Interview

Jeenarain Soobagrah, ex-président du MTC : «La politique ne doit pas se mêler au monde hippique»

Jeenarain Soobagrah évoque les responsabilités des diverses entités qui veillent au bon déroulement des courses à Maurice. Pour lui, les agissements de certains ne « font pas honneur » à l’image du monde hippique.

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Est-ce le MTC qui a pris la décision de sanctionner les jockeys du Catamaran Party ?
Tout à fait ! Contrairement à ce que de nombreuses personnes pensent, ce n’est pas la Gambling Regulatory Authority (GRA) qui a donné des directives au MTC pour qu’il sanctionne ces jockeys (NdlR : Raymond Danielson et Brandon Lerena suspendus pour 3 mois). Le club a agi de son propre chef. Je dois faire ressortir que les courses hippiques existent toujours à Maurice, car le MTC assume pleinement son rôle d’organisateur. Les trois commissaires britanniques ont fait les éloges de l’équipe administrative du club.

Les commissaires bri-tanniques font aussi mention de « corruption institutionnalisée » au sein du MTC…
Il faut savoir que nous avions demandé une Judicial Review du rapport officiel et nous l’avons obtenu en Cour suprême. Quelque part, je suis aussi d’accord avec les commissaires britanniques. Cependant, ils auraient dû faire appel aux personnes concernées pour établir les faits. Or, ils ne l’ont pas fait et le rapport publié ne tient pas la route. Idem pour le rapport intérimaire, qui cite des noms, mais ne vient pas de l’avant avec des arguments solides et concrets.

Selon vous, faut-il y avoir une enquête plus approfondie ?
Évidemment. C’est ce qu’ont réclamé les Britanniques. Je dois faire ressortir que j’ai lu le rapport intérimaire dans le  bureau d’un officiel du Bureau du Premier ministre, il y a plus de deux ans. 

Le MTC a-t-il pris les mesures qui s’imposent ?
Nous avons pris des mesures contre un propriétaire de chevaux. Il faut différencier les responsabilités du MTC de celles de la GRA et de la police des Jeux. Ces deux institutions n’ont rien fait pour assainir les courses à Maurice. Le MTC existe depuis plus de 200 ans et continue d’assurer l’organisation des courses. La politique ne devrait pas se mêler des affaires du MTC et des courses, car les deux ne font pas bon ménage. À titre d’exemple, au sein même du bureau du Premier ministre, il existe deux courants. L’un est pour un bookmaker, alors que l’autre soutient un ancien bookmaker. Cela ne fait pas honneur à l’image des courses hippiques.

Le MTC n’a-t-il rien à se reprocher, selon vous ?
Pour être franc, le problème au MTC demeure le vote par procuration ( proxy). Je lance un appel au nouveau Board du club pour qu’il présente une nouvelle motion concernant le proxy vote. Je ne dis pas qu’il faut l’éliminer, mais il serait souhaitable qu’un seul proxy soit accordé à un membre. Il ne faut pas oublier non plus qu’il existe des clans au sein du Board. Cela à cause des pressions externes, notamment du gouvernement, des bookmakers et des entraîneurs. Certains administrateurs du Board ont oublié qu’ils sont là pour défendre les intérêts des courses à Maurice.

Le rapport parle aussi de « prima facie evidence » contre des personnes qui continuent leur manœuvres illégales au Champ-de-Mars…
La partie du rapport, à laquelle vous faites allusion, a été rejetée par la Cour suprême. Comme vous le savez, la corruption existe autour du Champ-de-Mars. Au niveau du MTC, nous prenons des sanctions concernant le déroulement d’une course en infligeant une amende ou une suspension, selon les règles en vigueur. Toutefois, la Mauritius Revenue Authority et la GRA ont leur rôle à jouer, surtout au niveau du betting.

 

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