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Faits divers - Retombées de ces cas qui ont marqué 2021 : entre remords, angoisse et détresse…

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Pas un jour ne se passe sans qu’il n’y ait un faits divers. Mais pratiquement chaque semaine, un cas polarise l’attention. Qu’il soit un accident fatal, un crime ou une agression atroce. Le Défi Plus revient sur quelques-uns de ces cas poignants en rencontrant des protagonistes ou des proches des victimes.

Double meurtre à Mare-d'Albert - Nisha, sœur d’Hema Coonjoobeharry : «Tou le zour nou plore»

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Hema et Umyaad.

Umyaad Ayryaz Ebrahim, 37 ans, est accusé provisoirement d’avoir tué et enterré deux de ses petites amies âgées de 40 ans.

Il aurait été un séducteur très actif sur Facebook et montrait un comportement affectueux et attentionné envers la gent féminine. Il utilisait de faux noms sur Facebook et il est accusé d’avoir tué et enterré deux femmes à Mare-d’Albert. Il y travaillait comme gardien d’un verger de letchi.  

Il aurait attiré ses proies en utilisant le réseau social. Il aurait un penchant pour les femmes dans la quarantaine qui sont séparées de leur époux. En mai dernier, la Major Crime Investigation Team, dirigée par l’assistant-surintendant de police Seebaruth, est saisie d’une enquête sur la disparition de Zahirah Ramputh. C’est une mère de famille âgée de 40 ans qui habitait la capitale. Ses proches rongés d’inquiétude après sa disparition apprennent qu’elle a été tuée et enterrée par son compagnon Umyaad Ayryaz Ebrahim.  

Celui-ci a été arrêté et confronté aux preuves par les enquêteurs. Il a conduit les policiers dans un verger de letchi à Mare-d’Albert. Et il leur a montré l’endroit où il avait enterré Zahira Ramputh. La police a trouvé les restes de celle-ci le vendredi 28 mai.

Le lendemain, la police est retournée à Mare-d’Albert et a barricadé ce verger de letchi. Car les enquêteurs étaient en présence d’informations que le lieu cachait d’autres cadavres.

La police a alors ouvert une enquête sur la disparition d’une seconde femme : Hema Coonjobeeharry. Elle était aussi la petite amie d’Ayryaz Ebrahim. Mais, ce dernier se faisait appeler Abhi auprès d’elle.

Depuis le 10 mai, jour de son anniversaire de 40 ans, cette mère de famille séparée de son époux se trouvait en compagnie du présumé meurtrier. Depuis cette date, ses proches étaient sans nouvelle d’elle. Mais ils savaient qu’elle était aux côtés d’un homme qui s’appelait Abhi.

Inquiets, les proches d’Hema Coonjobeeharry ont sollicité l’aide des amies d’Abhi sur Facebook pour la retrouver. « Enn tifi ladan inn dir nou ki misie la inn dir linn touy enn madame e lin anter li », raconte la sœur d’Hema.

Lors d’une autre fouille dans le verger de letchi, la police a déterré le cadavre d’Hema Coonjobeeharry. Chez les proches de cette dernière à Bambous, la vie s’est arrêtée avec sa disparition. 

Mo mazinn mo ser mo plore

« Sa lane 2021 la pa bon ditou, tou le zour nou plore », dit Nisha, la sœur d’Hema. Elle explique que sa mère et d’autres membres de sa famille sont très affligés par ce crime.

« Mo ser pa ti merit enn lamor komsa, tou le zour nou koz Hema so koze dan lakaz. Nou get so foto, mo koz ar li tou mo dir li tou letan to pou res dan mo leker, kan mo sorti travay mo mazinn mo ser mo plore », ajoute-t-elle.

Elle déclare que l’état de santé de sa mère s’est dégradé à la suite de ce drame. « Mo mama ti bizin rest dan klinik, li ti tro strese ek malad. » Les proches d’Hema réclament que la justice soit sévère à l’encontre de son meurtrier. « Ti bizin ena la loi pandi. Li pe asize, manze bwar dan prizon. Pena ene la loi sever dan Moris. » 

Même cri de colère, dans la capitale où vivent les proches de Zahira Ramputh. Ceux-ci sont inconsolables, huit mois après sa mort. « Mertrye la bizin pa gagn oken kosyon. Bizin kondan li avi. Li pann per pou touy dimoun. Ena plizyer fami inn perdi zot zanfan », déclare la nièce de Zahira Ramputh. 

La disparition de sa tante laisse un grand vide dans la vie de sa famille. « Li ti tou le zour avek nou dan bann fet, nou res mazin li bokou, nou plore Tou les tanto li ti pe vinn get so mama », explique-t-elle. 

Le présumé meurtrier sur son profil Facebook avait, semble-t-il, été pris de remords après ce double drame. À la mi-mai il avait écrit : « I deserve capital punishment, isn’t it? » Une de ses amies sur Facebook lui avait répondu : « Yes u deserve it ». 

La psychologue Vidhi Bekaroo meurt après un accident : « En 2021, elle prévoyait d’aller en Allemagne pour une maîtrise », regrette ses proches

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Vidhi Bekaroo laisse un grand vide pour ses proches.

Le début de l’année 2021 a été marqué par une tragédie pour la famille Bekaroo, à Beau Plateau, Cottage. Veedisha Bekaroo, 27 ans, connue comme Vidhi, exerçait comme psychologue. La jeune femme, qui était destinée à un brillant avenir, a rendu l’âme le 6 janvier. Cela, après avoir été victime d’un terrible accident survenu à Le Morne, un mois plus tôt. 

Bientôt un an que cette jeune femme, appréciée par son entourage, a quitté ce monde. Ses parents Rajen et Kavita, de même que son frère Yash, 32 ans, arrivent difficilement à tourner la page. Vidhi était la fierté de la famille. Il ne se passe pas un jour sans que ses proches ne pensent à elle. 

« Elle avait une passion pour la psychologie. Elle pratiquait ce métier avec beaucoup d’amour », dit la mère.

Pour 2021, Vidhi avait des projets plein la tête. « Elle devait faire son master et avait déjà prévu de se rendre en Allemagne pour poursuivre ses études au mois de mars », relate son frère Yash. La jeune femme devait y rejoindre son fiancé, étudiant en médecine.

« Ma fille avait déjà tout prévu », ajoute Kavita. Celle-ci se rappelle que durant la période de fin d’année, sa fille achetait ses vêtements en avance. « L’année dernière à la même époque, avant qu’elle ne fasse cet accident, elle avait déjà acheté ses habits pour les fêtes », se souvient sa mère. 

Rien n’est plus le même depuis ce drame. « J’ai laissé ses affaires dans sa chambre telles qu’elle les a quittées. Je ne peux m’empêcher de penser à elle. Elle adorait les peluches que je lui offrais à chaque Noël. Elle les a toutes conservées », explique sa maman. 

« Sa disparition a été si injuste et brutale », poursuit Kavita. Le jour de son accident, la jeune femme parlait avec ses proches. « Elle conversait et pouvait marcher. Nous avions espoir qu’elle allait vite s’en remettre. Mais après son opération, tout a basculé », se souvient son frère Yash. 

Sa santé s’est détériorée. Lors de son hospitalisation, elle avait dit à son père qu’elle ne reviendrait plus chez elle. Ce n’est qu’après sa mort que son père Rajen s’est souvenu de ses paroles. « À moi aussi, elle m’avait dit des choses bien avant son accident qui m’avaient surprise. Je pensais alors qu’elle parlait de son départ pour l’Allemagne. Nous n’aurions jamais imaginé la perdre ainsi », confie sa maman. Sa mort soudaine et tragique laisse un vide immense dans la profession. « Elle était une psychologue reconnue qui avait sa propre façon de faire les choses. Ma sœur était généreuse et avait le cœur sur la main. Vivre sans sa présence nous est vraiment pénible », lâchent son frère et sa mère, qui, malgré tout, continuent d’avancer. 

Rafal Ropa meurt après avoir été poussé dans l’escalier - Michelle : « Pour les gens, je ne suis qu'une meurtrière »

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Michelle, en compagnie de son défunt époux, Rafal Ropa.

Huit mois se sont écoulés depuis la mort de Rafal Ropa. Ce Polonais de 49 ans avait trouvé la mort après une chute dans les escaliers le mardi 27 avril 2021. Le drame s’était déroulé dans leur villa à Grand-Gaube. Michelle Ropa, née Nguefack Epsa, avait été arrêtée par la brigade criminelle de Goodlands, le même jour, sous une accusation provisoire de meurtre. Ce n’est qu’après huit jours que cette Camerounaise de 35 ans a retrouvé la liberté conditionnelle. Elle avait plaidé la légitime défense. Après ce drame, avec ses deux enfants de 2 et 9 ans, elle tente de reprendre une vie normale, de se reconstruire. Au Défi Plus, elle ne cache pas que sa vie a changé.

« Seul le temps pourra guérir mes blessures », dit Michelle Ropa. « Ma vie est devenue un calvaire, un couteau à double tranchant, dit-elle. Je me sens d’autant plus mal quand je pense à mes filles. Que vont-elles dire ? Que vont-elles penser de moi ? Parfois, je me dis que c’aurait dû être moi à la place de Rafal. Je n’aurais pas eu à subir toute la méchanceté des gens, sans compter le harcèlement et les menaces. Pour les gens, je ne suis qu’une meurtrière ». 

Elle poursuit : « Tout s’est passé en une fraction de seconde ce jour-là. C’était lui ou moi. J’avais le choix entre le laisser me tuer ou me défendre. Je n’ai jamais voulu faire une chose pareille au père de mon enfant et à l’homme pour lequel j’ai tout quitté pour aller vivre dans un pays étranger. C’était un accident. Je dors très mal le soir, mais si je sais que c’était involontaire ».

Depuis le début de novembre, la mère de Rafal Ropa, 80 ans, les a rejointes pour passer deux mois auprès de ses deux petites-filles et de sa belle-fille. « Dieu merci, j’ai le soutien de ma belle-mère », précise-t-elle. Cependant, la jeune femme soutient que sa vie n’est plus la même depuis la mort de Rafal. 

 En mai, Michelle Ropa a fait installer des caméras de surveillance dans la propriété et à l’intérieur de sa maison. « C’est de la paranoïa, peut-être. Je dois nous protéger, mes filles et moi. Nous sommes seules. Mon mari n’était pas un bon mari, mais il s’occupait de nous, de tout. Maintenant, je suis seule à m’occuper de tout. Je veux grandir mes filles dans un cadre idéal. Ma vie sociale n’est pas au top. J’ai coupé les ponts avec pas mal de gens », poursuit-elle.

Violence conjugale

Après avoir été victime de violence conjugale pendant plus de six ans, Michelle Ropa dit s’être plongée dans le social. « Deux jours après Noël, je suis allée rencontrer le président de village de Grand-Gaube et j’ai distribué des cadeaux aux enfants et des provisions à plus de 10 familles de la région. Depuis l’arrivée de ma belle-mère, nous avons décidé de travailler sur une fondation caritative à Maurice pour venir en aide aux femmes victimes d’abus. J’ai toujours caressé cette idée, mais Rafal était contre », explique la veuve.

Pour rappel, Michelle Ropa avait confié aux policiers qu’elle avait poussé son mari dans l’escalier après une énième dispute conjugale dans la matinée du mardi 27 avril. L’homme aurait tenté de l’agresser sexuellement avec un objet en métal alors qu’il était sous l’emprise de l’alcool et de psychotropes. 

Après huit jours en détention policière, Michelle Ropa avait obtenu la liberté conditionnelle, le mardi 4 mai, après s’être acquittée d’une caution de Rs 250 000 et avoir signé une reconnaissance de dette de Rs 1 M. Selon les conditions attachées à sa remise en liberté, elle doit se présenter au poste de police de sa localité deux fois par jour. 

Meurtre de Jyoti Dussoye en août 2021 - Chitra : «Mo bizin res for pou mo bann ti-zanfan»

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La victime, Jotee au coté de son epoux Sandeeep.

Jeetendra Dussoye, suspecté du meurtre de son épouse Lochmee (Jyoti), 32 ans, commis le 23 août, à Grand-Bois est toujours recherché par la police. Chitra Janoo, 65 ans, la mère de la victime, ne peut faire son deuil. Depuis la mort de sa fille unique, elle a perdu le sommeil. 

Elle tente malgré tout de rester forte. « Mo tifi ena de zanfan, mo bizin res for pou zot, si ariv mwa kitsoz ki zot pou fer ? » se demande Chitra, tristement. Plus de quatre mois après les faits, elle n’arrête pas de se poser des questions. En cette période de fêtes, elle pense à sa fille. L’année dernière, Jyoti se préparait pour fêter Noël et le Nouvel an avec eux. « Li pa fasil. Ena fwa mo dan travay mo pans li, mo plore. Bann kamarad deman mwa ki mo gagne. Sa lane-la nou pann fer Nwel, pas pou ena lane nanye pou nou », dit Chitra qui regrette ces moments en famille. « Mo tifi pou nepli la avek nou », dit la sexagénaire. Elle se réconforte en se disant que sa fille est mieux là où elle est. « Mo dir mo mem ki li kot Bondie », se console Chitra. Mais son cœur de mère saigne en pensant que sa fille chérie n’est plus là pour veiller sur elle. Jyoti ne méritait pas une mort aussi atroce. Ce drame, dit-elle, aurait pu être évité. « Depi linn marye, so misie tret li kouma lisien. Zordi isi, dime laba, pena plas pou reste. Monn donn zot enn plas lakaz », dit-elle. Cependant, les disputes étaient fréquentes. « Li ti bizin inn kit mo tifi, les li trankil olie li touy mo zanfan. Mo ti bizin fini pous li », dit la sexagénaire, au bord des larmes. Jyoti était issue d’une fratrie de cinq enfants. Elle était la benjamine et la seule fille du clan.

C’est le matin du 23 août que la fille de Jyoti, âgée de 13 ans, l’a découverte dans son lit, inerte, une couverture sur la tete. Il était déjà trop tard pour la jeune maman. Elle ne respirait plus. Jeetendra Dussoye, l’époux, n’était pas à la maison. Les soupçons de la police criminelle de Grand-Bois se sont tout de suite portés sur lui. Pour Chitra, son gendre devra répondre de ses actes. Mais après tous ces mois de recherche, la police n’a toujours pas mis la main sur le suspect. « J’attends toujours que les policiers viennent m’annoncer qu’il a été arrêté… » dit cette veuve. 

Harmawati Dhunnoo, 80 ans, tuée le 2 janvier 2021 - Son fils Soudesh : «Mo degoute CID inn soupsonn nou fami» 

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Harmawati Dhunnoo a été tuée dans sa maison.

Près d’un an après le crime, la police n’a toujours pas identifié le meurtrier d’Harmawati Dhunnoo. Des proches de la vieille dame avaient été soupçonnés au début de l’affaire, avant que la thèse d’un cambriolage qui aurait mal tourné ne soit privilégiée. 

Une année se sera bientôt écoulée depuis qu’Harmawati Dhunnoo, 80 ans, a été tuée. Le crime n’ayant pas encore été élucidé, les enfants de la victime se plaignent de ne pas pouvoir faire leur deuil. L’un de ses fils, Soudesh Dhunnoo, 55 ans, déplore aussi la manière dont la police a traité sa famille au début de l’affaire. 

Le drame s’est produit dans la soirée du samedi 2 janvier 2021, au domicile d’Harmawati Dhunnoo à Valton, Montagne-Longue. C’est Soudesh qui a découvert le corps de sa mère le lendemain. La vieille dame a été frappée avec une pince arrache-clous. La thèse d’un cambriolage qui aurait mal tourné est privilégiée. Le dossier est entre les mains de la Major Crimes Investigation Team.

Soudesh revient sur le jour fatidique. Il explique que dans l’après-midi du 2 janvier, sa mère se trouvait chez sa sœur à Roches-Noires. Cette dernière lui avait proposé de rester pour la nuit. Mais finalement, Harmawati avait décidé de rentrer chez elle. « Premie program lane nou ti al fer kot mo ser, apre noun vinn kit li ». Soodesh a dormi chez sa mère. C’est à son réveil qu’il a constaté la scène sanglante.  

Pour ses proches et lui, dit-il, la vie ne sera plus jamais pareille. « Mo tifi res plore ziska ler. » Dans les jours qui ont précédé le crime, raconte-t-il, « nou ti pe pintir lakaz, mo mama si ti pe pintire. Li ti for ek mem 80 zan li ti abitie pran pios netway lerb ». Il en conclut que l’auteur du meurtre devait être costaud, ou qu’ils étaient plusieurs.

Soudesh n’a pas digéré que sa famille ait été soupçonnée au départ par la Criminal Investigation Division (CID) de Pamplemousses. Lui-même, sa fille et son fils, qui était à l’étranger, ont fait l’objet d’une enquête. « Mo degoute CID inn soupsonn nou fami. Zot dir mwa monn fer sa. Ena dir mo tifi sa e mem dir li ena enn kopin droger. Ena inn dir mo garson ki dan l’Allemagne inn pay dimoun depi laba pou fer sa travay la. » Pourtant, poursuit-il, la thèse selon laquelle l’acte aurait pu être commis ou commandité par des proches pour toucher l’héritage ne tenait pas : « Depi 4 an, nou fami finn fer partaz dibien. » 

Aujourd’hui, Soudesh continue de suivre l’enquête de près. Il espère que les prélèvements d’ADN effectués sur la scène de crime permettront de trouver bientôt le coupable. Des images de télésurveillance ont aussi montré qu’une lampe torche avait été dirigée en direction de la maison et que le faisceau lumineux provenait d’un bâtiment abandonné. « Saki inn fer sa se enn dimoun dezespere parski sa voler la ti kone mo la, akoz mo 4x4 ti dan lakour », ajoute-t-il.

Une empreinte ADN qui ne « matche » pas

La Major Crimes Investigation Team, en charge de l’enquête, dispose d’un prélèvement d’ADN recueilli sur les lieux du crime. Les comparaisons effectuées avec les ADN des membres de la famille et d’autres suspects n’ont donné aucun résultat. Les investigations se poursuivent, indiquent les enquêteurs.

La famille Fakoo fait le deuil de Manan

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Manan Fakoo, 56 ans, est décédé le 22 janvier 2021 deux jours, après avoir été touché par deux balles, tirées à bout portant dans la soirée du 20 janvier 2021 à Beau-Bassin. C’était un homme très controversé qui avait l’image d’un dur à cuir. Mais il s’assurait que sa famille ne manquait de rien. Après sa mort, sa famille a reçu des menaces de mort.

Pour Ilshan Rao Fakhoo, son fils unique il était la lumière de la maison. « Depuis qu’il est parti, l’obscurité s’est installée. C’était un père exemplaire et pour ma mère un époux formidable. Mon père était le pilier de la maison, pas juste pour nous, mais aussi pour mes tantes et oncles », raconte-t-il. Il explique que depuis la mort de son père, c’est lui et sa sœur qui s’assurent que la famille ne manque de rien. Malheureusement sa mère n’arrive pas à remonter la pente. Elle est très affectée et elle est suivie par un psychologue de l’hôpital Brown-Séquard. « Ma mère était très liée à mon père. Zame li fer mo mama ni so zanfan soufer. »

Après un rituel religieux, la famille va rompre le deuil en janvier. « Si mon père était encore vivant, pour la fin de l’année il aurait pris des vacances pour passer du temps avec sa famille. Il nous aurait emmenés déjeuner, dîner et nous aurait acheté des cadeaux. Il avait aussi l’habitude de nous faire séjourner à l’hôtel. »  

Les circonstances

Manan Fakoo est décédé des suites de ses blessures par balles au petit matin le 22 janvier 2021. Deux hommes à moto avaient fait feu sur lui dans la soirée du 20 janvier, à l’angle des rues Martingale et Swami Dayanand, non loin de son domicile à Beau-Bassin. Il se trouvait à bord de sa voiture. Touché à l’épaule et près de la mâchoire, il s’était rendu au poste de police de la région. Puis, il s’est dirigé à l’hôpital Victoria, à Candos, à bord de sa voiture. Après avoir été opéré dans la soirée, il a été mis en observation à l’unité des soins intensifs. Deux balles avaient été retirées de son dos et de sa mâchoire. Mais il n’a pas survécu à ses blessures.

Salman Imambux laisse derrière lui des parents dévastés : « Mo trouv mo garson dan rev », se console Wahab, son père

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Le jeune Salman Imambux laisse un grand vide.

Perdre son enfant est une épreuve douloureuse. Abdool Wahab Imambux, 65 ans, et son épouse Asifa sont des parents meurtris. Le 19 février 2021 est une date qui est restée gravée dans leur mémoire. Leur fils cadet, Salman, 22 ans, qui était atteint du syndrome de Down (Trisomie), a été victime d’un accident de la route à Flacq. Le jeune homme a rendu l’âme quatre jours après.

Les larmes aux yeux, Abdool Wahab ne cache pas sa peine. Cela fait onze mois depuis que Salman les a quittés. « Li mem ti pe okip mwa. Lav mwa partou. Enn dimounn kav pran enn ti mama, me li ti pran pre enn er tan. Li demann mwa, papa kot sa lave. Koumsa mo garson ti ete. Aster resis mwa ek mo madam, li em okip mwa », pleure le père du jeune homme, diabétique, amputé de la jambe droite.

Avec son épouse, il tente tant bien que mal de surmonter ce manque immense.  Assis sous le porche de sa maison à St Remy, Flacq, Wahab, qui ne voit que d’un œil, passe sa journée à guetter. « Des fois, j’imagine que mon fils arrive », dit-il, la voix nouée par l’émotion. Pas plus loin qu’une semaine de cela, il dit avoir rêvé de son cadet. 

« Ti pre pou nwel sa. Monn rev mo garson Salman. Li ti pe touss mwa, li dir mwa : ‘papa pa blie to pran enn portab pou mwa, avek enn sourir’. Et pa premie fwa mo trouv mo garson dan mo rev », relate-t-il, tout ému. Des scènes qu’il ne reverra plus désormais. Il répandait la joie autour de tous ceux qui le côtoyaient.

Dans cette maison où il y a eu tant de rires, maintenant il ne reste plus que des larmes pour Wahab. « Le 24 e 25 desam, monn pann kapav monn res pans li mem, monn plore », avoue le retraité. 

Le frère aîné de Salman est depuis de nombreuses années en Angleterre. Après la mort de Salman, le vœu le plus cher pour le couple est de revoir ce dernier. « Il n’a pas eu l’occasion de venir pour les funérailles de Salman, mais nous nous sommes parlé et il compte venir me voir un jour. Il a trois filles. Je souhaite les revoir avant que moi-même je ne quitte ce monde », lâche le papa, le cœur lourd. 

Revenir sur les événements du 19 février dernier est difficile pour le couple. « Li ti dir mwa li pou revini enn ti mama, li pe al aster enn ice cream, lerla linn al fer sa aksidan la. Si mo ti kone, mo ti pou anpes li sorti », regrette Asifa. Le jeune homme a passé quatre jours aux soins intensifs à l’hôpital avant de rendre son dernier souffle.

 

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