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Cherté de la vie et des produits pour bébé : dur, dur d’être parents… 

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La hausse des prix des produits de puériculture, comme les aliments et les couches pour bébé, complique la situation financière des jeunes parents. Ils témoignent de leurs difficultés, appelant le gouvernement à les aider à travers l’introduction de subsides, entre autres. 

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Mandy Moteea

La résignation. C’est un sentiment que ressentent de nombreux parents devant la cherté de la vie, couplée à la hausse des prix des produits pour bébé. Face à cette situation, disent-ils, ils n’ont d’autre choix que « se priver ». 

« Se priver, c’est le seul moyen de compenser cette hausse », fait comprendre Valérie Gopalsing, 38 ans. Maman d’un petit garçon de 2 ans, elle explique qu’elle ne peut rien faire d’autre qu’accepter de débourser plus pour acheter les produits dont son fils a besoin. « On ne peut tout simplement pas s’en passer », dit-elle.

N’empêche, poursuit la mère de famille, c’est un défi quotidien d’élever des enfants en bas âge. « Le coût de la vie a drastiquement augmenté de manière générale. Chez nous, on ne fait pas de compromis sur les produits pour bébé. De ce fait, en tant que parents, on se prive de tout ! C’est la triste réalité dans laquelle nous vivons rien que pour pouvoir garder la tête hors de l’eau », confie-t-elle.   

La nouvelle hausse des prix des produits pour bébé, qu’elle qualifie de « coup de massue », demandera de nouveaux sacrifices, poursuit Valérie Gopalsing. « Notre foyer est composé de trois personnes, deux adultes et un bébé. Nous devrons nous résoudre à réduire le budget du panier ménager de Rs 8 000 à Rs 5000 afin que notre fils puisse profiter de tout ce dont il a besoin », souligne-t-elle. 

Elle est catégorique : il n’est pas question de faire des compromis sur les produits auxquels son fils est habitué. « Opter pour des produits moins chers implique un compromis sur la qualité, parfois au détriment de la santé du bébé, comme c’est le cas pour les couches », explique-t-elle. Elle préfère donc utiliser des produits de qualité, même s’ils sont plus chers. « Au moins, je suis rassurée de ne pas exposer mon fils à des problèmes, comme des allergies par exemple. Essayer de faire des économies sur les produits pourrait avoir des répercussions à long terme », estime la maman. 

Idem pour les aliments pour bébé. « Nous tenons à cœur de nourrir notre enfant uniquement avec des produits frais, non-transformés et sains. Cela a un coût. En tant que parents, nous essayons de donner le meilleur à notre enfant, mais en toute honnêteté, c’est très difficile », confie Valérie Gopalsing.

Pour maintenir la tête hors de l’eau, cette employée du secteur de l’investissement confie avoir annulé au moins trois plans d’assurance. Malheureusement, malgré cela, elle peine à voir la lumière au bout du tunnel. « À l’heure actuelle, j’ai décidé de ne garder que l’assurance médicale que je paye personnellement à un prix exorbitant en retirant mon époux pour y mettre mon fils. C’est un choix. »

La trentenaire indique, dans la foulée, qu’elle vient de changer de travail. « J’attends d’être confirmée pour avoir une contribution professionnelle. » Toutefois, la cherté de la vie a eu plusieurs conséquences pour sa famille. « On ne peut plus se permettre d’entretenir la voiture, ça coûte un bras. On a même dû abandonner la construction de notre maison que nous avions commencée juste après la Covid-19, car les matériaux coûtent excessivement cher... »

On ne sait plus quoi couper pour vivre décemment. La vie, c’est métro-boulot-dodo. On ne vit plus, on survit !»

L’impact est réel sur le niveau de vie des jeunes parents, poursuit Valérie Gopalsing. En tant que contribuable, elle dit avoir le sentiment d’être laissée-pour-compte. « L’impact est catastrophique. Cette situation est une continuité de la période post-Covid. Les jeunes parents se serrent la ceinture. En parallèle, les prix s’envolent drastiquement. Aujourd’hui, on se résout à faire quelques courses de passage pour se concocter des repas. On limite les sorties. Ne parlons pas du budget pour le carburant. On conduit avec les yeux rivés sur la jauge à essence », relate la trentenaire. 

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Valérie Gopalsing en compagnie de son fils âgé de 2 ans, Illan.

Et pourtant, déplore Valérie Gopalsing, malgré tous les sacrifices, « on ne s’en sort toujours pas. Car pour couronner le tout, la hausse du taux directeur (NdlR, désormais Key Rate) nous a mis à terre ». Elle est excédée. « On ne sait plus quoi couper pour vivre décemment. La vie, c’est métro-boulot-dodo. On ne vit plus, on survit ! »

Mandy Moteea, 34 ans, ne dira pas le contraire. Selon la maman de Ryan, 5 ans, et Evan, 1 an, « il nous faut désormais faire une planification encore plus minutieuse de nos dépenses ». Elle refuse, elle aussi, de faire des compromis sur la qualité des produits pour bébé. 

« Ils sont fragiles et peuvent présenter des allergies au moindre changement, que ce soit des couches, des lingettes ou encore du lait et les céréales infantiles. Nous sommes obligés de faire avec, ce qui nous a poussés à revoir notre organisation budgétaire », partage-t-elle.

En effet, la préposée aux services financiers se résout à se serrer la ceinture afin de joindre les deux bouts. « Avec l’augmentation du coût de la vie, sans parler du prix de l’essence, nous avons forcément dû revoir nos dépenses et les planifier au détail près. Malheureusement, avec deux enfants, on ne peut pas faire de concessions sur les produits essentiels. On se retrouve toutefois à penser maintes fois avant de faire des dépenses non-planifiées », déclare-t-elle.  

Cette situation n’est pas sans conséquences sur le niveau de vie des Moteea. « Nous avons moins de marge pour l’épargne mais nous essayons quand même de faire quelques sorties de temps à autre, histoire de divertir les enfants », avance la maman. 

Hema, elle, le dit d’emblée : « Faire des épargnes est impossible avec le coût de la vie, couplé à la hausse des produits pour bébé. » À 39 ans, elle est la maman d’un bébé de 20 mois et d’un garçon de 7 ans. À l’annonce des nouvelles hausses des prix des produits pour bébé, elle se félicite d’avoir été prévoyante. 

En effet, devant les prix onéreux des produits pour bébé, elle a pris l’habitude de faire des achats en vrac lors des offres promotionnelles. « Je suis à l’affût des offres promotionnelles. Toutefois, les jeunes parents seront d’accord avec moi lorsque je dis qu’elles se font de plus en plus rares. De ce fait, lorsque l’occasion se présente, j’en profite pleinement pour acheter tous les produits nécessaires pour mon bébé en vrac. C’est une vraie bouée de sauvetage, car en temps normal, je paierais le triple pour les mêmes produits », affirme-t-elle.

Cela ne la met toutefois pas à l’abri des hausses de prix. « Quand notre stock est épuisé, nous n’avons d’autre choix que de payer le prix fort », déplore Hema. Lorsque c’est le cas, elle ne fait aucun compromis sur la qualité des produits qu’elle achète pour ses enfants, ayant déjà vécu une mauvaise expérience en essayant des alternatives de couches moins coûteuses. « La qualité n’est pas au rendez-vous », explique-t-elle. Il en est de même pour les aliments pour bébé. « Les bébés sont sensibles au changement des produits auxquels ils sont habitués », soutient Hema.

Comme bon nombre de parents ayant des enfants en bas âge, Hema, employée administrative, se trouve dans une situation financière difficile. Dans son foyer, cela se traduit par des coupes sévères dans les dépenses. « Nous n’arrivons plus à épargner car notre salaire est dépensé entièrement dans le panier de la ménagère. Les prix ont augmenté de plus de Rs 5 000. De plus, nous devons prévoir un budget pour les suppléments vitaminiques de nos enfants qui en ont régulièrement besoin. Nous devons nous priver pour subvenir aux besoins des enfants. Nous évitons de sortir et privilégions les repas faits maison. Sortir avec deux enfants est aujourd’hui un luxe », commente Hema.

Devant cette situation « décourageante », la maman évoque le nécessité d’introduire des subsides sur les produits pour bébé. « Le gouvernement demande aux Mauriciens d’avoir plus d’enfants pour régler le problème du vieillissement de la population. Mais le constat est que la situation qui prévaut, avec le coût exorbitant d’élever des enfants, entraîne une baisse des naissances ! Il faut apporter des solutions, notamment en introduisant des subsides sur les produits pour bébé afin de soulager les jeunes parents et d’encourager les jeunes à faire des enfants », suggère Hema. 

Produits pour bébés : les prix pratiqués en grandes surfaces   

Aliments   
Produits  Prix
Blédina pots 130 g Entre 43 et Rs 51 (dépendant des saveurs)  
Blédina pots 200 g Entre Rs 58 et Rs 74  
Blédine céréales infantiles 250g Entre Rs 114 et Rs 123   
Blédine céréales infantiles 400 g Entre Rs 136 et Rs 143  

Couches 

•    Mignon : Rs 410 en moyenne 
•    Bébé Calin  ECO Jumbo x 56 : Rs 451
•    Bébé Calin Sensitive Midi x 48 : Rs 472,50 
•    Shee Shee Diapers x 54 : Rs 487 
•    Bebe dou classix x 40 : Rs 380 
•    Pampers Dry Max : Rs 619 
•    Huggies Gold Jumbo Pack : Rs 599

Lait infantile 

•    Nutricia Aptamil Premium 400g : Rs 260
•    Anchor Pedio Pro 700g : Rs 391 
•    Nan Protect Grow 400g : Rs 230 
•    Bledi Junior 800g : Rs 400 
•    Bledilait Croissance 400g : Rs 228
•    France Lait 900g : Rs 460 
•    AptaJunior 900g : Rs 596 
•    Nursie Confort 2 (400g) : Rs 253 
•    Nursie Confort 2 (900g) : Rs 479
 

Astuces et produits alternatifs à considérer 

Face à la situation économique difficile, les bonnes affaires ne sont pas de refus. Voici quelques astuces et des produits alternatifs, moins coûteux à prendre en considération qui pourraient permettre de soulager leur portefeuille.

S’adonner à des pratiques « Do it Yourself », notamment pour les repas pour bébé. On en trouve facilement sur la Toile sur tplusieurs plateformes comme YouTube ou TikTok.

Utiliser des langes/couches lavables que l’on peut recycler. Non seulement cela permet de réduire les déchets, mais c’est aussi économique. Cela permet aux parents de réduire le budget consacré aux couches jetables de moitié. 

Adopter une approche écologique en faisant soi-même les crèmes pour son petit bout de chou. Pour les rougeurs et l’hydratation, le mélange huile de coco - argile blanche peut être une solution.

Opter pour l’achat des produits de puériculture d’occasion sur les sites de ventes en ligne, notamment pour les vêtements, les mobiliers et les accessoires.

Mettre à profit son réseau pour pratiquer l’art de la récupération entre jeunes parents. Ils peuvent recycler les mobiliers et accessoires entre eux.

Ces nombreuses conséquences

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Ibrahim Koodoruth, sociologue.

Quelles sont les conséquences à long terme de la cherté des produits pour bébé associée à la hausse du coût de la vie ? Le sociologue Ibrahim Koodoruth et l’économiste Sanjay Matadeen se penchent sur la question.

Qualité de vie compromise

Le sociologue Ibrahim Koodoruth souligne d’emblée que la hausse des prix des produits pour bébé est plus difficile à supporter pour certains parents que pour d’autres. Ils sont contraints de modifier leurs habitudes d’achat en matière de produits pour bébé. « Certains parents optent pour des produits moins chers. Ils peuvent aussi utiliser ces produits moins fréquemment, ce qui pourrait poser un problème de santé à long terme. »

Un autre aspect à considérer, selon Ibrahim Koodoruth, est le coût des visites médicales. « Les parents qui cherchent les meilleurs soins pour leurs enfants se tournent généralement vers les cliniques privées. Cependant, ces coûts ne sont pas accessibles à tous les parents. Par conséquent, en cas de besoin d’hospitalisation, certains s’endettent au nom de la santé de leurs enfants. »

L’autre cas de figure est l’utilisation de remèdes de grand-mère dont ils ne maîtrisent peut-être pas l’utilisation. « Une méconnaissance de l’utilisation de ces remèdes peut entraîner des conséquences fâcheuses sur la santé de l’enfant en question. »

L’économiste Sanjay Matadeen met lui aussi l’accent sur l’impact sur la santé, mettant en garde contre la pauvreté alimentaire qui guette les nouveaux parents qui n’ont pas de revenus conséquents. Face à la cherté des produits pour bébé, ils optent pour des alternatives alimentaires moins chères, et réduisent leurs activités sportives et de loisirs. Ce sont des compromis faits au détriment de leur bien-être et de leur santé. 

Épargne en baisse

Avec l’inflation, la hausse du coût de vie, la dépréciation de la roupie et la hausse du taux directeur, le sociologue Ibrahim Koodoruth observe une difficulté grandissante à faire des économies. « Les jeunes parents souffrent. » 

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Sanjay Matadeen, économiste.

Détérioration de la relation parent-enfant et de la santé mentale

Cette situation peut également avoir un impact sur la relation parent-enfant, souligne le sociologue. Devant la cherté de la vie, les parents sont nombreux à devoir travailler davantage pour pouvoir subvenir aux besoins de leurs enfants. 

« Il peut arriver que la relation parent-enfant se détériore car les besoins émotionnels passent au second plan. En parallèle, le parent est également affecté par son indisponibilité à passer du temps avec son enfant qui grandit sans lui », expose Ibrahim Koodoruth. D’autre part, dit le sociologue, la pression accrue exercée sur les jeunes parents peut finir par avoir un impact sur leur santé mentale. 

L’économiste Sanjay Matadeen fait le même constat. Certains parents doivent enchaîner les heures supplémentaires ou même prendre un deuxième emploi, voire entreprendre du travail en freelance pour subvenir aux besoins de leurs bébés, observe-t-il. « Ironiquement, pour offrir ce qu’il y a de mieux à leurs bébés, les parents doivent travailler plus d’heures et les laisser ainsi que leurs autres enfants aux soins d’autres personnes, comme des crèches. Les parents ne passent pas suffisamment de temps de qualité avec leurs enfants, ce qui finit par engendrer des problèmes sociaux croissants dans notre pays. En contrepartie, les gens sont aussi fatigués, frustrés et deviennent moins productifs », analyse-t-il.

Baisse des naissances

La baisse de la natalité est un phénomène mondial. Maurice n’est pas épargné. Et face à la cherté de la vie, Sanjay Matadeen affirme que cette tendance ne s’inversera pas de sitôt. L’économiste tire la sonnette d’alarme sur les conséquences qui se font d’ailleurs déjà sentir dans plusieurs secteurs clés de l’économie mauricienne. « Nous sommes déjà confrontés aux conséquences du vieillissement de la population. À l’heure actuelle, il y a une pénurie de main-d’œuvre locale pour travailler dans divers secteurs de l’économie, dont l’agriculture, la fabrication, l’hôtellerie et la construction. »

Les solutions possibles

Pour soulager les jeunes parents ainsi que les futurs parents, le sociologue Ibrahim Koodoruth insiste sur l’importance pour le gouvernement de trouver des moyens de réduire les dépenses liées à élever des enfants, afin d’encourager les jeunes couples à en avoir. « Il serait souhaitable que toutes les taxes sur les produits pour bébé soient abolies dans le prochain Budget », déclare-t-il, ajoutant que des subventions devraient être mises en place pour ces produits. S’il n’y a pas d’amélioration, prévient-il, « le problème du vieillissement de la population ne fera qu’empirer ».

L’économiste Sanjay Matadeen propose deux solutions à court et long terme. « Le gouvernement doit mettre en place des mesures pour augmenter le pouvoir d’achat des familles mauriciennes, notamment en luttant contre l’inflation en temps opportun et en travaillant à renforcer la roupie. À court terme, l’État devrait intervenir en fournissant des subventions pour les produits pour bébé et des incitations financières ou une aide directe aux nouveaux parents. »

 

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