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Anastasia Desmarais,une championne sans vélo

Elle a décroché cinq fois le titre de championne du cyclisme à l’île Maurice. Sept ans plus tard, malgré ses ambitions, elle ne possède même plus de vélo et vit dans des conditions précaires. Elle souhaite trouver des sponsors pour l’aider à remonter la pente.

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Elle ne demande qu’un coup de pouce pour l’aider à remonter la pente. Championne de cyclisme, Anastasia Desmarais se retrouve aujourd’hui complètement démunie. Cette jeune de 18 ans n’a même plus de vélo pour pratiquer le sport qu’elle aime et dans lequel elle excellait.

C’est en 2017 qu’Anastasia Desmarais fait ses premiers pas dans cette discipline sportive. Ce jeune talent brut, originaire de la zone de squatters de Camp Rodriguais, à La Ferme, se distingue rapidement, malgré le peu de moyens économiques dont elle dispose. En effet, elle décroche cinq médailles de championne pendant cinq années consécutives. En ce faisant, elle devient un symbole de détermination pour les jeunes de son quartier.

Ainsi pendant près de sept ans, elle se dévoue à sa passion malgré les nombreux obstacles sur son chemin. L’ONG Safire la prend sous son aile, mettant un vélo à sa disposition, dans le cadre de son projet d’école de cyclisme, pour qu’elle puisse s’entraîner et participer aux compétitions. 

Mais aujourd’hui, cette étoile brillante dans le domaine du cyclisme a perdu de son éclat. En raison de son absence dans les compétitions, l’ONG Safire a décidé de lui retirer son vélo. « Mon cœur s’est serré lorsque l’ONG a pris mon vélo. J’ai perdu ma fierté, et cela ressemblait à une humiliation », confie Anastasia Desmarais.

Que s’est-il donc passé ? Pour le comprendre, il faut remonter le fil du temps. Issue d’une famille de deux enfants, Anastasia Desmarais a une petite sœur de 10 ans. Ses parents sont séparés, et elle vit avec sa mère. Elle poursuit ses études et est actuellement en Grade 11 (ex-Form V). Comme de nombreux enfants de Camp Rodriguais, la jeune fille a grandi dans un environnement marqué par la précarité, mais cela ne l’a pas découragée. Au contraire, elle a puisé sa force dans ces circonstances difficiles pour se forger un avenir meilleur. Elle n’a pas seulement lutté pour elle-même, mais aussi pour sa mère, Isabelle, qui travaille dans le domaine du nettoyage pour subvenir aux besoins de la famille.

Au début de l’année 2017, alors qu’elle est âgée de 11 ans, elle apprend que l’ONG Safire cherche des jeunes dans la localité pour pratiquer le cyclisme. Une quinzaine de jeunes, dont Anastasia, s’inscrivent et rejoignent le groupe. Au début, ils utilisent de petits vélos tout-terrain (VTT), puis ils passent aux vélos de route. 

En juin 2017, Anastasia Desmarais participe à sa première compétition dans la catégorie minime et décroche la première place. Ce premier succès alimente davantage la flamme dans le cœur de la jeune fille. « J’ai commencé à m’améliorer et j’avais un bon encadrement », raconte-t-elle. La jeune fille concourt sous les couleurs de la Team MCB et bénéficie de l’encadrement de la Cycling Academy Gamma

Elle devient rapidement une source de fierté pour sa famille et sa communauté. Sa persévérance et son engagement dans le cyclisme sont une source d’inspiration pour tous ceux qui la connaissaient. Cette championne qui brille malgré l’adversité est un exemple vivant de la force et de la résilience, démontrant que les rêves peuvent devenir réalité même dans des circonstances difficiles.

Mon cœur s’est serré lorsque l’ONG a pris mon vélo. J’ai perdu ma fierté, et cela ressemblait à une humiliation»

Cependant, à l’âge de 16 ans, tout bascule pour la jeune fille. « Avant, j’étais dans la catégorie minime, et un jour j’ai participé à une compétition et j’ai décroché la première place. Mais c’est là que j’ai compris qu’on m’avait fait participer à une compétition dans la catégorie junior sans même me préparer. On m’a simplement dit qu’à 16 ans, je suis passée en catégorie junior », relate-t-elle.

Selon la jeune fille, elle a commencé à participer à des compétitions sans entraîneur ni encadrement. « Mon niveau a baissé jusqu’à ce qu’on me mette de côté. C’est vraiment décourageant. Parfois, je pédale depuis Bambous jusqu’à Riche-Terre pour m’entraîner, mais c’est difficile toute seule sur l’autoroute », dit-elle. Et iI y a environ sept mois, alors qu’elle n’était plus inscrite aux compétitions, son vélo de cyclisme, qui était en sa possession, lui a été retiré.

Malgré tout, elle garde l’espoir qu’un jour, un club de cyclisme de la région de Bambous ou des environs lui offrira une nouvelle chance en tant que membre et lui fournira un vélo de cyclisme pour qu’elle puisse poursuivre son rêve de participer à des compétitions nationales. Elle lance un appel au ministère de l’Autonomisation de la jeunesse et des sports pour obtenir un entraîneur et un encadrement, ainsi qu’à des entreprises pour qu’elles la sponsorisent. 

Anastasia Desmarais remercie la travailleuse sociale Priscilla Phillipe qui la soutient et l’encourage à se battre pour réaliser ses rêves. Car malgré les difficultés qu’elle a rencontrées jusqu’ici, cette jeune incarne toujours la force, la résilience et la détermination. 

Son histoire est un rappel puissant que les rêves peuvent devenir réalité, même dans des circonstances difficiles, et qu’avec le soutien approprié, elle peut briller à nouveau dans le monde du cyclisme.

Toute personne souhaitant aider Anastasia peut la contacter directement au 5453 8030. 

 

Le vélo attribué à un autre bénéficiaire de l’ONG Safire

Nous avons contacté Edley Maurer, de l’ONG Safire, pour comprendre pourquoi le vélo d’Anastasia Desmarais lui a été retiré. Selon Edley Maurer, la jeune fille poursuit ses études. « Nous préférons qu’elle se concentre sur ses études. À ce stade de la compétition, les séances d’entraînement sont exigeantes et nous ne pouvons l’encourager à faire du cyclisme au risque de compromettre ses études », dit-il. Par ailleurs, poursuit Edley Maurer, l’ONG Safire considère qu’à 18 ans, Anastasia Desmarais est « assez autonome ». « Nous avons donc attribué la bicyclette à un autre de nos bénéficiaires. Nous en avons au moins une quarantaine », indique-t-il.

 

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