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Cédric Lagesse : «Des consommateurs veulent plus de transparence sur ce qu’ils mangent»

Le marché de la consommation montre des signes de stabilisation. C’est ce qu’estime le Chief Operating Officer d’Eclosia. Cependant, Cédric Lagesse affirme que la situation reste difficile en raison de l'augmentation constante des coûts de production. Dans cet entretien, il aborde également les nouvelles tendances de consommation. 

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Comment se portent les activités chez Eclosia, surtout sur le plan de la consommation ?
Après trois années difficiles, le marché de la consommation semble avoir retrouvé une vitesse de croisière. La situation n’en reste pas moins tendue avec les coûts de production qui augmentent régulièrement, et le pouvoir d’achat limité. Il y a eu beaucoup de fluctuations de prix, et nous faisons notre possible pour maintenir l’accès à des produits de qualité, en multipliant les opérations promotionnelles.

La récente hausse du prix du diesel a-t-elle un impact sur vos coûts d’opération ?
C’est une évidence. Le carburant représente une partie importante de nos coûts d’opération, dans nos usines mais également pour nos services logistiques. Chaque entreprise fait de son mieux pour absorber ce qu’elle peut en partie et limiter l’impact sur le pouvoir d’achat.

Eclosia a lancé le mois dernier le Nutriscore sur ses produits locaux. Parlez-nous de ce label et de son importance dans vos activités ?
Le lancement de Nutriscore sur nos produits locaux va dans le droit fil de l’engagement d’Eclosia dans le « manger mieux » et la transparence envers le consommateur. Cela fait des années que nous y travaillons car nous voulions que le consommateur puisse avoir accès facilement à la qualité nutritionnelle des produits sur les emballages. Soyons honnêtes, qui dans le grand public prend le temps d’aller au bout et comprend cette liste interminable d’ingrédients au dos des emballages ? Avec Nutriscore, on voit d’emblée si ce produit est bon du point de vue nutritionnel, et si on peut le consommer souvent ou de manière occasionnelle. Le Nutriscore n’est pas parfait, car il ne résout pas tout, par exemple, le problème des aliments transformés, ou ne tient pas compte des additifs, mais de ce que nous avons effectué comme recherche, nous estimons à date qu’il est le plus pertinent. Il faut savoir que, du côté des producteurs, cela a pris du temps, car cela implique plusieurs étapes : les analyses des produits, les changements de packaging, la communication. Les produits Régal de New Maurifoods sont les premiers du groupe à avoir apposé le logo. Le reste des marques suivra graduellement dans les mois qui viennent. 

Dans quelle mesure Eclosia s'efforce-t-elle de promouvoir des pratiques durables et éthiques dans l'industrie alimentaire ?
L’éthique, la transparence, la recherche permanente de qualité sont au fondement même de nos entreprises depuis 1966. L’alimentation a un impact direct sur la santé et, en tant que leaders de l’alimentaire, nous avons la responsabilité de donner aux consommateurs des outils pour faire des choix. Nutriscore est un moyen concret de le faire sur l’aspect nutritionnel. Nous espérons d’ailleurs que d’autres producteurs – petits ou grands – suivent cette tendance pour qu’il y ait un langage commun et que les consommateurs mauriciens puissent ‘compare like with like’. 

Aujourd’hui, en plus du goût, il faut aussi repenser tout le cycle de vie du produit. Prenons un exemple concret : depuis 2018, nous nous sommes engagés sur la transition plastique, en éliminant les cuillères et pailles en plastique chez Maurilait, en introduisant graduellement les barquettes compostables chez Chantecler, et les pots en carton chez Yoplait et Carte d’Or…bref des changements industriels concrets où nous avons anticipé le marché et les lois et où il a fallu accompagner le changement d’habitude des consommateurs, ce qui prend du temps. Nous sommes loin d’être parfaits. Mais nous avançons, un pas après l’autre, pour nous améliorer.

Comment l’entreprise encourage-t-elle l'innovation dans le secteur de l'alimentation, que ce soit en termes de produits, de processus de production ou de technologie ?
Chaque entreprise impliquée dans l’alimentaire chez nous a sa propre dynamique R&D, avec des budgets dédiés et des équipes dédiées. Les producteurs locaux capitalisent aussi pleinement sur leurs partenaires internationaux, pour bénéficier des dernières avancées en termes de saveurs, mais aussi d’emballages, de nutrition, de durabilité. La collaboration inter-entreprises est également une clé de succès : divers forums existent pour discuter des tendances locales et internationales, partager les bonnes pratiques et développer la recherche globale, ainsi que les synergies possibles. Eclosia a toujours cru fermement en la nécessité de rester ouvert, d’échanger, d’apprendre des autres : l’innovation ne se fait pas en silo ! D’ailleurs, notre convention annuelle, Eclosia Next, qui se tient en novembre, est, depuis cinq ans, consacrée à partager transversalement les innovations au sein du groupe.

Quelles tendances émergentes dans l'industrie alimentaire envisagez-vous d'exploiter ou de surveiller de près à l'avenir ?
Il y a essentiellement deux sujets d’importance. Le premier est la transition alimentaire. Nous le répétons depuis longtemps, les consommateurs veulent plus de transparence sur ce qu’ils mangent et comment cette nourriture qui se retrouve dans leur assiette est produite. Depuis six ans maintenant, avec le magazine Foodies, nous dialoguons, sans tabou, avec les consommateurs sur les enjeux de la production alimentaire, quitte à remettre en cause certains de nos produits ou process. Nos autres initiatives, sur l’éducation au goût ou la réduction du sucre s’inscrivent dans cette même veine. Nos produits autant que nos entreprises évoluent donc concrètement pour aider les consommateurs à manger mieux. 

La deuxième tendance à surveiller, ce sont les besoins alimentaires d’une population vieillissante. Le Silver Diet est un mélange de produits nostalgiques et de produits renforcés pour répondre à des carences en vitamines et nutriments. En Europe, c’est un marché en plein essor. Avec Maurice, c’est une réalité encore émergente avec laquelle composer.

Comment le groupe se prépare-t-il pour répondre aux besoins de la forte demande pour les périodes de fin d’année ?
Comme chaque année, nos entreprises prévoient les stocks qui seront nécessaires en vue de la période de fin d’année. À mi-octobre, les commandes sont déjà passées. Les équipes « Supply Chain » pilotent activement les stocks en fonction de la demande du marché. Nous sommes bien dans les temps, et auront tous les produits nécessaires, en quantité et surtout en qualité.

Quelles sont vos prévisions en termes de consommation et de croissance pour 2023 ?
La consommation a été un des moteurs économiques de Maurice depuis de longues années, et 2023 ne semble pas échapper à cette règle. Toutefois, nous devons tous, entreprise comme particulier, penser à investir pour l’avenir. Maurice a ses défis, comme tous les pays, mais n’oublions pas aussi toutes les opportunités, tout le potentiel qui existe dans notre région.

 

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