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Facebook - Offre de prêts: un attrape-nigaud

Ils inondent la Toile d’offres de prêts. Tant sur des profils individuels que sur des groupes, on les voit partout. Un réseau bien huilé d’arnaqueurs proposent des prêts sur Facebook, en un click. C’est le rêve : fini les traditionnels recours aux banques pour des facilités financières. Plus besoin de garant. Si les plus avertis ignorent ces « spams » d’autres y voient l’occasion d’obtenir de l’argent à bon compte. Plusieurs Mauriciens ont ainsi été bernés. Jonathan s’est fait plumé alors qu’il croyait à une aubaine. Il a eu affaire à Felix Deschamps, qui proposait un taux d’intérêt alléchant de 2 %. Le bienfaiteur proposait des prêts remboursables sur… 40 ans. Avec une telle offre, l’escroc n’a pas manqué de susciter de l’intérêt. « Début décembre, j’ai reçu une demande d’ami de la part d’un internaute. C’était une femme. Je n’ai pas répondu », explique cet habitant de Pointe-aux-Sables. « Par la suite, elle m’a envoyé un message. Elle prétendait être une ancienne élève du collège que fréquentait ma sœur. Elle n’a pas tardé à m’expliquer qu’elle avait reçu un prêt de Rs 900 000 d’un certain Félix. Elle m’a demandé de lui envoyer un ‘friend request’ si j’étais intéressé. C’est ce que j’ai fait », indique Jonathan.
Intrigué, le jeune homme adresse un message au prêteur. Il veut des précisions. Les échanges commencent. Le prêteur lui donne son adresse mail. « Il parlait avec assurance », dit Jonathan. Très vite son interlocuteur lui envoie les conditions. « Il m’a dit qu’il vit en France. Je lui ai dit que j’avais besoin de Rs 150 000 pour m’acheter une voiture. Il m’a demandé de payer une assurance pour un montant de Rs 11 040. Je devais payer une mensualité de Rs 2 600 sur cinq ans. J’ai emprunté auprès de mes proches pour avoir la somme que j’ai transféré via Money Gram », dit le jeune homme. Le lendemain, il envoie de nouveau Rs 10 000. « Il m’a affirmé que c’était pour activer les procédures. J’avais un souci avec ma banque, je lui ai donné le numéro de compte de ma femme, mais une nouvelle fois, il m’a réclamé de l’argent », explique Jonathan. Au total, il a déboursé Rs 42 000 pour son prêt, mais un mois plus tard, il poireaute toujours. Lundi, il s’est rendu au CCID pour porter plainte. Un limier de la Cyber Crime Unit nous explique que c’est une technique parmi tant d’autres pour appâter les victimes. « Nous avons un cas où une voiture de 2009 a été vendue sur Facebook à Rs 90 000 », explique l’officier. L’annonce sur le réseau ne donne aucun renseignement, sauf une adresse mail pour prendre contact. « Une fois le contact établi, le vendeur installe une certaine confiance entre vous et lui. Il explique qu’il n’est pas à Maurice et dès que l’argent est transféré, il enverra un ami livrer la voiture. Mais tout cela n’est qu’un attrape-nigaud », ajoute le policier. Autre moyen : l’établissement d’un lien (link) qui donne accès aux données personnelles de l’internaute. « Il existe des liens à caractère pornographiques sur le réseau. Cliquez dessus, le lien ne s’ouvrira jamais, mais une fois que c’est fait, ce pirate a directement accès à vos données personnelles, y compris votre compte bancaire ».

Noor Soormally: « Prévenez les autorités immédiatement »

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"8064","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-14230","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"800","height":"960","alt":"Noor Soormally"}}]] Si un profil paraît suspect, prévenez les autorités sur-le-champ, indique Noor Soormally, assistant-directeur de la Whitefield Business School. Ce spécialiste en informatique prodigue quelques conseils. « Si vous trouvez un compte Facebook suspect sur votre liste d’amis, la première chose à faire, c’est d’utiliser ‘Use Reverse Image Search’. Cela permet de voir si des photos similaires sont disponibles sur Internet. La plupart des faux profils sont créés avec l’identité d’une fille. Avec un beau visage sur le profil, vous pouvez même trouver le numéro de téléphone. Méfiez-vous ! » avertit Noor Soormally. Les précautions à prendre : « Si un profil paraît suspect, il faut rapporter le faux profil aux autorités. Il est possible de se prévenir contre de tels individus. Vérifiez toujours si vos sessions sont actives. Si tel est le cas, il y a des risques, sinon cliquer sur End Activity. Si vous avez des doutes, changer votre mot de passe ».

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Toutefois, explique cet enquêteur, le nombre de victimes qui portent plainte n’a pas progressé ces deux dernières années. « La plupart du temps, ce sont des jeunes qui viennent nous voir. Mais tous ne portent pas plainte. Ils sont nombreux à se faire ainsi arnaquer sur Facebook chaque année », dit-il. Retracer ces escrocs du web n’est guère chose aisée. Il faut réclamer un Judge’s order en Cour suprême. « Il faut passer par Interpol, ce qui prend souvent plus un mois. Parfois, les délinquants du net utilisent divers serveurs, ce qui rend leur traque difficile… » laisse entendre le policier.  
 

Le Défi Plus l’a testé: «Soyez sans crainte, faites-moi confiance»

Un journaliste du Défi Plus s’est fait passer pour un internaute à la recherche d’un prêt. Nous avons contacté le dénommé Félix. Nous lui adressons un courriel pour lui faire part de notre urgent besoin d’argent. « J’ai tenté en vain auprès de ma banque », confie le journaliste. Le préteur répond vite. « Nous sommes disposés à vous octroyer un prêt si vous respectez nos conditions. Le taux d’intérêt est de 2%. Vous aurez l’argent dans un délai de 48 heures. Nous sommes un financier légal, reconnu et autorisé par l’État, donc vous n’avez rien à craindre »,  rassure Félix. Son courriel précise les conditions, deux fiches sont annexées, une pour les détails personnels de la personne (nom, prénoms, adresse, profession) et une autre pour le numéro de compte bancaire, le montant, le type et la durée du prêt. Il ajoute : « Le premier versement mensuel sera effectué 90 jours après le déboursement du prêt. Chaque versement sera effectué à la fin du mois. Le versement est laissé à votre choix, à vous de voir combien vous pouvez verser à la fin du mois pour vous permettre une vie paisible ». Les deux fiches sont remplies par le journaliste. Il explique avoir besoin de Rs 600 000 pour des travaux de construction. Pour le numéro de compte bancaire, il informe son interlocuteur que son compte a été désactivé temporairement et qu’il fera le nécessaire lundi. Puis, il lui demande : «Comment être sûr d’avoir l’argent ? » Le prêteur répond 30 minutes après : « Dans trois jours au plus, vous toucherez votre prêt si vous respectez ce que je vous dis. Faites-moi confiance, je suis dans le secteur depuis neuf ans ». Le prochain mail informe notre journaliste que pour Rs 600 000, il aura 96 mois de remboursement avec un taux annuel de 2 % et une mensualité de Rs 6768.52. Le prêteur insiste pour qu’on l’informe au plus vite des démarches auprès de la banque. Pour le déboursement du prêt, le client devra payer Rs 15 500 pour l’assurance. « Vous aurez seulement à payer votre contrat d’assurance qui vous protège en cas de maladie ou de non-respect des mensualités. Ces frais vous protègent et sont obligatoires. C’est pour votre bien que la banque exige ces frais. Si vous êtes d’accord, dites-moi si les paramètres du crédit vous conviennent… ». Le journaliste insiste pour revoir le montant de l’assurance : «Non monsieur, car cela vous protège. De plus, après le remboursement de votre prêt, la banque vous retournera vos Rs 15 500 », précise le prêteur. Le journaliste alors prend congé de son interlocuteur qui attend toujours sa confirmation.
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