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Victoire de Maurice aux Nations unies - SAJ : «La position britannique sera impossible à tenir» 

anerood SAJ lors de son discours devant la Cour internationale de Justice.

Sir Anerood Jugnauth affirme qu’il n’a jamais douté de l’issue de cette « mission sacrée », comme il l’avait déjà dit lui-même. Il insiste sur le fait que le Royaume-Uni doit respecter l’avis consultatif de la CIJ sur le dossier Chagos. 

Sir Anerood Jugnauth (SAJ) est un des architectes de la victoire mauricienne du mercredi 22 mai 2019 à l’Assemblée générale des Nations unies. À la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC), il a déclaré, le vendredi 24 mai 2019, qu’il n’a jamais douté de la reconnaissance officielle de la souveraineté de Maurice sur l’archipel des Chagos. 

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Pour SAJ, cette majorité écrasante des votes en faveur de Maurice n’est pas une surprise en soi, tout comme l’était, selon lui, l’avis consultatif de la Cour internationale de justice. « La position de la Grande-Bretagne sera intenable s’il la maintient », estime le ministre mentor qui espère que les Anglais « reviendront à de meilleurs sentiments ». Il insiste sur le fait que la Grande-Bretagne « doit respecter l’avis consultatif ». 

C’est sous la houlette de SAJ que Maurice a décidé d’emprunter le chemin de la Cour internationale de justice (CIJ) pour obtenir un avis consultatif sur le dossier Chagos. « Dès début 2015, la question chagossienne a été une priorité pour lui », avance Dev Beekharry, conseiller en communication du ministre mentor et ministre de la Défense. À l’époque, SAJ accède fraîchement au poste de Premier ministre après les élections générales de mi-décembre 2014. Considérant la cause chagossienne comme son dernier grand combat, SAJ parlera de « mission sacrée ». 

« La décision d’engager une procédure devant les Nations unies est la sienne », précise Dev Beekharry. Après des tentatives avortées par l’attitude de la Grande-Bretagne pour trouver une solution à l’amiable, le dossier est porté devant les Nations unies, dont l’organe judiciaire principal est la CIJ, qui se trouve à La Haye. 

Le 25 février 2019, la CIJ tranche en faveur de Maurice. Elle indique dans son avis consultatif que « le Royaume-Uni est tenu, dans les plus brefs délais, de mettre fin à son administration de l’archipel des Chagos » et que « tous les États-membres sont tenus de coopérer avec l’Organisation des Nations unies aux fins du parachèvement de la décolonisation de Maurice ». Le mercredi 22 mai 2019, le Sénégal, au nom du groupe des États africains, dépose une résolution à l’Assemblée générale des Nations unies pour entériner l’avis consultatif de la CIJ. Cette résolution est votée par une majorité de 116 pays contre six qui se prononcent contre.  

Dernier survivant de la conférence constitutionnelle de Lancaster House qui s’est tenue en 1965, SAJ avait fait de la cause chagossienne une question personnelle pour son dernier mandat de Premier ministre. Si durant ses précédents mandats en tant que chef du gouvernement, la priorité était ailleurs, c’était maintenant le moment opportun pour passer à une étape supérieure. Le 3 février 2018, SAJ fait sa plaidoirie devant la CIJ. Il relate les circonstances du détachement des Chagos du territoire mauricien et la « pression immense » subie par les Mauriciens lors de cette conférence. 

Il précise que le Premier ministre anglais d’alors, Harold Wilson, avait dit à sir Seewoosagur Ramgoolam que « le choix était entre obtenir l’indépendance de Maurice, mais sans les Chagos, ou ne pas l’obtenir et perdre quand même l’archipel ». SAJ souligne qu’à l’époque déjà, les représentants mauriciens s’étaient opposés au détachement des Chagos. 

Toujours devant les 14 juges de la CIJ, le ministre mentor dit que l’expulsion des Chagossiens est un crime contre l’humanité. « 1 500 personnes ont été déplacées. Certaines étaient installées depuis plusieurs générations. Cette éviction honteuse a causé une souffrance immense à une partie de la population mauricienne », relate SAJ. À sa sortie de la CIJ, il se dit confiant quant à l’issue du processus. 

Maurice passe à la prochaine étape 

Le gouvernement mauricien ne compte pas lâcher le Royaume-Uni. Après que la résolution sur la souveraineté de Maurice sur l’archipel des Chagos a été votée mercredi, Maurice remet en question la présence des Britanniques sur la Commission thonière de l’océan Indien. À travers cette résolution, les Nations unies reconnaissent officiellement que le Royaume-Uni n’est pas propriétaire des Chagos et qu’il doit rétrocéder le territoire à l’île Maurice. Ce faisant, le Royaume-Uni ne possède plus de territoire dans l’océan Indien. Dans la logique mauricienne, les Britanniques n’ont donc rien à faire au sein de cette commission. Maurice contestera également la présence des Britanniques dans toutes les autres instances internationales dans lesquelles elle siège grâce aux Chagos. 

Le Parti travailliste britannique reconnaîtra la résolution des Nations unies 

La pression sur le gouvernement britannique se fait déjà plus forte. Alors que la communauté internationale s’attend à ce qu’il décide de céder les Chagos à Maurice dans les plus brefs délais, l’opposition britannique a rejoint la partie. Jeremy Corbyn, leader de l’opposition, a, dans un post sur Facebook, affirmé que si le Parti travailliste britannique, dont il est un dirigeant, reprend le pouvoir aux prochaines élections générales, il respectera la résolution votée mercredi à majorité de 116 votes contre six lors de l’Assemblée générale des Nations unies. « I strongly support the UN General Assembly’s overwhelming vote to end this outrage by supporting Mauritius’ rightful claim of sovereignity », écrit-il. Il ajoute que le « Labour » « reconnaîtra cette décision historique des Nations unies et agira pour ramener les Chagossiens chez eux ».

 

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