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Allégation de violence conjugale : son ex-conjoint la suit et la menace de mort

Neerasah en larmes dans les locaux de Radio Plus

La Journée de la femme est passée, mais des victimes de violence conjugale continuent à dénoncer leurs aggresseurs et à chercher de l’aide des autorités. C’est une femme en pleurs qui a franchi les portes de la rédaction, lundi, pourchassée toujours par son ex-conjoint qui menace de la tuer. Elle s’attend à une attention particulière de la part des autorités.

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Encore une victime, diriez-vous. Une autre qui s’ajoute à la longue liste des victimes de violence à Maurice. Sauf que chacune d’entre elles a une histoire propre à elle, mais l’objectif reste le même : échapper à leur bourreau. 

Neerasah, 38 ans, une habitante de l’Est, n’en peut plus des menaces de son ex-conjoint. Après 18 ans de vie commune, où elle a subi les coups de son compagnon et de sa belle-mère, elle a décidé d’en finir de cette relation toxique depuis un peu plus d’un an. 

Le déclic : des coups qu’elle a reçus de lui « kot mo ti kapav perdi lavi ». Ce jour-là, son conjoint est rentré à la maison ivre et l’a tabassée. Elle est traînée dans la rue toute nue et laissée dans un sale état dans le garage. « Il avait déchiré mes vêtements et m’a tellement battue que j’avais eu plusieurs fractures. J’ai signé une Discharge against Medical Advice pour rentrer à la maison à cause de mes enfants. Finalement, j’ai décidé de le quitter ». 

Selon elle, il n’a pas arrêté de la menacer à chaque fois qu’il la croise. Depuis que l’homme a appris qu’elle a décidé de refaire sa vie, il la suit et l’insulte en pleine rue. « Samedi dernier, il n’a pas hésité à monter dans l’autobus que j’avais pris et à m’insulter devant tous les passagers. Il va également à l’école des enfants et il fait un scandale. Les enfants reviennent à la maison morts de honte », avance-t-elle. 

Des enfants traumatisés 

Neerasah, mère de trois enfants, explique aussi que ses enfants ont commencé à adopter, eux aussi, un comportement violent. « Ils sont nés dans cette atmosphère de violence et ma benjamine se bouche les oreilles à chaque fois qu’elle entend des cris. Elle a même cessé de parler à un certain moment. Elle était traumatisée », raconte-t-elle. 

Selon la mère, c’est le papa qui touche l’aide sociale destinée aux enfants, mais, selon elle, il ne leur donne rien, même pas une pension alimentaire. « Il ne manque pas de les insulter et de leur faire peur. Il leur dit que je suis une p... et qu’ils finiront comme moi.» 

Les coups ne sont pas les seules séquelles de cette relation de violence. Elle explique qu’elle travaillait pour un salaire de misère que son mari lui prenait sans aucun état d’âme. « Souvan mo ti res san manze avek mo zanfan ». Neerasah relate avoir tenté de se suicider : « J’ai bu de l’Eau de Javel, j’ai aussi tenté de me couper les veines », dit-elle en nous montrant son bras. Elle a aussi dû commencer des traitements à l’hôpital Brown-Séquard. Elle a des difficultés à dormir et ses envies suicidaires reviennent de temps à autre. 

Lundi, elle a décidé de ne pas rester chez elle et d’aller chercher de l’aide. « Mo ti gayn enn Protection Order en 2018 », mais devant les démarches administratives à faire, elle est découragée. « Banla inn dir mwa pou bizin refer tou a zero. Mo nepli ena lafors. Li pa les mwa trankil. Komie tan pou kontinie koumsa. Kifer lalwa pa protez mwa pandan ki mo ankor vivan ? Fode li touy mwa pou zot reazir ? Je ne suis pas sûre que cela servira à quelque chose d’aller à la police », lance-t-elle tristement. 

Le 139 ? Neerasah ne connaît pas malheureusement. Nous avons de notre côté appelé la hotline pour  leur transmettre les coordonnées de Neerasah et leur demander une intervention urgente.

La belle-mère : «Mon fils est malade»

Nous avons tenté d’obtenir la version de son ex-conjoint. Nous avons, à plusieurs reprises, appelé sur son numéro de téléphone. C’est sa mère qui a répondu. Elle a refusé de nous le passer et a affirmé : « Mon fils est malade. Il a des problèmes psychiatriques. C’est sa femme qui l’a rendu malade. Elle ne cessait de se disputer avec lui. Elle a quelqu’un d’autre dans sa vie maintenant. Nou pa aksepte sa. Boukou miser nou inn passer ek li. Boukou dega li pe fer. Kot li gayn kas si li pa pe travay. Mwa kinn swegn so zanfan. Pena plas pou li dan mo lakaz. Dir li pa vinn met lipie divan mo la porte». 

Elle dément que son fils l’a injuriée samedi. Elle affirme que c’est sa belle-fille qui vient leur chercher des noises. Elle nie également l’avoir déjà frappée et affirme que c’est sa belle-fille qui a été violente envers elle. 
 

Si vous êtes une victime, que faire ? 

Si vous êtes une victime de violence, cherchez de l’aide. 

Vous pouvez vous rendre au poste de police le plus proche. Chaque poste de police est doté d’un Domestic Violence Desk et un policier vous conseillera et enregistrera votre plainte. Vous pouvez aussi vous renseigner au niveau du Family Support Bureau (FSB) ou auprès de la Police Family Protection Unit (PFPU) de votre région. 

Et à n’importe quel moment, n’hésitez pas à appeler le 139, c’est un numéro gratuit (vous pouvez donc appeler même s’il n’y a pas de crédit sur votre portable) ou si vous êtes en grand danger, la police est également là pour vous porter secours, appelez immédiatement le 999.  

 

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