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Bissoon Mungroo : «Des politiciens déboursent entre Rs 5 000 et Rs 10 000 pour financer les kanwars»

La mort tragique de six pèlerins lors des célébrations de la fête Maha Shivratri relance une fois de plus un débat épineux : faut-il accorder plus d’importance aux campagnes de sensibilisation sur les dangers auxquels les pèlerins sont exposés ? Doit-on envisager une législation spécifique sur ce sujet ?

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Des recommandations ont été émises concernant les mesures de précaution à prendre pour le pèlerinage du Maha Shivratri. C’est ce que soulignent les autorités ainsi que les forces de l’ordre au lendemain du décès de six pèlerins dont le kanwar a pris feu en convergeant vers Grand-Bassin. Cependant, des interrogations subsistent quant à l’efficacité de la campagne de sensibilisation menée auprès des

articipants à ce rassemblement religieux annuel. Cette campagne aurait-elle été suffisamment exhaustive pour informer les pèlerins des risques potentiels et les mesures de sécurité à prendre ? Les autorités devront examiner attentivement cet aspect afin d’éviter de tels drames à l’avenir et de garantir la sécurité de tous les participants lors de ce pèlerinage important.  

Bissoon Mungroo, figure proche des milieux socioculturels et ayant longtemps été en lien avec l’ancien Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, affirme que les campagnes de sensibilisation concernant les mesures de précaution à prendre ont été effectivement diffusées dans les différents temples et associations hindous à travers le pays en prévision du pèlerinage. Selon lui, si les responsables religieux ont pleinement assumé leur rôle concernant la sensibilisation, le problème réside dans les pratiques des politiciens  qui « ont tendance à financer généreusement les différents groupes de pèlerins de diverses localités pour la construction de kanwars ». 

« Ce sont les politiciens que je blâme en premier. À chaque Maha Shivratri, des politiciens sont disposés à débourser entre Rs 5 000 et Rs 10 000 pour financer les kanwars des pèlerins. En ajoutant cette somme à leur budget initial, plusieurs pèlerins se retrouvent ainsi capables de construire des kanwars plus imposants », rapporte Bissoon Mungroo. Cette situation crée  ainsi un dilemme, car « d’une part, les politiciens cherchent à soutenir la communauté religieuse en finançant ces projets, mais d’autre part, cela peut contribuer à des pratiques dangereuses, comme la construction de kanwars trop lourds ou mal conçus, augmentant ainsi les risques d’accidents pendant le pèlerinage ».

Sanction

Au-delà de ces constats, Bissoon Mungroo estime que « la responsabilité principale incombe au gouvernement en place pour prendre les mesures nécessaires afin de sanctionner légalement tous les pèlerins qui mettent leur vie et celle des autres en danger ». Cependant, il admet que cette tâche est « complexe », car « aucun parti politique n’aura le courage de légiférer dans ce sens en raison de l’importance électorale que représente le groupe des pèlerins ».

L’observateur politique et historien Jocelyn Chan Low estime également que les informations concernant les mesures de précaution ont été largement diffusées, et que les acteurs socioculturels ont mis l’accent sur la sécurité lors du pèlerinage. Cependant, il souligne que « ces mesures restent des recommandations et des lignes directrices, sans être appuyées par des lois spécifiques », en raison de la complexité de la situation.

« À Maurice, la religion joue un rôle très important, et les autorités ont tendance à adopter une approche flexible en ce qui concerne les questions religieuses afin de ne pas froisser les sensibilités », affirme-t-il. Néanmoins, pour Jocelyn Chan Low, « il est important de noter l’existence de lois déjà en vigueur qui pourraient être appliquées dans ces situations ». Par exemple, il cite « les lois contre la manipulation des câbles à haute tension, assorties de pénalités et de peines de prison pour ceux qui les enfreignent. Ces lois pourraient être mobilisées pour dissuader les comportements dangereux pendant le pèlerinage et garantir la sécurité de tous les participants ». 

 

 

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