Société

Vol et agression: la vigilance

On dit que le comportement de la personne agressée conditionne celui de l’agresseur. Avec la montée de l’insécurité, il convient de savoir comment réagir en cas d’agression. Si on ne peut la prévenir, il existe en revanche des moyens de se protéger. À 19 h 40, le mardi 29 septembre, à Plaisance (Rose-Hill), Mahadev Peeroo et son épouse Kumaree, respectivement âgés de 81 et 76 ans, ont été sauvagement agressés à coups de sabre dans leur boutique. Ils ont été pris au dépourvu par un groupe d’individus armés. Selon les renseignements recueillis par les proches, les présumés agresseurs ont asséné des coups au couple avant de prendre la poudre d’escampette. Plusieurs autres cas de vol avec violence et autres types d’agression ont été enregistrés par la police. Avec cette escalade de l’agressivité, nous sommes plusieurs à nous interroger sur la sécurité. Comment se protéger en cas d’agression ? Pour l’inspecteur Ramah Bhimsen de la Crime Prevention Unit (CPU), il faut avant tout comprendre les facteurs qui nous rendent vulnérables face aux agresseurs. Selon lui, les cas d’agression sont rarement des cas isolés. Les agresseurs sont de grands stratèges et de fins observateurs. Pour se protéger, il faut comprendre leur modus operandi.

Mesures avant-gardistes

« Du côté de la police, nous avons catégorisé les personnes qui sont les plus vulnérables. Cet exercice nous permet de prodiguer des conseils appropriés afin de prévenir des agressions. Selon les cas recensés, nous avons observé que les personnes âgées, les femmes et les enfants sont le plus à risques. Il ne faut pas oublier que les agresseurs sont de grands observateurs. Ils épient nos moindres faits et gestes et entrent en action dès que nous donnons des signes de faiblesse. Les commerçants sont aussi très vulnérables. Nous avons enregistré plusieurs cas d’agression dans les pharmacies, les stations-service ainsi que dans des commerces où circulent de grosses sommes d’argent », nous explique l’inspecteur Ramah Bhimsen.
[panel contents="Si vous êtes victime ou témoin d’une scène d’agression, il faut appeler en urgence le 999 ou le 112. S’il y a des blessés, il faut aussi appeler le Samu au 114. Si vous disposez d’informations pouvant sauver la vie d’une personne ou vous souhaiteriez dénoncer anonymement un cas d’agression, appelez au 148." label="Les numéros à retenir" style="info" custom_class=""]
Peu importe notre niveau de vulnérabilité, il est possible de se protéger, ajoute le gradé de la police. Quand on parle de protection, il faut prendre en considération plusieurs aspects, souligne l’inspecteur Bhimsen. Pour les commerçants, l’environnement dans lequel ils opèrent va déterminer le niveau de protection requis. « Même s’il est difficile de prédire les cas d’agression, il existe à Maurice des régions qui sont plus à risques que d’autres. Il est alors important que le commerçant prenne des mesures avant-gardistes. À titre d’exemple, installer des antivol, des alarmes ou autres gadgets pour se protéger. Certains commerçants peuvent même opter pour une arme de protection. Pour cela, il faut passer par des procédures et respecter les conditions requises. Après avoir choisi un mode de protection, il est important de tester son efficacité et de s’assurer que les responsables sont à l’aise avec le système mis en place », explique-t-il. Et d’ajouter que les commerçants doivent éviter de prendre des risques inutiles. Par exemple, opérer pendant des heures tardives et faire des transactions financières sans supervision. Les personnes âgées étant des personnes vulnérables, il est déconseillé de les faire assumer des responsabilités. Il est aussi possible de protéger sa propriété et sa famille, avance le porte-parole de la CPU. « Il faut réfléchir à l’aspect sécurité bien avant la construction de la maison. À la conception des plans d’architecture, il est important de réfléchir à des moyens pour protéger la maison contre les infractions. De nos jours, il existe des moyens à la pointe de la technologie pour prévenir des cas d’agression. Il faut éviter de s’attarder uniquement sur l’aspect esthétique », affirme l’inspecteur Bhimsen. La vigilance est le mot d’ordre, que ce soit pour les commerçants, les familles ou à titre individuel. Pour Kokila Deepchand, présidente de l’Anti-Violence Support Organisation, il faut éviter de prévenir la violence par la violence. « Même s’il est vrai qu’elle prend une ampleur inquiétante dans la société actuelle, il faut garder à l’esprit que la violence ne changera pas la situation. Il est maintenant temps de changer de mentalité et de retourner à nos valeurs sociétales effritées. Nous devons promouvoir la paix et le seul moyen dont nous disposons pour le faire c’est l’éducation de la jeune génération. Nous avons un manque de modèle, ce qui explique la perte de repères. Qui dit non-violence ne veut pas forcément dire soumission. Il faut se défendre, mais garder à l’esprit qu’une approche non violente peut avoir un vrai impact sur l’agresseur », affirme-t-elle. [padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1]

Des moyens innovants  pour se protéger

La demande pour les services de sécurité est en hausse à Maurice. Cette tendance est confirmée par Coralie Rouillard, responsable marketing chez Brinks Ltd. Toutefois, encore très peu de Mauriciens se tournent vers l’installation d’un système d’alarme connecté à un centre de télésurveillance. « Un système d’alarme qui se déclenche est très dissuasif, et encore plus si une patrouille est prête à intervenir. Nous proposons des solutions adaptées et fondées sur des audits de sécurité réalisés par des professionnels. Les systèmes de sécurité rassemblent une variété très large d’équipements. Les entreprises ont souvent recours à une combinaison de plusieurs systèmes pour sécuriser leurs bâtiments ou une quelconque zone d’exploitation. Les Mauriciens sont principalement attirés par un système d’alarme, avec ou sans fil, souvent complété par des caméras de surveillance haute définition, des contrôles d’accès et des protections périmétriques à l’extérieur, un service de télésurveillance et d’intervention 24 / 7, ainsi qu’un bouton de panique », souligne Coralie Rouillard. [padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1]

Cas récents

Un quinquagénaire de la capitale, A.J, affirme avoir été agressé, mardi, par des employés d’une boulangerie au Ward IV à Port-Louis. Il a fait une déposition à cet effet au poste de police des Casernes centrales. Le même jour, un policier a été agressé à Pailles. Ses agresseurs ont également tenté de le kidnapper.Tentant de faire son travail, il reçoit des coups chez une personne, où il est parti pour résoudre un cas.Tout porte à croire qu’on n’est plus en sécurité dans son entourage. Les cas d’agression existent aussi au sein des familles. En septembre dernier, une habitante de Flacq, âgée de 79 ans, a été agressée à coups de bois par son fils Jugdev. Celui-ci l’a ensuite séquestrée dans une chambre parce qu’elle avait refusé de lui donner de l’argent. La septuagénaire était dans un état jugé très critique. Une plainte a été déposée au poste de police de Flacq. Le même mois, une femme de 26 ans a eu le visage tailladé au cours d’une agression à Quartier-Militaire. Dans sa déposition, elle affirme qu’elle ignore l’identité de ses agresseurs, mais elle soupçonne son ex-petit ami, un habitant des Plaines-Wilhems, d’être le commanditaire de cette agression. Il l’avait menacée juste avant cet incident. Le 5 août dernier, un habitant de Mahébourg a été battu par un groupe de jeunes. Un neveu de la victime ferait partie des suspects. Selon le quadragénaire, il s’agit d’un malentendu. Ce dernier a dû subir une intervention chirurgicale.

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Témoignages

Mantee, 45 ans: « Les agresseurs doivent être sévèrement punis »

Depuis que Mantee (45 ans) s’est fait voler sa chaîne, la quadragénaire n’est plus la même. Cette habitante de Quatre-Bornes nous confie qu’elle a peur de sortir car l’incident s’est déroulé devant sa maison.  Mantee habite au fond d’une ruelle pas très fréquentée. « J’étais sortie pour vider les poubelles quand un homme m’a demandé son chemin. Il était à vélo. Alors que je lui parlais, il a arraché ma chaîne. J’ai tenté de résister, mais il a commencé à m’étrangler et à me donner des coups de pied. Compte tenu de ma faible corpulence, je suis tombée et il a pu me délester de mon bijou », relate la victime. La quadragénaire affirme qu’elle est certes triste d’avoir perdu sa chaîne, mais qu’elle est traumatisée depuis ce vol. « Je vis à Quatre-Bornes depuis plus de 30 ans. Auparavant, on se sentait en sécurité, mais depuis quelques années, plusieurs personnes de la localité se sont fait voler. Maintenant, je ne sors plus seule et je ne porte pas de bijoux quand je voyage par le transport public. Ces gens méritent d’être sévèrement punis car ils n’ont pas le droit de voler ce qu’on a acheté au prix de tant d’efforts et de mettre en péril la vie de leurs victimes », dit Mantee.

Philippe, 75 ans: « On n’est à l’abri nulle part »

Si certains estiment qu’ils sont à l’abri du vol ou des agressions chez soi, ils ont peut-être tort. Philippe (75 ans) dit ne pas être près d’oublier ce qu’on lui a fait. Depuis, il est plus vigilant, mais les séquelles sont toujours là. « J’avais élevé un proche depuis son enfance. Je l’aimais comme un propre fils, mais il m’a trahi. Quand je pense qu’il aurait pu me demander de l’argent au lieu de me le voler. La première fois que nous avons remarqué qu’il y avait un trou dans mes recettes, je me disais que c’était une erreur de ma part. Or, un jour je l’ai pris la main dans le sac. Au lieu de se rétracter, il a choisi de me frapper. Les voisins ont dû intervenir », se rappelle le septuagénaire. Notre intervenant souligne que le proche en question ne vit plus chez lui. Philippe  soutient qu’il a fait installer un système de sécurité dans sa maison. « Si un proche a pu me faire ce coup, je peux m’attendre à tout d’un étranger », lance le vieil homme. [padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1]

Protégeons nos seniors

Serenity est un service pour la sécurité et l’autonomie des personnes âgées le plus longtemps possible à domicile, offrant la téléassistance à la personne.Serenity fonctionne grâce à un appareil simple d’utilisation avec pour objectif d’apporter la tranquillité d’esprit à la personne concernée et à ses proches. Nicolas Tadebois, fondateur et directeur de Serenity, affirme que c’est le manque de structures d’accueil pour ces personnes qui a motivé la création d’un tel service. « L’abonné se trouvant en situation de détresse médicale peut activer le système à l’aide d’un déclencheur portatif. Une fois le système activé, l’appel est transmis par interphone au centre de téléassistance Serenity, où intervient une opératrice qui évalue en quelques questions promptes, la situation. Elle organise en conséquence une assistance adaptée : personnes proches (famille, voisins, amis), police, pompiers ou ambulance pouvant intervenir au plus près et au plus vite auprès de la personne en détresse. L’opératrice reste en communication avec la personne par interphone, et ce jusqu’à l’arrivée des secours », explique Nicolas Tadebois.

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