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Mois de sensibilisation cancer : un millier de décès par an

Mois de sensibilisation cancer Le centre de cancérologie de l’hôpital Victoria, à Candos, est très fréquenté.

Le mois d’octobre est consacré à la sensibilisation au cancer. À Maurice, cette maladie est la troisième principale cause de mortalité, affichant un taux de 13,3 % du nombre total de 9 496 de décès enregistrés en 2015. Et de 2008 à 2015, en moyenne 1 000 décès liés au cancer ont été notés.

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Nouveaux cas de cancer en 2014

Type de cancer Homme Femme Total
Lèvres, cavité orale, pharynx 65 29 94
Organes digestifs 251 193 444
Système respiratoire 135 39 174
Os, joints et cartilage articulaire 11 9 20
Hémopathies malignes 119 74 193
Peau 96 60 156
Sein 17 491 508
Organes génitaux féminin - 233 233
Organes génitaux masculin 133 - 133
Voies urinaires 52 29 81
Œil et système nerveux central 31 21 52
Glandes endoctrines 10 20 30
Tissus conjonctifs, sous-cutanées et douces 20 13 33
Autres 128 108 236
Total 1068 1319 2387
     

Année après année, le nombre de nouveaux cas de cancer ne cesse d’augmenter. Le Dr Farouk Bholah, responsable du département d’endo­scopie et de gastroentérologie de l’hôpital SSRN à Pamplemousses, parle d’une hausse exponentielle, comme c’est le cas dans les pays développés. Ainsi, en 2014, 2 387 nouveaux cas ont été enregistrés par le National Cancer Register, soit 1 068 hommes et 1 319 femmes. Alors qu’en 2009, ce nombre était de 1 400, selon le National Health Report de 2015.

Nombre de décès par an

2003 925
2004 936
2005 889
2006 914
2007 936
2008 1049
2009 1085
2010 1033
2011 1022
2012 1159
2013 1233
2014 1186
2015 1263
 

Parmi tous les types de cancer recensés, cinq se démarquent et sont considérés comme les plus communs. Sur les 1 068 cas répertoriés chez les hommes, 12,2 % concernent le cancer colorectal, 10,5 % celui de la prostate et 9,4 % celui du poumon. En ce qui concerne les cancers les plus communs chez les femmes, sur les 1 319 cas enregistrés en 2014, c’est le cancer du sein qui arrive en tête avec un taux de 37,2 %, suivi du cancer colorectal avec 8,7 % et du cancer du col de l’utérus avec 7,5 %.

En 2014, 2 387 nouveaux cas de cancer avaient été notés, contre 1 400 en 2009, selon le National Health Report de 2015. Si le nombre de cas n’a cessé d’augmenter, il en est de même pour les décès.

Cause de décès

Sur un total de 9 496 décès enregistrés en 2015, 13,3 % étaient liés au cancer. Cette année-là, la maladie s’est positionnée comme la troisième principale cause de mortalité à Maurice. À Rodrigues, le cancer était responsable de 14,3 % des décès notés durant la même année. Les autres maladies non transmissibles qui sont les principales causes de mortalité sont les suivantes : maladies cardiovasculaires (19,9 %) et diabète (24,1 %).

Par ailleurs, parmi les 1 263 décès liés aux tumeurs, les types de cancer les plus communs étaient ceux de la trachée, des bronches et du poumon avec 13 % ; celui du sein chez la femme avec 14 % ; ainsi que ceux du colon avec 8 %, de la prostate avec 5,1 % et de l’estomac avec 7 %.

Selon le rapport, 3,4 % des mortalités étaient dues à la leucémie. Les chiffres du National Health Report 2015 indiquent aussi que le cancer et les tumeurs figuraient parmi les principales raisons des admissions pour la même année, avec un total de 7 585, soit 2 802 hommes et 4 783 femmes. Ce qui représente 4,4 % du nombre total d’hospitalisations.

La prévention est possible

Trois types de cancer peuvent être prévenus ou traités rapidement grâce à un dépistage précoce. Il s’agit de ceux du col de l’utérus, du sein et du colon. Le Dr Bholah estime que cela peut faire une différence dans le traitement en cas de résultat positif. Dans le cas du cancer du colon, des dépistages réguliers se font dans les pays développés à partir de l’âge de 50 ans. À Maurice, l’âge de 40 ans est préconisé, mais il est difficile de le faire de manière systématique, car le pays ne dispose pas de suffisamment de moyens.

Pour l’heure, le dépistage se fait de manière ciblée chez les personnes à risque ou présentant des symptômes semblables à ceux d’un cancer. Il existe aussi une méthode intermédiaire impliquant l’examen des selles pour rechercher des traces de sang invisibles à l’œil nu. Pour le Dr Bholah, idéalement, tout le monde devrait être soumis à un dépistage, car il est difficile sans cela de savoir qui a un cancer ou pas. En général, ce mal ne montre pas de signes flagrants « Si on attend les premiers symptômes, on a peut-être déjà perdu trop de temps », déplore notre intervenant.

Fruits et légumes à la rescousse

Nutritionnistes et médecins ne cessent de le répéter : une alimentation saine et équilibrée peut aider à prévenir beaucoup de nos maux. Selon le Dr Bholah, nombreux sont les aliments qui peuvent contribuer à nous protéger du cancer, surtout ceux contenant des acides foliques et les antioxydants (qu’on peut trouver dans les fruits et légumes contenant beaucoup de fibres).

Le Dr Bholah affirme que la margoze, les brèdes mourom, le curcuma (safran ; NdlR.), le corossol, la grenadine, etc. ont des effets positifs indéniables pour lutter contre le cancer. Pour lui, avoir régulièrement tous ces aliments dans son assiette aurait des effets bénéfiques. Il ajoute que la pratique d’une activité physique régulière peut aussi prévenir de nombreuses maladies. En outre, la cigarette et la consommation excessive d’alcool sont à proscrire.

Octobre, le mois rose

Selvina Mooneesawmy

Le mois d’octobre est connu comme le mois rose. Diverses campagnes de sensibilisation sont menées durant ce mois afin que le public prenne davantage conscience de l’importance de se faire dépister et de prévenir, dans bien des cas, une ablation du sein, par exemple, et les traumatismes qui y sont souvent liés.

Une femme sur huit aura le cancer du sein, affirme Shamima Patel Teeluck, présidente de Breast Cancer Care. Alors qu’elle était une sur 11 en 2012. C’est pour cette raison qu’elle insiste beaucoup sur le dépistage précoce, car on peut guérir du cancer du sein dans plus de 90 % des cas, à condition qu’il soit détecté tôt (stage 1).

Selvina Mooneesawmy, responsable de Link to Life, abonde dans le même sens, en expliquant que les femmes et même les hommes ne devraient pas avoir peur de se regarder dans le miroir afin de détecter toute anomalie au niveau du sein. Parmi les signes et les symptômes à observer : grosseur ; texture (peau d’orange) ; écoulement au niveau des tétons (sang, eau ou pus) ; ou encore des rougeurs. Selvina Mooneesawmy ajoute que Link to Life conscientise également les femmes sur l’importance du dépistage du cancer du col de l’utérus et les hommes sur celui de la prostate.

Shamima Patel Teeluck

Shamima Patel Teeluck rappelle que Breast Cancer Care a lancé une application expliquant aux femmes comment, en toute intimité, procéder au test de dépistage et vers qui se tourner pour avoir des soins et des conseils. L’application Palpapps est disponible et téléchargeable gratuite­ment sur Google Store.

Elle affirme aussi que, de nos jours, entre 1 700 et 1 800 nouveaux cas de cancer, tous types confondus, sont enregistrés tous les ans. De ce nombre, 48 % concernent le cancer du sein. Maurice est aussi le premier pays africain sur 31 où ce type de cancer est le plus répandu. Elle espère une plus grande conscientisation à Maurice et un accompagnement psychologique afin de permettre à ceux qui souffrent de cette maladie de garder la tête hors de l’eau.

L’alimentation, un facteur de risque

Le cancer colorectal est le type de cancer le plus commun chez les hommes et le deuxième en termes de prévalence chez les femmes, selon le National Cancer Register. Le Dr Farouk Bholah explique que 325 nouveaux cas de cancer liés au système digestif ont été enregistrés l’an dernier, soit 172 femmes et 153 hommes. Il affirme que cette forme de la maladie est en hausse. Cette situation serait liée à divers facteurs, comme c’est le cas pour les autres cancers.

« Dans 3 % à 4 % des cas, les personnes développent un cancer en raison du facteur génétique. Pour un autre groupe, c’est dans la famille, mais cela ne veut pas dire que tous les membres l’auront automatiquement. Il y a simplement un risque plus élevé de 20 % à 25 %, ce qui signifie qu’ils ont une prédisposition au cancer », explique-t-il. Néanmoins, la plus grande proportion de personnes (environ 75 %) ont un cancer en raison de facteurs environ­nementaux.

Parmi, on retrouve les facteurs déclencheurs comme le tabac, l’excès d’alcool et l’obésité (car la graisse a un effet cancérigène - NdlR). L’alimentation est aussi un facteur de risque pour certains types de cancer, car notre façon de manger et de boire a changé avec le temps, souligne le Dr Bholah. « Nous consommons beaucoup de fast-food (qui contient beaucoup de graisse), de viande rouge qui présente un plus grand risque de cancer », indique-t-il, avant de préciser : « Mais, pour cela, il faudrait en consommer en grande quantité. »

Principales causes de décès en 2015

  Homme Femme Total
Diabète 1189 1096 2285
Maladies cardiaques 1037 854 1891
Cancers et tumeurs 636 627 1263
Maladies du système respiratoire 525 347 872
Maladies cérébraux-vasculaires 456 357 813
TOTAL 3843 3281 7124
     

De plus, il fait ressortir que la charcuterie (saucisses, jambon etc.) serait liée à l’augmentation du nombre de cas de cancer du système digestif, car il s’agit là de viande précuite contenant beaucoup de sel, de nitrates et d’éléments de conservation. Le spécialiste ajoute que la viande cuite à une température trop élevée développe un composant qui peut être cancéri­gène.

Parmi les autres facteurs de risque du cancer, il y a les produits chimiques que l’on ingère souvent sans se rendre compte mais qui, à la longue, peuvent avoir des effets néfastes. Il peut s’agir de pesticides, par exemple, utilisés dans la production de légumes. Pour le Dr Bholah, même si ceux-ci sont bien lavés, des résidus demeurent. Cela pourrait, selon lui, expliquer la hausse du nombre de cas de cancer.  Les substances nocives ont, sans doute, été ingurgitées, durant plusieurs années et les effets ne se font sentir que maintenant. Il recommande ainsi la consommation de fruits et de légumes bio. « Cela pourrait être un moyen de prévenir le cancer », dit-il.

Le Dr Farouk Bholah souligne que le cancer n’a pas augmenté subitement à Maurice, mais que cela s’est fait de manière progressive et exponentielle. « L’exposition aux facteurs de risque peut remonter à 25 ou 30 ans de cela.  Nous mangeons mal et avons un mode de vie sédentaire. C’est après que les signes commencent à se manifester », conclut-il.

 

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