Faits Divers

Suspecté de meurtre et de viol: les deux visages du religieux Mooroogen

Il fait le va-et-vient entre Maurice et La Réunion et officie comme religieux. Marouf Hadgi Latchimy, 39 ans, surnommé Tiloute, est connu pour ses séances de prière et ses rituels de marche sur le feu. Le trentenaire est divorcé et père de trois enfants, âgés de trois, 13 et 15 ans. Il est d’origine comorienne et détient la nationalité française. Il vit à Saint Leu, à l’île sœur. Il se fait appeler Julien Latchimy à La Réunion et Aya Mooroogen, à Maurice. Le religieux est très connu dans la région de Poste-de-Flacq, de Constance et de Beau-Vallon. Mardi après-midi, il a été retrouvé dans une maison, à Chemin-Grenier, avec une entaille au cou. Il avait à ses côtés le cadavre d’une femme de 21 ans (voir ci-dessous). Wendina Narayasami aurait été poignardée à plusieurs reprises. Les premiers indices semblent incriminer le religieux. Le Défi Plus a interrogé des gens qui l’ont côtoyé. Certains le qualifient de doux et de gentil, tandis que d’autres dressent un portrait de lui plutôt sombre. Pas plus tard que mars, Tiloute aurait violé une femme de 37 ans, à Mahébourg. La jeune femme, que nous prénommerons Sunita, avait porté plainte à la police le 25 mai. Dans sa déposition, l’habitante de Mahébourg avance qu’elle connaît l’aya Mooroogen depuis août 2015. Le religieux officie dans un temple à Beau-Vallon. Elle ajoute qu’il venait souvent dîner chez elle. Marouf Hadgi Latchimy aurait même invité Sunita et sa fille à l’accompagner à La Réunion. Puis il aurait proposé à Sunita de l’accompagner dans un hôtel pour avoir des relations sexuelles avec lui. Mais Sunita aurait refusé. En janvier, il avait repris contact avec elle, à l’occasion de la fête Thaipoosam Cavadee. De plus, il l’appelait souvent au téléphone.

« Contrainte à avoir des relations sexuelles »

« Le 7 mars, il est venu au temple de Beau-Vallon dans le cadre de la fête de Maha Shivaratree. Après les célébrations, l’aya Mooroogen m’a dit qu’il viendrait un jour chez moi pour dire des prières. Il devait emmener des ingrédients pour le rituel. Le rendez-vous avait été fixé pour le 31 mars, à 11 heures », explique la présumée victime dans sa déposition. Sunita lui aurait alors dit que son époux et ses enfants rentreraient après 11 heures. Le religieux serait arrivé chez elle vers 9 heures. « Il m’a dit qu’il commencerait les prières plus tôt que prévu. » Il aurait réclamé un verre d’eau, du riz et des fleurs. Marouf Hadgi Latchimy aurait commencé à pratiquer les rituels. « J’étais assise sur un sofa au salon.  à un certain moment, l’aya Mooroogen m’a tendu le verre d’eau et m’a dit de le boire. Celui-ci contenait du vibhuti (cendre sacré) et du limon. Après avoir bu la mixture, j’ai ressenti un léger malaise et j’avais mal à la tête. Il m’a demandé d’aller me reposer dans ma chambre. Quelques minutes plus tard, il est venu me rejoindre et m’a forcé à avoir des relations sexuelles avec lui », allègue-t-elle dans sa déposition. Dans sa plainte, la victime relate qu’elle a été blessée. « J’ai été traumatisée et choquée. J’ai cherché une assistance médicale. Un mois après, j’ai découvert que j’étais enceinte », a-t-elle expliqué aux enquêteurs. Contactée, la victime a refusé de commenter l’affaire. Son époux a expliqué que sa femme est encore traumatisée. « Nou finn pas dan bokou problem. Nou ti fer konfyans sa aya-la. Li ena doub fas. Kan ou get li, ou kwar li enn extra bon dimounn », a-t-il confié au Défi Plus.
 

« Un homme doux et gentil »

Mais pour un autre religieux, qui officie dans le Nord et qui le connaît depuis seize ans, c’est un homme très bon. « Ses enfants sont sa priorité. Il les adore par-dessus tout. C’est quelqu’un de très aimable et généreux. Li ti pe fer bokou donasyon. Me so latet ti pe fatige ar sa case viol-la. Li dir mwa ki li ti byen dir kan linn res dan kaso. Monn ed li, monn soutenir li kan linn pas dan sa problem-la. Il était très stressé. J’ai proposé de l’aider et de l’emmener chez un psychologue. » Du côté des proches de Wendina Narayasami, c’est l’incompréhension. « Ce qui s’est produit est inimaginable. Je connais ce religieux depuis neuf ans. C’est quelqu’un de doux et de gentil. Li inpansab ki li kapav fer dimal kikenn. Quand ma mère a appris qu’il a eu des problèmes avec la police, elle a accepté de l’héberger », confie la soeur de Wendina Narayasami. La presse réunionnaise brosse un tableau sombre du religieux. Il est présenté comme un guérisseur précédé d’une mauvaise réputation de sorcier pouvant [blockquote]« jeter des mauvais sorts ».[/blockquote] Il a déjà été poursuivi à La Réunion sous une accusation de sorcellerie.
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Son avocat : « Il était très affecté »

Sur les ondes d’Antenne Réunion, l’avocat de Marouf Hadgi Latchimy a expliqué qu’il l’a rencontré le week-end dernier dans le cadre de cette affaire de viol et qu’ils ont discuté du dossier. L’avocat a aussi déclaré que le religieux était très affecté par cette affaire et qu’il lui a parlé de Wendina en des termes élogieux. L’homme de loi a avancé qu’il lui a dit qu’il envisageait de l’épouser. Mais les proches de Wendina Narayasami nient tout en bloc et indiquent que les deux ne vivaient pas en couple.

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Wendina Narayasami égorgée

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"23221","attributes":{"class":"media-image aligncenter wp-image-37164","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"268","height":"406","alt":"230716-wendina"}}]] Choc et consternation à Chemin-Grenier dans l’après-midi de mardi. Wendina Narayasami (photo) a été tuée à son domicile situé à la Social Welfare Road. La police soupçonne que son présumé meurtrier serait Marouf Hadgi Latchimy. La mère de Wendina Narayasami avait hébergé le religieux en apprenant qu’il avait eu des problèmes avec la justice. Après avoir égorgé Wendina, Marouf Hadgi Latchimy aurait tenté de se suicider en s’infligeant des blessures au cou. Il a été admis aux soins intensifs de l’hôpital Jawaharlal Nehru à Rose-Belle. Il a subi une délicate intervention chirurgicale mercredi. Son état de santé est jugé stable. La police attend qu’il se rétablisse pour recueillir sa version des faits. Deux couteaux maculés de sang ont été retrouvés sur le toit de la maison de la victime. L’autopsie pratiquée par le chef du service médico-légal, le Dr Sudesh Kumar Gungadin, et le Dr Maxwell Monvoisin, a conclu que Wendina Narayasami est décédée des suites d’un slash wound to the neck. Avant de tenter de mettre fin à ses jours, le religieux a laissé une lettre d’adieu. « Je t’ai dit que je suis innocent dans l’affaire de Mahébourg. Mo bann avoka pa pe konn diskit mo case. J’ai beau essayer de te faire comprendre, mais tu ne me crois pas », a écrit le religieux avant de tenter de se suicider. Les enquêteurs ont aussi retrouvé une carte sur laquelle il a écrit qu’il a été trahi par son homme de loi.

 
 

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