l’intégralité de notre corps, que ce soit le cœur, les vaisseaux sanguins, le système immunitaire, les poumons. L’arrêt provoquera un changement au niveau de tous ces systèmes du corps. 

Dès les premières 20 minutes de l’arrêt, des changements positifs se manifestent dans le corps, surtout au niveau du rythme cardiaque et la tension artérielle. Ils se stabilisent.  

En sus, les poumons se régénèrent, la fatigue est réduite et la personne est plus apte à faire des exercices et est moins essoufflée. La toux diminue. 

Sur le long terme, la personne diminue les risques de contracter des maladies cardiovasculaires, d’accidents vasculaires cérébraux (AVC), de cancer du poumon ainsi que d’autres types de cancer. La fertilité s’améliore également tant chez la femme que chez l’homme. 

De nombreux ex-fumeurs avouent être souvent tentés par la cigarette, même après des années d’arrêt. Comment se défaire de cette pensée ? 
L’aspect moral devient primordial dans le processus d’arrêt. La volonté, la préparation et l’encadrement sont clés. Il faut se préparer à travers l’éducation sur la cigarette, notamment les effets positifs ainsi que le syndrome du sevrage après l’arrêt. 

Par ailleurs, il faut déjà prévoir qu’il y aura l’envie de fumer dans un coin de la tête. Ainsi, avoir un mécanisme d’encadrement comme une activité physique, le soutien moral de l’entourage, entre autres, permet de mieux tenir à la longue. Savoir dans quoi on s’engage aide à surmonter cette épreuve. 

Tandis qu’arrêter du jour au lendemain, sans savoir dans quoi on s’embarque, multiplie les possibilités d’échec.   

On recommande souvent des substituts nicotiniques pour arrêter de fumer, mais y a-t-il un risque d’en devenir dépendant ?
La possibilité est là, même minime. Cependant, il est à noter que les substituts nicotiniques ne sont pas associés avec les risques cardiovasculaires ou les complications de santé engendrés par la cigarette. Les produits chimiques sont moindres. C’est une option à considérer vers l’arrêt de la cigarette. 

Pensez-vous que les mesures prises par le gouvernement pour endiguer le tabagisme sont suffisantes ?
Bien sûr, les initiatives du gouvernement pour endiguer le tabagisme sont louables. Toutefois, nous ne pouvons pas dire qu’elles sont suffisantes. Il y a toujours beaucoup à faire, surtout au vu du nombre croissant de fumeurs, avec un constat particulier sur le rajeunissement de la population de fumeurs. Les jeunes doivent être les principales cibles de sensibilisation car ils sont plus susceptibles d’être les nouveaux fumeurs de la société.   

La Nouvelle-Zélande va progressivement bannir la cigarette. Peut-on adopter le même modèle à Maurice ?  
C’est envisageable sur le long terme. Mais pas dans l’immédiat. Selon moi, ce serait une mesure brusque de bannir la cigarette. La Nouvelle-Zélande a dû arriver à une étape où la population est déjà sensibilisée avec une réduction drastique du taux de tabagisme, au point où bannir la cigarette semble être la prochaine étape logique. À Maurice, nous n’en sommes pas encore là. 

Lutte anti-tabac : les mesures prises par le gouvernement 

Le début du combat du gouvernement contre le tabagisme remonte à 1999, avec l’interdiction des publicités pour les cigarettes. Maurice étant signataire de la convention-cadre pour la lutte anti-tabac (CCLAT), un comité sous l’égide du ministère de la Santé est mis sur pied pour établir un plan d’action. 

Depuis, plusieurs mesures législatives importantes ont été prises par le gouvernement afin de décourager la consommation de tabac. Celles-ci comprennent notamment l’interdiction de fumer dans les lieux publics qui remonte à 2009, de vendre des produits du tabac aux mineurs et par les mineurs, et de vendre des cigarettes au détail. 

Début 2023, de nouveaux règlements ont été apportés au Public Health Act. À partir du 31 mai, l’interdiction sur la vente et l’importation des cigarettes électroniques et les accessoires prendra effet. Ces nouvelles mesures, visant à renforcer les mesures de 2008, concerneront également le tabac à mâcher, le papier à rouler, les « Heated Tobacco Products », les accessoires qui camouflent l’emballage des boîtes de cigarettes et d’autres dispositifs ainsi que les substituts nicotiniques non prescrits par un médecin.

D’autre part, Maurice adoptera l’emballage neutre avec des images et avertissements sur les boîtes de cigarettes pour sensibiliser sur les dangers du tabagisme, conformément à la recommandation de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). 

Par ailleurs, la vente des cigarettes dans de nouveaux points de vente sera bientôt interdite aux alentours des écoles et des centres sportifs.

En chiffres

En 2021, la prévalence du tabagisme était de 18,1 % contre 19,3 % en 2015. Le taux par genre était 35,3 % chez les hommes et 3,7 % chez les femmes en 2021. 

Le plus fort taux de la consommation de la cigarette se situe dans la tranche d’âge des 25 à 34 ans (48 %), soit une baisse en comparaison à 2015 où le taux était de 50 %.

    Consommation annuelle par habitant

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     8 Smoking Cessation Clinics 

    Le ministère de la Santé a mis en place huit Smoking Cessation Clinics dans les hôpitaux régionaux et les centres de santé Yves Quentin Community Hospital à Rivière-Noire et Odette Leal à Beau-Bassin à l’intention de ceux qui veulent arrêter de fumer. Le programme a accueilli 1 898 patients au cours de l’année financière 2021-2022. Le nombre était de 1 828 pour l’année financière 2019-2020.

    Quelques applications pour arrêter de fumer

    • Kwit : l’application est disponible gratuitement sur iOS et Android. La version premium est payante.
    • Smokerstop : l’application est disponible gratuitement sur iOS.
    • Stop-tabac : application disponible gratuitement sur iOS et Android.
    • Smoke watchers : une application communautaire disponible gratuitement sur iOS et Android.
    • Quitnow! : disponible gratuitement sur iOS et Android. La version premium est payante. 

    Le livre

    Easy Way to Stop Smoking d’Allen Carr 

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    Vous voulez en finir avec la cigarette mais vous ne savez pas par où commencer ? On vous recommande une lecture qui vous aidera à mieux vous préparer ou encore à choisir la méthode qui vous convient le mieux pour le sevrage. Easy Way to Stop Smoking d’Allen Carr est considéré comme l’expert n°1 de l’assistance aux fumeurs, avec plus de 20 millions d’exemplaires vendus dans le monde. Tant et si bien qu’il dépasse même les ventes de tous les autres titres sur l’arrêt du tabac réunis. Ce livre, best-seller dans neuf pays européens, a permis à des millions de fumeurs d’arrêter de fumer facilement et avec plaisir grâce à l’approche simple et sans médicaments de Carr.  

     

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