Prévisions

En politique, décidément, rien n’est prévisible. Il y a dix jours, qui aurait cru que l’Alliance Lepep allait voler en éclats à trois ans de la fin de son mandat ? Et qui plus est, à cause d’un texte de loi dont personne n’avait entendu parler il y a trois semaines. Qui aurait pu prédire qu’à la veille de Noël, Xavier-Luc Duval allait passer du statut de no 2 du gouvernement à celui de leader de l’opposition ?

Alors que les relations entre les trois formations politiques au pouvoir semblaient être au beau fixe, voilà que Xavier-Luc Duval crée la surprise en claquant la porte de l’Hôtel du gouvernement en emmenant avec lui neuf de ses compagnons. Seule Marie Claire Monty semble rester à quai. Pour le moment du moins.

Le MSM perd gros. D’une majorité de trois quarts au Parlement, qui lui permettait de modifier la Constitution à sa guise, il est passé à une majorité simple. La Prosecution Commission, qu’il voulait imposer, devra attendre.

Et cela n’arrange certainement pas les affaires du parti soleil, qui n’avait même pas pris la peine de tenter de convaincre l’opinion publique de la nécessité urgente de créer cette instance pouvant remettre en question les décisions du Directeur des poursuites publiques. S’il tient vraiment à faire avaliser ce texte, sir Anerood Jugnauth devra convaincre 11 députés de l’opposition de voter en faveur de cette loi et de l’amendement constitutionnel qui l’accompagne.

S’il faut chercher une explication à cette tentative précipitée du côté de l’affaire MedPoint, ce qui reste encore à être prouvé, alors on comprendra que les enjeux soient élevés, car c’est un poste de futur Premier ministre qui est en jeu. Pas étonnant donc qu’au Sun Trust, l’on soit prêt à mettre beaucoup sur la table pour convaincre. Cinq ministères et plusieurs postes de Parliamentary Private Secretary sont à prendre.

Mais rien n’est aussi simple. SAJ devra à la fois satisfaire la gourmandise soudaine de certains de ses coéquipiers, s’assurer de la loyauté du seul partenaire qui lui reste, le Muvman Liberater, et faire son shopping dans l’opposition. Pour ce dernier point, soit il parvient à convaincre Xavier-Luc Duval de retourner au gouvernement, ce qui semble plutôt difficile, soit il séduit Paul Bérenger et les siens, des députés indépendants, quelques bleus et éventuellement quelques élus travaillistes pour se reconstiuer une majorité de trois quarts. Bref, les semaines à venir seront particulièrement intéressantes à suivre sur le plan politique.

Quant au PMSD, s’il a sévèrement secoué le gouvernement, il faudra encore attendre les effets de sa démission. Maintenir la bonne entente quand on est dans l’opposition et quand certains ont quand même dû faire de gros sacrifices est un vrai défi. L’unité est toujours plus facile à préserver lorsqu’on est au pouvoir…