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Malgré la saturation : des centaines de jeunes en attente de rejoindre la profession légale

Quelque 1 800 jeunes étudient le droit selon les chiffres de Statistics Mauritius.

Avec 736 avocats en exercice actuellement, la profession est déjà saturée. Pourtant, plus de 1 800 jeunes, selon les chiffres de Statistics Mauritius, étudient le Droit en ce moment. Une majorité de ces étudiants aspirent à porter un jour la robe d’avocat.

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Chaque jour, Kevin (nom d’emprunt) prend le bus de Mahébourg pour se rendre à Port-Louis avec pour but de décrocher une belle affaire. Mais, les juteux dossiers se font attendre. Après six ans de pratique, il en est encore à représenter des gens impliqués dans des querelles de voisinage et à régler des conflits mineurs liés à l’assurance et autres. « Je ne m’attendais pas du tout à ça. Je me voyais travailler sur de gros dossiers, à être dans la lumière, gagner bien ma vie, mais j’en suis très loin », confie-t-il.

Selon Me Yousuf Mohamed, un des ténors incontestés du barreau mauricien avec 56 ans d’expérience au compteur, le jeune Kevin est très loin d’être seul dans ce cas. « La profession est déjà saturée. Il y a beaucoup trop d’avocats par rapport à la population », note-t-il.

Selon les données officielles, plus de 1 000 personnes ont prêté serment, mais 736 avocats pratiquent actuellement. Malgré ce chiffre impressionnant pour un pays comme Maurice, plus de 1 800 jeunes suivent la filière du Droit. Tout le monde ne deviendra bien entendu pas avocat. Plusieurs ne prêteront d’ailleurs jamais serment alors que d’autres resteront à l’étranger où ils étudient le Droit. Quoi qu’il en soit, des centaines d’entre eux embrasseront le métier d’avocat dans les cinq années à venir pour exercer localement.

Triés sur le volet

Pour ces jeunes, trouver du travail n’est pas chose aisée. Certains n’ont d’autre choix que de travailler pour des prunes et de se rendre de Flacq à Port-Louis pour une affaire qui ne leur rapportera que Rs 2 000, par exemple.

Au niveau des études des grands avocats, l’on trie sur le volet avant d’embaucher un jeune. « Beaucoup d’avocats n’ont pas de travail. Nous, les Senior Counsels, casons autant de jeunes que possible dans nos chambers, mais on n’a plus de place », révèle Me Mohamed. Un de ses collègues confirme.

« On n’embauche que rarement et si on le fait, il faut que ce soit vraiment la perle rare. Puis, ce ne sera que très rarement quelqu’un avec peu d’expérience », confie ce dernier, un des avocats les plus médiatisés du moment.

Mais que dit-on au niveau de la Mauritius Bar Association ? « Le secteur est surchargé », reconnaît Me Tawheen Choomka, secrétaire de cette instance. « Je pense cependant qu’il y a encore de la place, mais dans des domaines comme l’offshore ou les banques. Certains peuvent aussi enseigner le Droit à l’université. Mais, pour se faire une place au soleil, il faut être persévérant car la compétition est féroce. Beaucoup de jeunes avocats prennent cinq ou six ans avant de pouvoir vraiment démarrer. »

Étrangement, alors que l’offre est plus élevée que la demande, ce sont souvent les mêmes que l’on retrouve dans les cours de justice. L’expérience et la réputation y jouent évidemment pour beaucoup. « Les anciens ne souffrent pas de cette saturation », concède Me Yousuf Mohamed.

Le nombre d’étudiants en Droit démontre clairement que le métier d’avocat fascine toujours autant et qu’il est associé à un prestige et un standing. Et se frayer une place reste possible, mais il faut savoir jouer des coudes et démontrer son talent. « Je connais des jeunes qui ont pu, au fil des ans, se faire un nom sur la place », dit la secrétaire de la Mauritius Bar Association. « There’s always room on top », reconnaît également Me Mohamed.

Le Senior Counsel lie le phénomène de surnombre à la création de la Faculté de Droit à l’Université de Maurice. Depuis que le Droit est enseigné localement, il y a eu littéralement une explosion dans le nombre d’étudiants. D’ailleurs, pas moins de 692 personnes étaient inscrites en Droit à l’Université de Maurice et 50 autres à l’Open University of Mauritius, selon les derniers chiffres compilés par Statistics Mauritius, publiés fin septembre. De plus, 592 autres étudiaient dans cette filière dans une institution privée à Maurice alors que 522 Mauriciens étaient dans des écoles de Droit à l’étranger.

 

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