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Trois femmes percutées sur un arrêt d’autobus - Elieta, rescapée : « Mo trouv sa loto-la vinn direk lor nou» - une des blessées amputée d’une jambe 

Elieta Asun montrant ses blessures.
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Trois femmes qui se trouvaient sur un arrêt d’autobus, à Vacoas, lundi après-midi, ont vu leur vie basculer. Alors qu’elles attendaient l’autobus, elles ont été percutées par une voiture qui doublait un camion. L’une des rescapées revient sur cet accident. 

Les cris de douleur de Marday Matee Poulay, 59 ans, résonnent dans sa tête. Elieta Asun ne peut oublier. « Li ti pe res kriye, li pe dir ‘mo lipie!’ ‘Mo lipie’! », dit-elle avec difficulté. L’habitante de Camp-de-Masque est toujours en état de choc. Lundi après-midi, cette dernière, ainsi qu’une étudiante de 22 ans et la quinquagénaire ont été percutées par une voiture, qui doublait un camion, alors qu’elles se trouvaient sur un arrêt d’autobus, à Vacoas. Marday Matee Poulay a dû être amputée d’une jambe peu après son admission à l’unité des soins intensifs de l’hôpital Princess Margaret Orthopaedic centre, à Candos.   

Rencontrée à son domicile, Elieta Asun, 51 ans, n’arrive pas à se sortir les images de l’accident de la tête. Elle dit avoir vu sa vie défiler devant elle. Comme dans un film. Il était près de 16 h 50. Elle venait de quitter l’usine où elle travaille. L’arrêt d’autobus est à proximité.  

Terrorisée

À son arrivée sur place, elle aperçoit une étudiante assise sur le banc. « Li ti pe al liniversite li », lâche Elieta. Quelques minutes après, Marday Matee Poulay fait son apparition. « Enn loto ti vinn kit madam-la lor bistop e linn asiz lor ban », se souvient Elieta. Alors qu’elles attendent patiemment l’autobus de la ligne 141 pour Port-Louis via Réduit, une voiture sortie de nulle part fonce sur elles.  

« Mo ti pe res gete si bis pe vini. Mo trouv sa loto-la vinn direk lor nou », raconte Elieta. Marday Matee Poulay était assise à sa droite. La voiture la percute en premier. Sous le choc, elle perd le bonnet qu’elle portait. L’étudiante et Elieta se retrouvent coincées. « Mo ti omilie koumadir enn sandwich… » Ses vêtements sont maculés de sang. Terrorisée, Elieta ignore alors l’étendue de ses blessures.  

Elle dit avoir pensé au sort de l’étudiante. Celle-ci n’a pas souhaité s’exprimer sur cet accident. « Tifi-la ti kwinse plis dan kwin li », relate Elieta qui dit se souvenir des cris de douleur de Marday Matee Poulay qui gisait sous la Mitsubishi blanche. Des volontaires se sont précipités pour porter secours à la quinquagénaire.  

Elle réclamait à boire, poursuit Elieta. « Nek li ti pe diman delo, lerla monn donne li pou bwar. Mo extra sagrin, mo pans sa », soupire-t-elle. « Li ti pe res dir mwa ‘trap mo lame beti, pa kit mwa tousel’… » se remémore Elieta, la gorge nouée. Fondant en larmes, elle dit remercier le Ciel de lui avoir permis d’aider « enn gran dimounn ». « Zis bondie inn donn mwa kouraz monn tir delo monn donn madam-la bwar, mem mo ti blese. »   

Le lieu où l'accident s'est produit.
Le lieu où l'accident s'est produit.

Sous le choc

Même si elle souffre de sa cheville, elle est consciente que la douleur de Marday Matee Poulay n’est pas comparable. « Sa dimounn-la ine perdi so lipie zordi ek li diabetik », regrette-t-elle. À leur arrivée à l’hôpital, Elieta dit avoir été témoin de sa douleur. « Mo met mwa dan so plas. Li pa fasil kone ou pou al koup ene lipie. »     

Elieta raconte que le conducteur de la voiture, un retraité de 67 ans, a été interpellé par le public. Ce dernier était lui aussi sous le choc, poursuit-elle. « Li si li enn humain li fer erer kouma tou dimounn. Mwa mo pardonn li, me mo pli gro sagrin sa madam ki so lipie ine koupe. »

Elieta lance un appel aux conducteurs. « Mo diman bann sofer bizin bien vizilan. Pans bann piéton ek pran enn ti prekosion », fait-elle ressortir en disant constater que beaucoup de conducteurs font des manœuvres qu’elle qualifie d’irresponsables. Elle revient de nouveau sur l’accident qui aurait pu lui coûter la vie. « Dan sa ler-la mo pe reflesi. Si mo ti pe diboute ti kav pli grav, mo ti kav fini mor », lance-t-elle à haute voix. 

Depuis, Elieta n’est pas sortie de chez elle. Ce sera très difficile pour elle de se rendre à nouveau sur un arrêt d’autobus, avoue-t-elle. « Sa pe res dan mo latet. Sa bistop laba-la pli zame mo pou pass laba ankor. »   


Le chauffeur du camion : « Monn kriye linn ale mem »  

Le chauffeur du camion dit avoir vu la voiture le doubler. Son véhicule a été éraflé. Ses cris pour demander au conducteur de ralentir sont demeurés vains. « Monn kriye linn ale mem... » dit-il. 

Pour lui, il ne faisait pas de doute que le conducteur allait perdre le contrôle pour finir sa course contre l’abribus. « Li pass ar mo transpor li ale mem. Monn trouv li kouma tap ek bann-la lor bistop-la. »


Siam, le conducteur : « Kamion-la inn fonse inn sarye mo loto ziska lor bistop »   

Siam, le conducteur de la voiture, explique au Défi Plus que « kamion-la inn fonse inn sarye mo loto ziska lor bistop ». Il soutient qu’il ne pouvait plus arrêter sa voiture et que le poids du camion l’a entraîné vers l’arrêt d’autobus. 

Siam confie qu’il se dirigeait vers le centre de Vacoas. À un moment, il affirme avoir tenté de doubler le camion. Il a klaxonné pour avertir le chauffeur. Mais ce dernier ne lui aurait pas cédé le passage. « Enn lot masinn ti pe vinn dan lot sens, lerla monn rant divan kamion. » Lors de cette manœuvre, la Toyota a été projetée sur l’abribus. « Monn kriye monn klaksone, me li pann pez frein. » 
Siam se dit attristé d’avoir causé cet accident, surtout après avoir appris le sort d’une des blessées. « Mo bien sagrin seki inn arive. »

Le 5 novembre 2020 à Pailles : quatre morts après une collision contre un abribus  

Le 5 novembre 2020, quatre ouvriers étrangers avaient péri dans un accident sur l’autoroute à Pailles. Ils étaient à bord d’un autobus pour se rendre sur leur chantier de travail. L’autobus avait terminé sa course contre un abribus à Pailles, faisant aussi plus de 30 blessés, tous des occupants du véhicule. Le chauffeur de l’autobus avait également été blessé à la jambe. Il avait expliqué que les freins de l’appareil avaient lâché et avoir fait de son mieux pour éviter le drame.

 

 

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