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Violences à La Citadelle le 21 octobre : le profil des suspects et leur affiliation avec des groupes étudiés

Raeez Salauroo et Yul Ruhomutally font partie de la liste des « Ring Leaders » identifiés par les enquêteurs.

De quelle organisation appartiennent les fauteurs de troubles qui ont semé la pagaille le soir du 21 octobre 2023 à La Citadelle, lors du Konser Gran Solider ? Après une semaine d’enquête, la MCIT les soupçonne d’être actifs au sein de différents groupes connus pour leurs méthodes extrêmes. 

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La thèse selon laquelle les incidents survenus à La Citadelle ont été planifiés et préparés à l’avance est fortement privilégiée par les Casernes centrales. Avec l’arrestation des 20 suspects, la Major Crime Investigation Team (MCIT) s’apprête à aborder un second volet de l’enquête dès cette semaine : étudier le profil des suspects mais aussi et surtout leur affiliation avec des groupes. 

Les enquêteurs sont déjà en possession d’éléments accablants contre certains fauteurs de troubles qui prouvent qu’ils ont échangé des communications avant les incidents du 21 octobre. Les Casernes centrales les soupçonnent d’être actifs au sein de différents groupes, connus pour leurs méthodes extrêmes mais qui aujourd’hui font front commun pour défendre la cause palestinienne. 

Les experts de l’IT Unit du Central Criminal Investigation Department devront retracer et récupérer des appels ainsi que des textos échangés entre les protagonistes. Cela devrait leur permettre de remonter jusqu’au commanditaire ou jusqu’aux commanditaires de ces actes de violence. 

L’autre tâche des enquêteurs consiste à faire un « profiling » des suspects arrêtés. Ils ont déjà commencé par faire celui de Whalid Delbar, un des présumés instigateurs de l’attaque qui est provisoirement accusé de « giving instruction to commit a crime ». 

Son entourage et ses antécédents personnels sont passés à la loupe. La MCIT cherche à savoir si cet habitant de Stanley de 34 ans a exécuté des ordres venant d’une tierce personne pour inciter la foule des partisans propalestiniens à interrompre violemment le concert organisé par le groupe Attitude. 

Figure connue de Rose-Hill car il exerce comme « marsan konfi » dans le centre-ville, il serait engagé dans des activités sociales, selon des habitants de Stanley. Les enquêteurs approfondissent leurs investigations pour établir si Whalid Delbar a des liens avec un activiste radical qui a, dans le passé, déjà été inquiété pour un délit en vertu de la Prevention of Terrorism Act 2002. 

Alors que le profiling de chacun des suspects se poursuit, la MCIT s’attelle à faire le lien entre Whalid Delbar et d’autres présumés fauteurs de troubles venant eux aussi de faubourgs de Rose-Hill, de Port-Louis et de Terre-Rouge, entre autres. Des 20 suspects arrêtés, la police a déjà dressé la liste des « Ring Leaders » : Shehzad Seeroo, Yul Ruhomutally et Raeez Salauroo. 

Arrêté vendredi dernier, Shehzad Seeroo avait, dans un premier temps, prétendu jouer le rôle de médiateur pour prévenir les organisateurs des risques de dérapages. Mais la MCIT a recueilli des preuves, en fin de semaine, indiquant qu’il a été de mèche avec les fauteurs de troubles pour semer le désordre. 

Certains des suspects, issus principalement des faubourgs de Rose-Hill, sont considérés comme étant proches du Front Solidarité Mauricienne (ex-Hizbullah) de Cehl Meeah. Yul Rohomutally, l’homme de 61 ans qui a été arrêté jeudi dernier, est connu comme un des bras droits du leader du FSM. En 2014, le sexagénaire a brigué les suffrages sous les couleurs de ce parti dans la circonscription n° 19 (Stanley/Rose-Hill) où il avait récolté 550 voix. 

Quant à Raeez Salauroo, également issu de Stanley, il n’est pas inconnu des services de police. En 2006, cet informaticien et deux complices avaient été arrêtés à bord d’une voiture qui contenait tout un arsenal composé de menottes, de gaz lacrymogène, de walkies-talkies et de plaques d’immatriculation. 

Cette enquête-là avait permis d’élucider le braquage perpétré en 2005 dans une bijouterie de Port-Louis et où Rs 785 000 avaient été emportées. L’homme avait fait l’objet d’une accusation provisoire de « larceny made by more than two individuals ». 

Le leader du Front Solidarité Mauricienne, Cehl Meeah, avait aussi été arrêté dans cette affaire. Il avait été provisoirement accusé de complot. Mais en 2012, le bureau du Directeur des poursuites publiques avait stoppé toute poursuite contre lui.

La démonstration de force ordonnée sur place 

Les enquêteurs estiment que les instigateurs de l’attaque ont donné l’ordre de débarquer au Gran Konser Solider du 21 octobre quelques minutes après l’arrivée de sympathisants et d’organisateurs d’une marche propalestinienne à La Citadelle. Une réunion, organisée par le groupe Mauritius Muslim Awakening dans le cadre d’une manifestation pacifique propalestinienne, venait de prendre fin ce soir-là au Champ de Mars. 

C’est alors qu’ils étaient en route pour le sommet de La Citadelle que certains des individus présents ont lancé qu’il fallait mettre fin au Gran Konser Solider de manière violente et brutale. Initialement, les sympathisants et membres du groupe MMA concernés voulaient installer des banderoles dans le cadre de la marche propalestinienne prévue le lendemain, laquelle devait démarrer à La Citadelle pour se terminer au Square Khadafi de Plaine-Verte.

Ce n’est qu’une fois au sommet de La Citadelle que les présumés cerveaux instigateurs se seraient mis à affirmer que le concert comporterait des propos antipalestiniens, notamment dans la chanson « One-Day », dont l’auteur Matisyahu est un Américano-Juïf pro-israélien. C’est ce qui aurait déclenché la démonstration de violence dans l’enceinte de Fort Adélaïde. 

 

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