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[Blog] L’éducation inclusive, interreligieuse et interculturelle : un antidote aux extrêmes

«Je fais partie de ceux qui sont persuadés que, sur notre belle île, il y a une grande majorité, trop silencieuse, qui veux d’un véritable vivre-ensemble et d’une nation inclusive. Il y a, malheureusement, une petite minorité d’agitateurs extrémistes bruyants. Il y a quelques années, j’ai été leur cible – ici, chez nous.

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Mon crime : moi-même et ma société de communication soutenions une plateforme d’ONG qui militait pour un Children’s Act à Maurice – énorme anomalie de notre système légale qui faisait que nos enfants n’étaient pas protégés légalement de manière optimale. Cette loi visait à mieux protéger nos petits et jeunes contres des abus et des violences, sous plusieurs formes. 

De façon générale, j’évite les projecteurs, mais même en restant discrète, certains savaient que j’aidais ce collectif. Après une énième conférence de presse – pendant laquelle j’étais restée dans l’ombre – au sujet du Children’s Act, j’ai reçu un message anonyme, d’une violence extrême, me disant d’arrêter de me mêler de choses qui ne me regardait pas. On me prévenait, de façon très graphique et précise, que si je continuais à soutenir le collectif, le sang de mes filles coulerait. 

Cela a été le premier de beaucoup de messages barbares, avec des menaces directes contre mes enfants et moi. Ils ont aussi essayé de faire couler mon entreprise. Un message qu’un ami m’a fait suivre racontait l’histoire surréaliste de cette femme dangereuse qui se servait de sa société comme arme contre une religion, et qu’il fallait stopper tous ses contrats ! 

J’ai parlé des menaces à des amis policiers, des amis avocats... Ils m’ont conseillée et soutenue. Un avocat m’a dit de me retirer de toutes les instances liées à ce projet de loi. Mes filles m’ont dit qu’elles me désavoueraient si je laissais tomber. Je suis restée. Avec des précautions supplémentaires. Avec de la peur supplémentaire aussi. 

Après quatre mois, les horribles menaces se sont tues. Des années plus tard, un couple a été arrêté.

Je suis passée à autre chose. Malgré la peur. Sans laisser tomber mes convictions profondes. Et sans que ma société ne coule. J’ai tenu le coup grâce à la solidarité de beaucoup. Et grâce au bracelet donnée par mes filles sur lequel était gravé « Fearless ». 

Ce qui se passe dans le monde en ce moment et cet épisode de ma vie me font réaliser l’importance cruciale de la vraie éducation à l’inclusivité, à l’inter-religion et à l’interculturel. Loin des discours et de la géopolitique, cela est, pour moi, le meilleur moyen de combattre les extrêmes. La culture d’origine, y compris dans ce qu’elle a de visible et d’invisible, nous accompagne tous quelque part. Et la multiplication des médias se charge d’entretenir, de consolider et quelques fois de dénaturer des identités – et des préjugés – culturels et religieux là où elles se trouvent.  

Mais plus il y aura d’éducation à l’interculturalité, à l’inter-religion, et à la véritable notion d’inclusion, plus il y aura des voix prônant l’acceptation s’élevant de manière réfléchie contre l’extrémisme. Si un programme d’éducation est fait systémiquement et sérieusement, peut-être bien qu’un jour un papa extrémiste pourrait avoir fort à faire avec un enfant à qui les valeurs d’une société inclusive ont été inculquées. Ou peut-être pas, mais cela ne vaut-il pas la peine d’essayer ?

Cette forme d’éducation n’existe pratiquement pas ici, même s’il existe quelques initiatives louables telles que la licence en Inter-Religion de l’université de Maurice, le projet SigneNatir de Business Mauritius, qui prône l’inclusivité, ou certaines formations de l’Institut Cardinal Jean Margéot sur la diversité. Mais tous cela reste tiède et franchement pas assez. 

Finalement, l’éducation à la véritable inclusivité, à l’interculturalité et à l’inter-religion n’existe quasiment pas. Ni dans notre système éducatif. Ni dans nos familles. Encore moins dans nos entreprises.

Et pourtant, dans ce combat contre l’ignorance et la démagogie, nous, dirigeants d’entreprise, pourrions jouer un rôle déterminant et qui profiterait à tous et tout, incluant la profitabilité… Combien d’idées, d’opportunités, d’innovations laissons-nous dehors avec des équipes presque exclusivement masculines, ou presque exclusivement composée d’une seule couleur, ethnie ou religion ? En tant que dirigeants d’entreprises, agissons là où nous pouvons le faire. 

D’après les indicateurs de la Banque mondiale, en 2022 il y avait 618 531 Mauriciens, sur une population de 1 299 469, qui travaillaient. Quasiment près de la moitié de la population qui pourrait suivre, dans le milieu du travail, un programme éducatif solide sur l’interculturalité, l’inter-religieux et l’inclusivité. En commençant par les équipes de leadership, parce que l’exemple doit venir d’en haut. 

Peut-être que la grande majorité du workforce mauricien rejettera le message d’inclusivité et de diversité parce que les préjugés ont la peau dure. Ou pas ? Peut-être que la prochaine génération de Mauriciens, grâce à cette forme d’éducation en milieu professionnel, fera face à moins de préjugés que nous ? Ou pas ? 

We won’t know until we try it. 

Marina Ythier Jacobsz,
Managing Director de Maluti Communications

 

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