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Congés forcés depuis le début d’année : les conséquences sur la productivité et sur l’économie

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Tahir Wahab.

Depuis le début de l’année, Maurice a été confronté à plusieurs congés forcés en raison des cyclones et des fortes pluies. Ces événements climatiques ont eu des répercussions significatives sur la productivité des entreprises et sur l’économie dans son ensemble. Pourra-t-on rattraper le retard accumulé ? Le point.

La fermeture des entreprises entraîne un arrêt des opérations créant une perte directe de productivité et affectant la compétitivité des entreprises locales, d’autant plus qu’il y a maintenant une augmentation du coût des affaires, notamment avec l’augmentation du salaire minimum.

C’est du moins l’avis de l’observateur économique, Tahir Wahab. « Les petites et moyennes entreprises souffriront sans aucun doute et auront une capacité limitée pour absorber ce manque à gagner », estime-t-il.

De plus, notre interlocuteur avance qu’il existe des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement. Il devient alors difficile pour les entreprises de recevoir des matières premières en temps voulu pour maintenir une production constante. « Cela peut entraîner des retards dans la production et la livraison. Ce qui a encore un impact sur la productivité », ajoute-t-il.

De même, il avance que ceux qui travaillent à domicile peuvent être confrontés à des perturbations personnelles ou à des dommages à leur domicile, affectant leur concentration et leur productivité.

Le manque à gagner pour les entreprises

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Ravi Gutty.

Textile

Le textile est l’un des secteurs les plus affectés pendant ces congés forcés, selon Ajay Beedasee, président de SME Chambers. En effet, il explique que les entreprises établissent déjà un calendrier de production et ont des commandes à livrer à des dates précises. « Ainsi, un jour de congé forcé peut perturber toute la ligne de production », dit-il. Il avance que cela représente d’énormes pertes pour les entreprises. « Il faudra payer les travailleurs normalement pour un jour où il n’y a aucune production », déplore-t-il.

Cependant, il avance que les entreprises ont l’obligation de maintenir de bonnes relations avec les clients. « Ainsi, pour pouvoir rattraper le retard et respecter le délai, on demande aux travailleurs de faire des heures supplémentaires. C’est un autre coût additionnel à absorber », fait comprendre Ajay Beedasee.

Commerce

Concernant le secteur du commerce, Dominique Filleul, président de la General Retailers Association, affirme que si les congés forcés surviennent en début d’année, les impacts ne sont pas aussi conséquents sur les activités. « En effet, comme chaque année, les mois de janvier et février sont généralement moroses. Donc, les conséquences sont moindres par rapport aux congés forcés en fin d’année », explique-t-il. Cependant, il affirme que comme pour tous les autres secteurs de l’économie, les congés forcés représentent un coût pour les opérateurs dans le commerce.

Construction

Il en va de même pour le secteur de la construction. Ravi Gutty, président de la Building and Civil Engineering Contractors Association (BACECA), explique que les entreprises sont contraintes de fermer temporairement lors de ces congés forcés, ce qui entraîne souvent un arrêt complet des opérations. « Les intempéries peuvent perturber les chaînes d’approvisionnement et retarder les livraisons de matériaux, ce qui peut retarder les projets en cours et affecter les délais de livraison », dit-il.

Par ailleurs, il soutient que cette situation a un impact négatif sur le moral des employés. « La préoccupation pour la sécurité personnelle et la santé des proches peut distraire les employés et réduire leur concentration et leur efficacité au travail », fait-il comprendre. Ainsi, il souligne que les congés forcés entraînent des coûts financiers supplémentaires tels que les pertes de revenus, les coûts de réparation et les dépenses liées à la sécurité.

Impact sur l’économie en général 

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Ajay Beedasee.

Qui dit ralentissement des activités économiques, dit baisse des recettes du gouvernement. Tahir Wahab explique que des secteurs tels que les exportations, le tourisme, l’agriculture, l’industrie manufacturière et la construction pourraient connaître une baisse de leur production, entraînant aussi une baisse de la croissance du Produit Intérieur Brut (PIB).

De plus, poursuit-il, le gouvernement doit souvent investir dans les efforts de secours et de réhabilitation après les cyclones et les inondations. Ce qui occasionnera encore des dépenses pour la réparation des infrastructures, l’assistance aux personnes touchées et le déploiement de ressources pour la gestion des catastrophes. « Ces augmentations des dépenses publiques peuvent peser sur le budget du gouvernement et avoir un impact sur d’autres projets de développement », soutient-il.

Pour sa part, Dominique Filleul affirme que lorsque les entreprises sont affectées, l’impact se fera éventuellement ressentir sur l’économie à travers une baisse de revenus et de croissance. Ajay Beedasee abonde dans le même sens. « Il n’y a pas à sortir de là. Peu importe le secteur d’activité, les entreprises représentent l’économie du pays. Ainsi, si elles font face à des difficultés, c’est l’économie dans son ensemble qui en souffrira », prévient-il.

Les recommandations pour minimiser les pertes

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Dominique Filleul.

Afin de minimiser les pertes face à ces catastrophes naturelles fréquentes, Dominique Filleul est d’avis qu’il faut d’abord sécuriser les infrastructures sur le lieu de travail. « Par exemple, pour les magasins, nous nous efforçons de rendre les vitrines plus solides et de nous assurer qu’il n’y a pas d’infiltration d’eau à l’intérieur des magasins », dit-il. Selon lui, il faut réduire en premier lieu les coûts liés aux dégâts matériels.

Par ailleurs, il souligne que les commerces peuvent offrir le service de vente en ligne pendant les intempéries. « D’ailleurs, c’est une opportunité à saisir. Étant à la maison, les gens ont plus de temps pour surfer sur les sites de commerce et faire leurs achats », dit-il. 


Pour sa part, Ajay Beedasee explique que toutes les activités ne peuvent être effectuées à distance. « Afin de soulager les entreprises, je pense que le gouvernement peut apporter son soutien pour payer les salaires des employés pendant les intempéries », soutient le président de SME Mauritius. De son côté, Ravi Gutty estime qu’il est important de maintenir une communication proactive avec les employés, les clients et les fournisseurs pendant les périodes de congés forcés. « Il faut fournir des mises à jour régulières sur la situation et discuter des plans de reprise, entre autres », dit-il.

En outre, il estime qu’il y a un besoin d’adopter des politiques de travail flexibles, telles que le travail à distance pour permettre aux employés de continuer à travailler dans la mesure du possible, ainsi que la mise en place d’horaires de travail alternatifs (équipes en rotation) pour rattraper les retards.

Pour sa part, Tahir Wahab avance que les entreprises encouragent déjà leurs employés à travailler à distance en utilisant la technologie. Cela, dit-il, permet aux employés de poursuivre leur travail depuis leur domicile, garantissant ainsi que la productivité ne soit pas complètement interrompue. « Cependant, dans l’hôtellerie et le secteur manufacturier où la présence physique est importante, les employeurs peuvent adopter des horaires de travail flexibles et inclure l’ajustement des horaires de travail, l’autorisation du travail à temps partiel ou la mise en œuvre de rotations d’équipes pour garantir la continuité des opérations et un minimum de perturbations », suggère l’observateur économique.

Questions à …
Imrith Ramtohul, observateur économique : « L’impact négatif sera atténué si les employés peuvent travailler à distance »

 

imrithIl y a eu plusieurs congés en ce début d’année en raison des cyclones et des inondations. Comment ces interruptions affectent-elles la productivité des entreprises et des travailleurs ?

Il est probable qu’il y ait une baisse de la productivité et de l’activité économique. Certaines entreprises pourraient être incapables de respecter les délais convenus précédemment concernant la production ou la prestation de services. L’impact négatif pourrait cependant être moindre si les employés sont en mesure de travailler depuis leur domicile et s’il n’y a pas de coupures de courant.

Bien qu’il puisse être tentant de reprendre rapidement les activités après de tels événements, il est préférable d’éviter de presser des employés déjà stressés pour rattraper les délais manqués. Ils ne pourront se concentrer sur leur travail que lorsque leur propre situation personnelle se sera améliorée ou stabilisée. À mon avis, un peu de compassion est nécessaire pendant de telles périodes difficiles.

Quelles sont les conséquences de ces congés forcés sur l’économie ?

Les entreprises qui ne proposent pas le télétravail (Work from home) seront probablement affectées de manière négative, comme mentionné ci-dessus. Il y a un coût d’opportunité pour l’économie en termes de production perdue. L’impact économique réel de ces « congés forcés » est cependant très difficile à quantifier.

À mon avis, même le télétravail ne garantit pas toujours une productivité accrue. L’employé pourrait toujours être stressé à la maison en raison du cyclone et des inondations. De plus, il n’y a aucune garantie que l’électricité ou la connexion internet seront disponibles en continu. Une activité économique plus faible pourrait donc entraîner une croissance économique réduite, du moins à court terme.


Quelles sont les stratégies que les entreprises peuvent mettre en œuvre pour minimiser les pertes de productivité pendant les périodes de congé forcé?

Avoir un plan de continuité des activités bien élaboré aidera. Les entreprises devraient envisager de manière proactive les actions qui peuvent être prises pour prévenir ou réduire les effets négatifs probables des cyclones/pluies torrentielles et prendre des mesures pour se remettre rapidement des événements inévitables.

Par exemple, l’entreprise devrait-elle rester ouverte plus longtemps juste après un cyclone ? Une bonne communication est également très importante avant et après les intempéries. Les entreprises pourraient également avoir besoin de communiquer avec d’autres parties prenantes avant, pendant et après un cyclone ou une inondation pour des questions urgentes. Une telle communication pourrait cependant être difficile s’il y a des coupures de courant ou des interruptions de connexion internet.
 


 

 

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