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Etat d'urgence dans tout le Pérou, Castillo reste en prison

Un partisan de l'ancien président péruvien Pedro Castillo participe à une manifestation demandant sa libération devant la dépendance de la police DIROES à Ate, à l'est de Lima, où Castillo est détenu, le 14 décembre 2022. L'ancien président péruvien Pedro Castillo, accusé de "rébellion" et de "complot", restera détenu dans une base de police après qu'une cour d'appel a déclaré sa demande de liberté infondée mardi, alors que les manifestations qui ont fait sept morts et 200 blessés se poursuivent. (Photo de MARTIN BERNETTI / AFP)

L'état d'urgence est en vigueur jeudi au Pérou où le mouvement de contestation depuis la destitution du président Pedro Castillo ne faiblit pas, après des manifestations qui ont fait sept morts et 200 blessés, malgré la proposition des autorités d'avancer le calendrier électoral.

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Les manifestations violentes sont allées crescendo depuis la destitution du chef de l'Etat. Outre la libération de M. Castillo, les manifestants exigent la démission de la présidente Dina Boluarte -issue du même parti radical de gauche que lui- et la dissolution du Parlement.

"L'état d'urgence est décrété dans tout le pays pour trente jours (...) Il faut une réponse énergique avec autorité" face aux violences, a lancé mercredi le ministre de la Défense Alberto Otarola, soulignant que la mesure comprenait "la suspension de la liberté de circuler et de réunion" avec "possibilité de couvre-feu".

"La police avec le soutien des forces armées aura le contrôle de tout le territoire", a-t-il précisé, l'état d'urgence permettant notamment à l'armée d’intervenir dans le maintien de l'ordre.

Le gouvernement avait déjà décrété l'Etat d'urgence lundi dans plusieurs provinces, puis l'avait étendu mardi.

- Concessions -

Débordé par les manifestations qui se poursuivent, le pouvoir tente de sortir de la crise soufflant le chaud et le froid.

Parallèlement, la présidente Dina Boluarte --qui était la vice-présidente de Castillo jusqu'à sa tentative ratée de dissolution du Parlement-- a annoncé vouloir à nouveau avancer le calendrier électoral.

Elle a affirmé que le gouvernement, le Parlement et l'organisme électoral faisaient des "ajustements" afin "d'avancer les élections à décembre 2023", précisant qu'"avant cette date, ça ne marche pas légalement. Il faut que nous restions dans le cadre légal".

Mme Boluarte, qui cristallise sur sa personne une partie du mécontentement, s'était déjà engagée dimanche à les avancer de 2026 à avril 2024, sans pour autant enrayer les protestations. Elle est elle même concernée par la mesure : son mandat court théoriquement jusqu'en 2026, M. Castillo ayant élu en 2021 pour cinq ans.

Le mobilisation restait forte mercredi avec de nombreuses routes bloquées. La police avait mardi soir comptabilisé des rassemblements dans 14 des 24 régions du pays. La partie sud du pays, notamment la zone touristique de Cuzco, et celle au nord restent les zones les plus touchées.

Le train reliant Cuzco et la citadelle inca du Machu Picchu, le joyau touristique du Pérou, est suspendu depuis mardi en raison des troubles.

Selon la municipalité de Machu Picchu, quelque 779 touristes de différentes nationalités sont bloqués depuis mardi. Le maire, Darwin Baca, a demandé de l'aide pour les évacuer.

"Nous ne pouvons pas retourner à Cuzco ni partir pour un autre pays à cause des manifestations. Je suis avec des enfants, pour moi c'est un problème", a déclaré à l'AFP Gale Dut, une touriste israélienne.

Les aéroports de Cuzco mais aussi Juliaca (sud) et Puno près de la Bolivie ont été fermés mercredi "par précaution".

À Arequipa, deuxième ville du pays, les militaires protégeaient l’aéroport et les bâtiments public pour dissuader d'éventuelles attaques.

A Lima, à l'image des derniers jours, des échauffourées ont eu lieu mardi en soirée entre policiers et manifestants près du Parlement.

- Bataille juridique -

L'ancien président restera en prison dans sa caserne située à Até (est de Lima). Le juge qui devait statuer mercredi sur la demande de détention préventive de 18 mois déposée par le Parquet pendant la nuit, a accordé un délai à la défense.

Mais il a maintenu le président en détention pour 48 heures supplémentaires.

La Cour suprême avait ordonné le 7 décembre la détention provisoire de M. Castillo pour sept jours. Il devait en théorie sortir mercredi.

L'ex-président, qui avait juré "je ne renoncerai jamais" lors d'une précédente audience, avait appelé ses partisans à l'accueillir à sa sortie de prison.

"Ça suffit ! L'outrage, l'humiliation et les mauvais traitements se poursuivent. Aujourd'hui, il me privent à nouveau de liberté pour 18 mois. Je demande à la CIDH (Commission interaméricaine des droits de l'Homme) d'intercéder pour mes droits et ceux de mes frères et soeurs péruviens qui demandent justice", a-t-il écrit sur son compte Twitter officiel.

"Je vous tiens, juges et procureurs, responsables de ce qui se passe dans le pays. +Seul le peuple sauve le peuple+," conclut-il.

Devant la caserne, une centaine de personnes scandaient des slogans en sa faveur.

"Nous resterons ici jusqu'à ce que notre président sorte et retourne à son fauteuil présidentiel au Palais", promet Roxana Figueroa, 59 ans, assistante sociale.

Le 7 décembre, M. Castillo, 53 ans, avait ordonné la dissolution du Parlement qui avait peu après voté, à une large majorité, sa destitution pour "incapacité morale". Il avait vainement tenté de trouver refuge dans l’ambassade du Mexique et été  arrêté.


© Agence France-Presse

 

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