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Winnie Hollandais : vouloir c’est pouvoir

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Winnie Hollandais

Il suffit de vouloir les choses pour les atteindre, même si la réalité est plus tenace que nos idéaux… Issue d’une famille pauvre, Winnie Hollandais a eu la chance de reprendre ses études après avoir donné vie. Aujourd’hui, en tant qu’enseignante, elle redonne à la société ce qu’elle a acquis, et ce par bienveillance.

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S’il y a des détails qui nous échappent au quotidien, les expériences de la vie marquent à tout jamais notre personnalité, soutient Winnie Hollandais. Aujourd’hui, elle est enseignante de profession et se dévoue quotidiennement à encadrer les élèves de l’école primaire du Morne. Cela avec d’autres enseignants qui veulent vraiment faire une différence dans la vie de ces jeunes de la côte Ouest.

En effectuant ce métier, Winnie affirme que c’est une façon pour elle de redonner cette solidarité qui lui a permis de réussir dans la vie. « Je suis issue de Case-Noyale. Mon père était pêcheur et ma mère était femme au foyer. Nous étions sept enfants. On vivait dans un logement squatté. J’étudiais à la lueur d’une bougie. Une fois, je me suis endormie et une partie de mon matelas et la moitié de mon livre ont pris feu. C’était un éternel recommencement. Je savais que, pour sortir de cette précarité, je devais étudier et faire des sacrifices. J’ai réussi mon CPE et j’ai pu intégrer le collège Lorette de Quatre-Bornes, » raconte Winnie Hollandais.

Je savais que, pour sortir de cette précarité, je devais étudier et faire des sacrifices.»

Et de dire qu’elle a eu la chance d’avoir été prise en charge par un couple à Quatre-Bornes pour qu’elle puisse se rendre à l’école. « On m’avait invitée à une fête au Domaine Les Pailles en faveur des enfants démunis et j’avais fait un appel à la radio. Et j’ai eu de la chance, ce couple m’a offert l’hospitalité pour que je puisse me rendre au LCQB. Et le week-end, je revenais voir mes parents à Case-Noyale, » confie Winnie.

C’est à l’ombre d’un multipliant, sur un banc, que Winnie nou raconte son histoire. : « Il n’y a pas vraiment d’échecs, mais des essais dans la vie. Pour chaque problème, il y a une solution. Et souvent, on baisse les bras trop vite. J’ai eu de la chance parce que j’ai toujours été positive malgré les aléas de la vie. »

C’est la patience et la persévérance qui ont permis à Winnie de surmonter sa situation précaire et sa grossesse précoce. Aujourd’hui, son fils a 11 ans et il fréquente le collège du St-Esprit. « Après le HSC, j’ai fait plusieurs demandes pour trouver de l’emploi. Souvent, j’ai été victime de discrimination, car j’habitais la côte Ouest. Je travaillais dans un magasin à Case-Noyale pour un salaire de Rs 10 000 qui me permettait de nourrir mon fils. Et après trois ans d’attente, j’ai été prise comme enseignante. Aujourd’hui, je peux accorder un meilleur avenir à mes enfants. Et cela ne serait pas possible si je n’avais pas fait de sacrifices, » explique Winnie.

Après avoir passé par toutes ces étapes, Winnie a refait sa vie. En couple avec Clovis Radegonde, elle est l’heureuse mère de deux enfants, Wayne et Wayatt.

La clé pour s’en sortir c’est l’éducation

« Il y a cette perception que l’enfant démuni qui habite Case-Noyale ou les régions de la côte Ouest est voué à l’échec. Il faut changer cette mentalité. L’éducation est gratuite et il faut que les parents en profitent pour envoyer leurs enfants à l’école, » affirme Winnie. L’enseignante dira aussi que s’il y a des parents qui encouragent leurs enfants, ils ne sont que 4 ou 5. Tandis que d’autres baissent les bras et leurs enfants ne font pas l’effort pour apprendre. « Un changement de mentalité est important. Les parents n’ont pas confiance en eux et souvent, cela démotive leurs enfants. Ces derniers préfèrent flâner et prennent pour acquis leur précarité. Alors que non, il est possible de s’en sortir avec un meilleur avenir, » dit Winnie.

Pour ce faire, il faut que les travailleurs sociaux et les jeunes volontaires se dévouent à accompagner et encadrer les parents et les enfants en effectuant un travail de terrain. Et les prévenir des ravages des fléaux existants dans cette partie de l’île. Une des mesures serait, selon elle, de proposer des loisirs aux habitants du village, surtout aux jeunes qui se laissent emporter par la drogue synthétique.

À cœur ouvert

« J’avais 17 ans et ma grossesse était comme une enclume qui m’est tombée sur la tête, m’annonçant ainsi la fin du monde. J’avais peur d’annoncer cette nouvelle à mes parents. Et qu’adviendra-t-il de ma scolarité et comment faire face aux regards des autres ? » Au fond d’elle, Winnie Hollandais devait assumer son choix : garder son bébé et continuer ses études. Elle prend son courage à deux mains et avoue sa grossesse à ses parents, qui ne cachent pas leur déception, surtout par rapport à sa scolarité.  Mais, la chance lui sourit lorsque la direction de son établissement secondaire lui accorde une année sabbatique pour donner naissance à son enfant en 2006. Winnie est placée au Foyer de Belle-Terre avec son fils qu’elle prénomme Wayne. « Grâce à l’encouragement et l’encadrement de Sœur Damien, j’ai pu surmonter cette étape. Être avec des filles qui étaient dans la même situation que moi m’a permis de grandir. On se soutenait et j’étais devenue leur confidente. Avant je ne m’intéressais qu’à ma petite personne. J’ai découvert l’instinct maternel. Et c’est ce qui m’a aidée à aller de l’avant et à avoir confiance en moi pour être indépendante, » dit-elle. Après un an, elle reprend l’école pour finir ses études et elle obtient son HSC. « J’étais comme une mère qui allait au travail. Le matin, je préparais mon fils pour la garderie et ensuite, je me rendais au collège. Je suivais les cours et consacrais également un peu de temps à la librairie pour faire mes notes et mes révisions. L’après-midi, je rentrais pour m’occuper de mon fils, » raconte Winnie Hollandais. Et d’ajouter sans la foi en Dieu, elle ne s’en serait jamais sortie. De même que le soutien de ses parents, de ses copines de classe et surtout de sa sœur aînée.

 

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