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Majorité et opposition en zone de turbulences

La campagne électorale semble bel et bien lancée, selon divers observateurs politiques, qui s’attendent à ce que la tenue des élections générales soit annoncée à partir du mois d’août. Toutefois, que ce soit au sein du gouvernement ou de l’opposition parlementaire, diverses difficultés remontent à la surface.

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Deux camps, deux ambiances. Alors que des dissensions se font sentir au sein de l’alliance gouvernementale, l’opposition, elle, selon de nombreux observateurs, semble être très peu active sur le terrain politique. En cette année électorale, la situation est pour le moins confuse.
En effet, le début de l’année 2024 n’a pas été de tout repos pour le Mouvement socialiste militant (MSM) et ses alliés. Après la révocation surprise du ministre Vikram Hurdoyal, suivie de sa démission comme député de la circonscription n° 10 (Montagne-Blanche/GRSE), les frictions entre le Chief Executive Officer (CEO) d’Air Mauritius Holdings et deux membres éminents du gouvernement ajoutent à une atmosphère sous tension. Sans compter les désaccords entre le leader du Muvman Liberater (ML), Ivan Collendavelloo, et le tandem Alan Ganoo - Steven Obeegadoo. 

La récente démission de Ken Arian du conseil d’administration d’Air Mauritius, ainsi que la relation conflictuelle qu’il entretiendrait avec deux ministres de premier plan, ne peuvent être minimisées, car elles ont fortement perturbé certains conseillers et membres du gouvernement. Certains soutiens de Ken Arian soulignent que de tels désaccords sont préjudiciables en cette année électorale. D’autres, a contrario, estiment que les services de Ken Arian seront négligeables pour le MSM dans ce contexte. 

Le différend persiste

Bien que la situation ait semblé se calmer après une rencontre entre Ken Arian et le Premier ministre, le différend persiste avec les deux ministres. La nomination de Charles Cartier à la tête d’Air Mauritius est d’ailleurs perçue comme un signal fort contre Ken Arian, illustrant l’autorité exercée par l’un des ministres impliqués sur une institution qui ne relève pas de sa tutelle. Un conseiller proche du gouvernement exprime des inquiétudes quant à l’impact, potentiellement lourd, de ce conflit sur le parti, s’il n’est pas résolu avant les élections générales. 

Pour l’observateur et historien Jocelyn Chan Low, le cas Ken Arian met en évidence le fait que Maurice est déjà en pleine campagne électorale. « Une campagne électorale est souvent marquée par des soubresauts internes, avec des luttes pour les investitures et des conflits au sein de l’entourage du Premier ministre », explique-t-il. Selon lui, certains conseillers chercheraient à accroître leur visibilité et leur influence pendant cette période, ce qui peut conduire à des tensions et à des rivalités au sein du parti au pouvoir.

Un autre sujet qui attire de plus en plus l’attention au sein du gouvernement est la tension croissante autour de la création d’une plateforme visant à rassembler les anciens membres du Mouvement militant mauricien (MMM). Initialement évoquée en 2014 lors de la proclamation des résultats des élections générales par Ivan Collendavelloo, cette idée semble avoir été réquisitionnée, dix ans plus tard, par le No 2 du gouvernement actuel, Steven Obeegadoo. Ce projet, qui devait se concrétiser de manière collégiale par Ivan Collendavelloo, Steven Obeegadoo et Alan Ganoo, semble de plus en plus écarter le premier nommé. 

La réunion présidée samedi dernier par la députée Tania Diolle a clairement démontré que Steven Obeegadoo et Alan Ganoo ne semblent pas disposés à attendre Ivan Collendavelloo, qui devra dès lors mettre son ego de côté, s’il souhaite participer à ce projet. Mais on en est encore loin. Surtout si l’on se fie à la déclaration d’Ivan Collendavelloo, jeudi dernier, selon laquelle Steven Obeegadoo ne détient pas la clé de ce projet, témoignant clairement de l’hostilité ambiante. 

D’un autre côté, la complicité apparente entre les ministres Renganaden Padayachy, Kailesh Jagutpal et le protégé d’Alan Ganoo, Parwez Nunoo, dans la circonscription n° 13 (Rivière-des-Anguilles), est perçue comme un soutien du MSM au protégé d’Alan Ganoo. Ce qui ne manque pas de déplaire au ML, qui s’oppose à la présence de Parwez Nunoo dans cette circonscription. 

« Depuis la révocation de son leader en tant que no 2 du gouvernement en 2020, à la suite de l’affaire St-Louis, le ML semble de plus en plus incarner le statut de maillon faible, se retrouvant constamment dans une position délicate », fait ressortir un proche du gouvernement. 

Cependant, au sein de l’opposition non plus, l’entente ne serait pas parfaite. D’ailleurs, certains estiment qu’il ne s’agit plus que d’une question de temps avant que certaines tensions ne refassent surface. Plusieurs observateurs politiques s’accordent à dire que l’Alliance Parti travailliste (PTr)-MMM-Parti mauricien social démocrate (PMSD) a intentionnellement évité toutes les questions concernant la composition qu’ils prévoient de présenter en cas de victoire aux prochaines élections générales. De même, la liste des candidats et le choix des circonscriptions ont été soigneusement évités. 

Dissensions inévitables

Cependant, le statu quo ne pourra perdurer encore longtemps. « L’opposition va très prochainement devoir lever le voile sur tout cela. À Maurice, le succès d’une alliance se trouve dans des détails tels que qui sera le No 2 du gouvernement, la répartition des tickets et les choix des circonscriptions. Lorsque le sujet sera abordé, il y aura inévitablement des dissensions », fait ressortir Jocelyn Chan Low. 

Une autre problématique majeure qui affecte l’opposition est son incapacité à se manifester sur le terrain, contrairement au gouvernement. Selon Jocelyn Chan Low, l’opposition parlementaire pâtit d’un réel déficit de visibilité, se limitant essentiellement à des conférences de presse et à des activités politiques. Cette inactivité apparente contraste, selon certains observateurs, avec l’énergie et la détermination perçues chez le gouvernement, malgré les obstacles rencontrés, comme la gestion chaotique du cyclone Belal en début d’année : « Ainsi, l’image d’un gouvernement et d’un Premier ministre investis dans leur travail est renforcée, même face aux difficultés. »

Il est cependant prévu que l’opposition parlementaire se manifeste davantage à partir de la semaine prochaine. Le retour au pays du leader de l’opposition Xavier-Luc Duval, ainsi que la cérémonie de dépôt de gerbes au Port-Louis Waterfront pour commémorer la mémoire de sir Seewoosagur Ramgoolam dans le cadre des célébrations de la Fête nationale, le 12 mars, seront suivis de plusieurs autres activités. Ces événements précéderont la date importante du 1er-Mai, quand l’alliance rouge-mauve-bleue a l’intention de rassembler ses partisans.

 

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