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Vincent Montocchio: Moi en Images

Le directeur de Circus Advertising commente pour nous des images choisies de moments qui l’ont construit.

MORISYEN

J’aime mon pays par-dessus tout. Mon premier ami s’appelle Blue. Nous avons grandi ensemble à Moka. Son père, Prem, m’a appris à faire des cerfs-volants avec lakol lafarinn et des bambous de la cour. On pêchait le tilapia sous la rivière, on achetait des Kung Fu jaunes à la boutique Gentilly, on se baignait sous les jets d’eau du système d’irrigation dans les champs de cannes. On était bien. Je ne suis pas nostalgique, je suis simplement reconnaissant. Je traversais l’île en auto-stop et en bus, on me traitait de lera blan. j’aimais pas ça, mais je continuais quand même. Plus tard, à Paris, quand je disais que j’étais Mauricien, on me disait : « Mais non, tu n’es pas un vrai Mauricien, toi ! »

OCTAVE PASCAL

Le Collège du Saint-Esprit a marqué mon adolescence comme beaucoup de jeunes Mauriciens. J’y ai appris le sens de l’appartenance, les valeurs humaines, la fraternité. Un homme a marqué mon passage : Octave Pascal. Je me souviens encore d’Octave parlant du Grand Meaulnes avec tellement de passion qu’il en pleurait. C’était notre Robin Williams à nous. Il m’a transmis sa passion dévorante pour la vie, l’amour et l’amitié. Il m’a transmis l’envie d’avoir de grands rêves.

LA DESTINATION

Je voyage toujours avec mon Moleskine, quelques crayons de couleur, de l’aquarelle, de quoi couper et coller… Il est essentiel de se retrouver de temps en temps sans possibilité de faire « CTRL+Z ». Je programme peu les voyages, je laisse venir les moments, les rencontres. Dan Eldon, un jeune photoreporter mort tragiquement à 23 ans lors d’un reportage, disait : « The journey is the destination ». J’aime bien cette idée.

RÊVE D’ENFANT

Certains voulaient être pompiers... moi, je voulais être chanteur. À 10 ans, mon père m’emmena chez Gérard Cimiotti (pour les lecteurs de la génération Y, Gérard Cimiotti c’était le mec qui tenait le meilleur « orchestre » du pays, une sorte de star de l’époque), et lui dit : « Tu sais Gérard, je pense que Vincent a du potentiel en musique, parce que quand il chante avec un casque sur les oreilles, ben il ne “fausse” pas ! » Et deux semaines plus tard, je me retrouvais sur scène à chanter du Goldman… Et quand on goûte à cette sensation à 10 ans, on n’a pas envie d’arrêter !

RAYMOND ET MARIE-FRANCE

On parle souvent de Raymond Montocchio, le père photographe, celui qui a donné la fibre artistique à ses enfants et petits-enfants. Oui, c’est vrai, il avait un sacré talent. Mais Raymond a aimé Marie-France et Marie-France a donné naissance à Isabelle, Thierry et Vincent. Elle nous a donné la personnalité, le grain de folie, le caractère, le dépassement de soi, la force de puiser au fond de soi l’énergie pour aller plus loin et l’amour des autres.

MON PREMIER AMOUR

Alice a été la première agence dans laquelle j’ai travaillé à Paris, après mes études. C’était le rêve de tout étudiant que d’être embauché chez Alice, c’était L’AGENCE en vogue dans les années 90… J’ai commencé en tant qu’assistant de directeur artistique, j’étais fier. Au cœur de ma fierté, il y avait toujours la joie de voir un bout de mon pays se faire sa place dans une grande agence. Quand je croisais d’autres Mauriciens qui faisaient tout pour se fondre dans la masse, comme par exemple, essayer de masquer leur accent, ça me rendait fou. Je faisais l’inverse. Je ne manquais pas une occasion de parler de mon pays. Après quatre ans, alors au poste de directeur artistique, j’annonçais que je rentrais à Maurice. Je n’oublierai jamais la condescendance de certains collègues: « Qu’est-ce que tu vas foutre à Maurice ? Faire de la pub pour le vendeur de noix de coco du coin ? »
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