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Dilemme de l’enseignement supérieur : tendance croissante des études à l’étranger malgré le programme d’université gratuite 

Malgré l’introduction en 2019 du programme gouvernemental offrant un accès gratuit à l’enseignement supérieur dans les universités publiques, un nombre croissant de Mauriciens préfèrent opter pour des études à l’étranger. Analyse de cette tendance. 

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En 2022, le nombre d’étudiants optant pour l’enseignement supérieur à distance a augmenté de manière significative. Le dernier rapport de la Higher Education Commission (HEC) révèle un total de 19 752 candidats ayant opté pour les études à l’étranger, ce qui représente une hausse de 17,3 % par rapport à l’année précédente où ce chiffre était de 16 830. Le rapport souligne également que malgré l’introduction du Free Higher Education Scheme par le gouvernement mauricien en 2019, 48 % des jeunes mauriciens, soit un sur deux, ont choisi de ne pas s’inscrire dans les institutions publiques. 

Les chiffres de la HEC soulèvent des interrogations à divers niveaux, remettant en question l’efficacité du programme gouvernemental offrant un accès gratuit à l’enseignement supérieur pour ceux souhaitant entreprendre des études pour décrocher un diplôme ou une licence dans une institution publique. Présentée comme une mesure-phare du gouvernement, qui vante une éducation gratuite du pré-primaire aux premières années universitaires, cette analyse de la HEC remet en question l’efficacité globale de cette politique. 

Doit-on s’inquiéter de l’efficacité de ce programme d’université gratuite ? Dinesh Hurreeram, directeur de l’université de Technologie de Maurice (UTM), préfère relativiser. Contacté par téléphone, il souligne que l’enseignement supérieur offre de nombreuses options aux étudiants, dans un secteur dynamique marqué par une saine compétition entre institutions publiques et privées, garantissant ainsi une diversité de choix. 

Selon lui, l’essentiel est que les programmes académiques proposés par ces établissements bénéficient d’une reconnaissance mondiale. Il note que des universités publiques, telles que l’UTM et l’université de Maurice, ont récemment fait leur entrée dans des classements internationaux, contrairement à bon nombre d’universités privées. 

« Les universités publiques à Maurice n’ont rien à envier aux universités privées, car les programmes qui y sont dispensés sont reconnus mondialement et offrent de belles opportunités d’emploi aux étudiants. En 2024, la question de l’adéquation entre les compétences des diplômés et les besoins du marché du travail ne se pose plus en ce qui concerne la qualité des programmes universitaires », fait-il part. 

Interrogé sur la raison pour laquelle les universités privées semblent prendre le dessus sur les universités publiques, Dhinesh Hurreeram avance une explication en soulignant l’ambition déclarée du gouvernement de faire de Maurice un pôle d’éducation. Il met en avant le nombre croissant d’universités privées établies à Maurice, en particulier celles ayant des affiliations avec des institutions réputées à travers le monde, comme un témoignage du succès de cette initiative. Le pédagogue et responsable du dossier Éducation pour le Parti travailliste, Mahen Gungapersad, prend également du recul pour commenter cette tendance. Il souligne que depuis l’enfance, de nombreux parents nourrissent le rêve de permettre à leurs enfants d’étudier à l’étranger, car cela leur offre une exposition à une culture différente et la possibilité de s’épanouir différemment. « J’ai moi-même fait le choix d’envoyer mes deux fils étudier à l’étranger sans pour autant diminuer le statut des universités publiques », déclare-t-il.

 

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