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Post-Brexit: ces secteurs qui risquent d’être affectés

Plusieurs secteurs font affaire avec le Royaume-Uni. Son retrait de l’Union européenne ne sera donc pas sans conséquence sur leurs activités. Gros plan sur les appréhensions et les attentes des opérateurs économiques.

Tourisme: inquiétude sur la livre sterling et confiance sur la fréquentation

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"19679","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-33968","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"Touriste"}}]] Les opérateurs touristiques sont partagés entre inquiétude et confiance. Comme l’explique Brice Lunot, directeur de Lux* Grand-Gaube, cela a mal commencé, dès vendredi matin, avec la baisse du taux de la livre sterling. « Je pense néanmoins que c’est passager et que cela s’arrangera avec le temps. Mais c’est sûr que ce n’est pas un signe positif pour le moment. Toutefois, cela ne changera rien au fait que les Britanniques ont besoin de voyager et qu’ils aiment venir à Maurice », explique Brice Lunot. De son côté, Bissoon Mungroo, président de l’Association des hôtels de charme, estime qu’il faut attendre pour connaître les impacts sur Maurice et sur le secteur touristique. Il se montre lui aussi préoccupé par le cours de la livre sterling, mais également par celui de l’euro. « Il faut surveiller les cours de ces devises, car beaucoup de nos recettes touristiques sont en livres sterling ou en euros. En ce qui concerne la fréquentation, nous avons déjà vendu des nuités jusqu’en avril 2017. S’il y aura un changement en termes de fréquentation, je ne crois pas qu’elle sera importante. Espérons seulement que cela n’impactera pas sur notre haute saison », indique Bissoon Mungroo. Pour rappel, en 2015, 129 796 touristes britanniques ont visité Maurice.
 

Textile: la révision des accords bilatéraux préconisée

Le président de la Mauritius Export Association, Yogesh Singh, est d’avis que la chute conséquente de la valeur de la livre sterling aura un impact négatif sur les entreprises mauriciennes qui font du commerce en livres sterling. « Les exportations vers la Grande-Bretagne se situent à environ Rs 11 milliards chaque année, dont les exportations non-sucre qui s’élèvent à Rs 9 milliards. » Il indique également que l’Angleterre est le plus grand marché des exportations mauriciennes, représentant 12 % des exportations totales. Yogesh Singh estime que dans un futur proche, Maurice devra négocier de nouveaux accords bilatéraux pour garantir notre accès duty free dans le marché britannique. « Il faut que le ministère des Affaires étrangères revoie ses accords dans les plus brefs délais », recommande-t-il.
 

Industrie sucrière: ouvrir le dialogue pour des ententes commerciales

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"19680","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-33969","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"Secteur Sucre"}}]] Dans l’immédiat, le Brexit n’aura pas un impact direct sur les exportations de sucre d’environ 50 000 tonnes, représentant environ Rs 1,9 milliard. « Du moment que la Grande-Bretagne est dans l’Union européenne, il était tenu de respecter les accès hors taxe. Cependant, sur le marché britannique, il existe une taxe sur le sucre qui est de 419 livres sterling par tonne. Il y a, certes, une période moratoire durant laquelle les autorités britanniques doivent respecter les engagements pris au niveau de l’Europe », explique Devesh Dukhira, Chief Executive Officer du Syndicat des sucres. Il estime, cependant, que le marché anglais demeure aussi intéressant qu’important dans la mesure où il est déficitaire en sucre. Il est producteur en sucre à partir de la betterave, mais ne fabrique que la moitié de sa consommation. Il reste donc un marché considérable. « Maurice doit renégocier des accords avec la Grande-Bretagne. Ensemble avec le gouvernement, nous devrons ouvrir le dialogue pour trouver des ententes commerciales sur le dossier sucre au cours de la période de transition », confie Devesh Dukhira. Si, pour l’instant, la chute de la valeur du livre sterling ne pose pas de problème – car les livraisons actuelles ont déjà été commercialisées à des prix précédents –, il est, en revanche, certain que les importateurs chercheront de meilleurs tarifs pour de prochaines cargaisons.
 

Seafood: « Pas de panique pour l’instant »

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"19681","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-33970","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"Pecheur"}}]] Que ce soit pour les artisans, les coopératives ou encore les opérateurs industriels, la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne (UE) ne représente pas de menace, pour l’heure, pour le secteur du seafood. Selon Bahim Taher,  directeur de Hassen Taher Seafoods, le marché britannique représente 5 % de nos exportations de fruits de mer et de poissons. « Il faut maintenant attendre les marches à suivre de l’UE. Il y a une possibilité qu’il continue avec les mêmes facilités d’affaires ou qu’il mette fin à ces facilités », avoue-t-il. Lilowtee Rajmun, directrice de la Mauritius Export Association, est, elle, d’avis que les exportations ne baisseront pas pour l’instant. « Nous avons encore deux ans pour maintenir les accords avec l’UE. Donc, pas de panique pour les opérateurs pour l’instant », affirme-t-elle.
 

La BoM augmente sa réserve d’or et de dollars

Ayant prévue une forte tendance des pro-Brexit, la Banque de Maurice (BoM) a enclenché des mesures pour protéger les réserves de change officielles du pays. Elle a ainsi augmenté la proportion d’or et de dollars américains dans les réserves, tout en réduisant simultanément les risques de change liés à ses positions de change en livre sterling. C’est ce qu’elle indique dans un communiqué émis le vendredi 24 juin. La BoM est aussi en communication avec plusieurs autres banques centrales, afin d’être au courant des mesures compensatoires prises pour minimiser les risques d’une instabilité du marché financier. En cas de nécessité, la BoM se dit prête à prendre des mesures appropriées pour protéger les intérêts économiques de Maurice en toute circonstance. « à ce stade, il est difficile de faire une analyse sur l’étendue et la durée des incertitudes et de l’impact du Brexit sur l’économie globale. Elle pourrait faire face à une longue période d’inquiétude. Les banques centrales des grandes économies avancées ont déjà mis en place des dispositifs d’échange réciproque de devises afin d’assurer la liquidité. L’objectif est d’éviter toute rupture de liquidités sur les marchés financiers », souligne la BoM.

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Universités: les étudiants mauriciens en mode d’attente

Franky Chitson, directeur de l’Overseas Education Centre, indique que chaque année, il faut compter environ 2 000 Mauriciens qui se rendent au Royaume-Uni pour étudier. La plupart, dit-il, optent pour des études de droit et d’ingénierie. Selon lui, la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne (UE) pourrait largement réduire le nombre d’étudiants de l’UE recrutés par les universités britanniques. « Les résidents des pays de l’UE peuvent étudier dans d’autres pays de l’UE en tant que Home Students. Ainsi, leurs frais sont généralement plus faibles par rapport à ceux qu’encourent les étudiants internationaux. à titre d’exemple, les frais de scolarité internationaux varient de 12 000 livres à 20 000 livres, alors que les étudiants de l’UE paient environ 9 000 livres », indique-t-il. À présent, dit-il, les règles d’immigration du Royaume-Uni pour vivre et travailler sont plus difficiles pour les étudiants étrangers. Ce qui explique aussi une réduction du nombre d’étudiants mauriciens.

Assad Bhuglah: « Maurice devra négocier un nouvel accord commercial »

« Puisque que c’est définitif que le Royaume-Uni quittera l’Union européenne, nos relations commerciales doivent dorénavant être basées sur un nouveau cadre légal », explique Assad Bhuglah, ex-directeur de la Trade Policy Unit au ministère des Affaires étrangères. Il faudra, soutient-il, que Maurice signe un accord commercial avec le Royaume-Uni pour que les préférences commerciales entre les deux pays soient maintenues. « Il faudra soit négocier sur le plan bilatéral ou en groupe avec d’autres pays du Commonwealth », explique l’ancien négociateur, tout en soulignant que Maurice dispose d’un « breathing time » de deux ans pour finaliser cet accord commercial. Le Royaume-Uni est intéressé à accroître les échanges commerciaux. D’ailleurs, l’objectif du bureau local du UK Trade and Investment est de porter les échanges commerciaux entre Maurice et le Royaume-Uni à 5 milliards de livres sterling dans les années à venir. Créé en 2013, UK Trade and Investment compte 2 300 collaborateurs dans une centaine de pays. Son but : faciliter l’implantation des entreprises étrangères au Royaume Uni et aider les sociétés britanniques à exporter dans le monde.


 

Réactions

Xavier-Luc Duval: « Il faut s’ouvrir à de nouveaux marchés » Le ministre du Tourisme indique que l’industrie touristique mauricienne a réduit le poids de quatre grands pays européens dans les arrivées touristiques. « Nous sommes passés de 55 % à 42 %. Maintenant, avec l’ouverture sur d’autres marchés, nous pensons que le poids de l’Europe baissera davantage », dit-il. Ainsi, il avance qu’il n’y a pas de signes négatifs jusqu’ici. Il estime qu’il est important de s’ouvrir à de nouveaux marchés. L’Afrique, dit-il, a du potentiel. Jonathan Drew: « Nous resterons le 5e pilier mondial » Jonathan Drew, haut-commissaire britannique à Maurice, n’a pas souhaité réagir à chaud au Brexit et à ses conséquences sur Maurice. On se souvient, néanmoins, que le 21 juin, Jonathan Drew avait déclaré à la presse que selon lui, les relations entre Maurice et le Royaume-Uni resteront inchangées. « Même si le Royaume-Uni quitte l’Union européenne, nous resterons toujours le cinquième pilier mondial sur le plan économique. Nos relations et les investissements seront les mêmes. » Rama Sithanen: « Nous devons garder notre sang-froid » L’ancien ministre des Finances Rama Sithanen prévoit des difficultés après que les Britanniques ont voté pour le Brexit. Dans une déclaration faite à Radio Plus vendredi, Rama Sithanen estime, toutefois, qu’il ne faut pas céder à la panique, car « nous avons du temps pour réagir ». Il est d’avis qu’il faut commencer par diversifier nos marchés tant pour le tourisme que pour le secteur financier et des services. « Nous devons garder notre sang-froid. Nous avons le temps de mener des scenarios analysis sur l’accès aux marchés. Il y aura des problèmes à l’horizon. Même notre secteur sucre sera affecté. Il faut anticiper les actions de la Grande-Bretagne et activer la machinerie de la diplomatie économique et mettre des équipes sur place pour travailler sur des scénarios éventuels », recommande-t-il.

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