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Monde du travail : pour une fonction publique plus moderne

Radhakrishna Sadien et Rashid Imrith Radhakrishna Sadien, président de la GSEA, et Rashid Imrith, président de la FSFP.

Aux yeux des observateurs, la fonction publique a connu d’énormes progrès.  Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour offrir un meilleur service à la population.

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Les services publics ont énormément contribué à l’amélioration des conditions de vie des Mauriciens et au progrès économique du pays. C'est du moins ce qu'affirme Radhakrishna Sadien, président de la Government Services Employees Association (GSEA).  Toutefois, lui et Rashid Imrith, président de la Fédération des Syndicats de la Fonction Publique (FSFP), s'accordent à dire qu'il y a encore beaucoup de chemin à faire.

Le président de la GSEA cite plusieurs services gratuits qui sont offerts à la population comme la santé, l’éducation, la pension de vieillesse ou encore les allocations sociales. « Contrairement au secteur privé dont l’objectif principal est de faire des profits, les services gouvernementaux ont toujours eu à cœur le bien-être de la population », dit-il. Le président du syndicat fait ressortir que le prix des services payants du gouvernement et des corps paraétatiques est nettement plus favorable que ceux offerts par le secteur privé. Par exemple, dit-il, les timbres postaux, dont les prix ont connu une flambée depuis que les services postaux ont été privatisés. C'est pour celà qu'il appréhende une hausse vertigineuse du tarif de l’eau avec une éventuelle privatisation de la Central Water Authority.

Le dirigeant syndical parle du travail colossal abattu par les fonctionnaires  pour faire aboutir les projets lancés par le gouvernement, notamment la construction des routes et autres travaux d’infrastructures d’envergure.  Il  cite aussi le traitement rapide des dossiers pour faciliter les investissements privés. «  Dans bien des cas, le travail des fonctionnaires n’est pas visible aux yeux du public, mais il est d’une importance capitale pour l’avancement du pays » fait-il comprendre.

Toutefois, pour Radhakrishna Sadien, tout n’est pas rose dans la Fonction publique. « Certes, au fil des années, il y a eu de l'amélioration, mais  il reste encore beaucoup à faire pour offrir le meilleur service possible à la population », dit-il. Il donne pour exemple le cas des formations. «  Bien que le PRB a recommandé 40 heures de formation pour les petits fonctionnaires et que le gouvernement a prévu des millions de roupies à cet effet, plus de 50% de cette somme n’a pas été utilisée en 2017 », s’insurge-t-il. Pour lui, c'est regrettable que certains hauts fonctionnaires ne reconnaissent pas l’importance de la formation. « Un meilleur service passe par la formation, même pour le plus petit fonctionnaire », dit-il. Il a sollicité une rencontre avec le ministre de la Fonction publique, Eddy Boissezon, pour soulever la question de la formation.

Personnes compétentes

Le leader syndical  trouve aussi qu'il faut qu'il y ait du changement du côté de la Public Service Commission (PSC). « Il faut s’assurer que le conseil d’administration de cet organisme soit composé de personnes compétentes  et qui ne se laissent pas manipuler par des politiciens ou d’autres personnes », poursuit-il.  Il souhaite également que ce conseil soit composé d’un psychologue et d’un représentant des travailleurs, entre autres.  Concernant la nomination  de son président, il demande que les dirigeants syndicaux de la fonction publique soient également consultés. Et l’entretien des candidats devrait être enregistré pour plus de transparence et pour s’assurer que les meilleurs candidats sont retenus, fait-il ressortir.

Rashid Imrith, lui, reconnait qu’en 50 ans d’indépendance, la fonction publique mauricienne a connu beaucoup de progrès. Il  cite, entre autres, l’introduction du Pay Research Bureau (PRB)  pour revoir le service, les salaires des fonctionnaires et les acquis tels que les « vacation leave » et le « travelling ».
Toutefois, il trouve que c'est dommage que la machinerie des relations industrielles dans ce secteur  ne fonctionne plus, tant au niveau des ministères que dans les corps paraétatiques. L’un de ses principaux griefs concerne la négociation collective qui presqu'inexistante et cela, bien que le gouvernement ait ratifié la convention sur la négociation collective. Il aurait souhaité qu’il y ait de véritables négociations entre les syndicats de la fonction publique et les représentants du PRB lors de la préparation du nouveau rapport salarial.

Rashid Imrith regrette également que, suivant l’introduction de l’Employment Rights Act, le Central Whitley Council et le Departmental Whitley Council ont été abolis. «  À ce jour, il n’y a aucune structure formelle où les fonctionnaires, à travers leurs représentants syndicaux, peuvent déposer leurs doléances. »
Pour améliorer davantage le service dans la fonction publique, le président du syndicat appelle non seulement à un changement au niveau du « mindset » mais aussi de « heartset » dans la fonction publique. Il souhaite notamment qu’il y ait plus de rencontres entre les syndicats et les hauts représentants de la fonction publique mais aussi avec le ministre de tutelle pour tenter d'améliorer le service dans ce secteur essentiel pour les Mauriciens.


Yousoof  Jahangeer : «Un Plan d’action sur la santé et la sécurité»

Il y a eu d’énormes progrès dans la fonction publique bien que des problèmes subsistent toujours, notamment au niveau de la santé et la sécurité. Tel est l'avis de Yousoof Jahangeer, ancien fonctionnaire et aujourd’hui consultant en Occupational Health & Safety. Selon lui, il faut mettre en place un Plan d’action étalé sur une année pour améliorer le secteur public.

Il se dit satisfait que des mesures aient été prises pour que le l’Occupational Health & Safety Act de 2005 couvre la fonction publique car l’Occupational Safety Health & Welfare Act de 1988 ne le faisait pas. Toutefois, il regrette qu’aucune action légale ne puisse être prise contre la fonction publique pour entorse à cette législation. Il estime qu'à cause de celà, les responsables des départements et des ministères ont l’impression que la santé et la sécurité ne sont pas aussi importants. Or, dit-il, il y a plusieurs secteurs à risque dans la fonction publique, comme les laboratoires « Forensic », les hôpitaux, la police, les pompiers ou encore le secteur agricole.

 

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