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Vannerie - Sanjay Brambodary : un parcours tout tressé

Habile des mains et le cœur à l’ouvrage. Ces quelques mots traduisent l’amour de Sanjay Brambodary pour son métier de vannier. Bien qu’il souffre d’un handicap visuel, son parcours n’a été qu’ascendance dans l’ensemble avec les hauts et les bas habituels. Toutefois, son autre ambition est de faire du social dès que possible.

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Avant de s’initier à tresser les fibres, cet ancien habitant de Moka a exercé dans les années ‘80 une multitude de petits boulots, faute d’un emploi stable. Il a travaillé dans des plantations de la région. Sanjay Brambodary a également été distributeur de piksidou qu’il collectait à Mahébourg avant de les placer dans des tabagies. Il a aussi travaillé dans des ateliers de réparation de bicyclettes et de menuiserie. En raison de son handicap, il se heurtait à des refus pour un poste dans une usine, à l’époque où l’offre était croissante.

C’est ainsi qu’il s’est tourné vers le Centre Loïs Lagesse qu’il connaît bien puisqu’il y a été jusqu’à ses quinze ans. Il s’est dès lors instruit dans les métiers manuels. Vers l’âge de 20 ans, il s’est lancé dans la vannerie. Il a découvert la capacité de créer dans la matière végétale.

Au fil des années, il a perfectionné son savoir-faire et ses techniques. Il a par la suite décidé de se mettre à son compte. Cependant, une commande unique lui est tombée sur les bras et il a remis à plus tard son envie de prendre le large avec le centre des aveugles. Il a contribué à confectionner une mascotte pour un championnat sportif en 1993.

C’est donc l’année qui a suivi qu’il a lancé sa petite affaire dans un atelier loué non loin de chez lui, à Bambous. Sanjay Brambodary s’est ensuite marié. L’entrepreneur employait quelques personnes pour assurer les commandes reçues des sociétés de sous-traitance opérant dans l’hôtellerie et la construction de résidences.

« Mais au final, la location pour l’atelier pesait lourd. J’ai donc préféré travailler de chez moi, à l’ombre d’un arbre avec mes équipements et le matériel autour de moi. Quand la demande est conséquente, j’invite quelques collègues malvoyants à m’aider et on s’en sort bien », confie-t-il.

Au cours des années qui ont suivi, il s’est bâti une solide réputation. Voulant être en règle, il s’est fait enregistrer auprès des autorités et à l’ex-Small and Medium Enterprises Development Authority. Il a contracté un emprunt pour compléter sa maison et réaménager son atelier.

Pour ce qui est des matières premières, il se les procure sur le marché local. Auparavant, il faisait le déplacement chez les grossistes, mais il peut désormais compter sur l’aide de ses enfants. Outre les commandes pour des grands établissements, il travaille aussi pour les particuliers. « Certains viennent avec des croquis, des produits en céramique ou du métal et me demandent de les reproduire en rotin. Je peux également suggérer de nouveaux types de produits. C’est la nuit, avant de m’endormir, que je réfléchis à la manière de procéder pour la confection des commandes des particuliers », explique-t-il.

Il a aussi rejoint l’association Local Hands, une initiative du groupe Beachcomber qui regroupe des petits entrepreneurs qui excellent en artisanat. Il y trouve davantage de clients et les marges de profit sont bien plus supérieures. Son expertise a aussi été sollicitée à Rodrigues où il a animé des formations à ses pairs.

Pour l’instant, le vannier de Bambous doit toujours rembourser son prêt. « J’attends le jour où je ne devrai plus rien à la banque. Je pourrai alors ralentir mes activités et me consacrer davantage au social. J’ai toujours été animé par le devoir d’aider les autres. Je compte vraiment m’y consacrer », conclut-il.

 

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