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Geraldine Geoffroy : «Je m’engage à être une voix authentique pour les gens ordinaires»

Roshi Bhadain a créé la surprise, le dimanche 3 septembre, lorsqu’il a annoncé l’adhésion de l’ancienne rédactrice en chef de Radio One au Reform Party. Geraldine Geoffroy sera sa colistière dans la circonscription où il briguera les élections. Celle-ci explique que le pays est à un tournant de son histoire et qu’elle souhaite participer activement au changement dont a soif le peuple.

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Vous êtes l’énième journaliste à se lancer en politique. Est-ce une suite logique dans une carrière journalistique, selon vous ?
Je ne crois pas que quelqu’un décide d’être journaliste pour devenir politicien un jour. Passer de journaliste à politicienne, ce n’est pas une promotion. Ce sont deux parcours tout à fait différents et distincts. Tout dépend des motivations personnelles de chacun.  

Le journalisme n’offre-t-il pas une plateforme plus « libre » pour aborder certains sujets ? Les politiciens n’ont souvent pas autant de liberté pour s’exprimer sur certains sujets...
Je n’en suis pas si sûre, surtout dans le contexte actuel… 

Passer de journaliste à politicienne, ce n’est pas une promotion»

Comment percevez-vous la transition de votre rôle de journaliste à celui de membre actif d’un parti politique ?
Écoutez, en plus de 20 ans dans la presse, j’ai eu la « malchance » d’assister au premier rang à la dégradation de notre société et au dysfonctionnement de tout notre système de gouvernance. Mon engagement politique, c’est surtout pour contribuer activement aux changements que je souhaite voir pour mon pays. 

L’expérience acquise fait aussi que je suis plus consciente des enjeux. Cette transition découle également de ce désir de m’impliquer directement dans la prise de décision politique et d’apporter des réponses aux problèmes qu’en tant que journaliste, justement, j’ai constatés. 

Mon rôle n’est certes pas le même, mais je m’assurerai que mon intégrité et ma neutralité priment sur toutes les autres considérations.

D’aucuns pourraient affirmer que le journalisme et la politique sont des domaines incompatibles. D’autres, que le journalisme est un bon tremplin pour la politique. Que répondez-vous à cela ?
Incompatibles dans le sens que tout bon journaliste est censé être indépendant et impartial, fournissant des informations équilibrées et objectives. Allier les deux va donc à l’encontre de tous ces principes. Toute la crédibilité du journaliste politiquement actif est remise en question et il sera même perçu comme biaisé, voire il le sera réellement. 

Un tremplin pour la politique ? May be. Puisque le journaliste a une certaine notoriété, il a cette capacité à communiquer. Mais il s’agit quand même d’un public différent. 

En fin de compte, cela dépend des individus, de leurs motivations et de leur capacité à gérer les défis éthiques et pratiques qui se posent lorsqu’on passe d’un domaine à l’autre. Le plus important, c’est d’être transparent sur ses motivations pour maintenir la confiance du public. 

« Politik pe ronz mwa depi andan depi lontan. » C’est ce que vous avez déclaré lors du Youth Forum du Reform Party, où vous avez été présentée. Qu’est-ce qui a nourri cette flamme politique ?
Mon amour et ma passion pour mon pays. Mon sens aigu du patriotisme, mon engagement et ma soif de justice... C’est ce qui explique mon choix de passer de spectatrice à actrice et j’ose espérer que d’autres suivront mon exemple.

Mon sens aigu du patriotisme, mon engagement et ma soif de justice... C’est ce qui explique mon choix de passer de spectatrice à actrice»

En tant qu’ancienne journaliste, vous faites partie d’un corps professionnel qui a tendance à plus croire dans les chances des partis politiques traditionnels que dans les partis émergents. D’ailleurs, les anciens journalistes qui ont décidé de faire de la politique ont, dans la plupart des cas, rejoint les partis traditionnels comme le MMM, le MSM ou encore le PTr. Qu’est-ce qui fait que vous avez préféré croire dans un parti extraparlementaire ?
(Rire…) Faut croire que je ne suis pas comme les autres ! Plus sérieusement, il n’est pas juste de dire que tout le corps journalistique tend à croire davantage aux chances des partis traditionnels. C’était peut-être vrai il y a dix, vingt ans, alors que des partis extraparlementaires étaient presque invisibles, mais aujourd’hui le contexte n’est plus le même. 

Il y a une nouvelle dynamique sur l’échiquier politique. Face à l’essoufflement des blocs traditionnels et au ras-le-bol d’une grande partie de la population à l’égard de leur manière de faire, les nouveaux partis émergent comme de sérieuses alternatives. En dépit des mauvais présages de certains observateurs et autres experts en la matière, il est indéniable que nous sommes à un tournant de notre histoire. Le peuple a soif de changement et je veux faire activement partie de ce changement.  

Quelles sont les valeurs fondamentales ou les principes du Reform Party qui correspondent le mieux à vos propres convictions politiques ?
Moris pou tou dimoun ! Que chaque citoyen mérite sa place et trouve la place qui lui revient. Le « communalisme », le casthéisme, le népotisme, la médiocrité, la perte des valeurs n’ont que trop duré. C’est ce que prônent le Reform Party et son partenaire En Avant Moris. Il n’y a qu’à voir le programme que nous proposons, fondé sur l’égalité des chances, la justice sociale et la prospérité pour tous ! 

Vous avez décidé de rejoindre le Reform Party qui a, à sa tête, un leader politique qui a été au cœur de l’affaire BAI, ainsi que la résiliation du contrat Betamax, des dossiers que vous avez vous-même souvent traités comme journaliste. Comment vous a-t-il convaincue de son innocence sur ces deux dossiers ?
Il n’a pas eu à me convaincre de quoi que ce soit ! Pour être franche, la question n’a même pas été évoquée. D’ailleurs, qui suis-je pour juger de l’innocence ou de la culpabilité de qui que ce soit ! 

Contrairement à ce que l’on veut faire croire, Roshi Bhadain n’était pas le seul maître à bord concernant ces dossiers, comme il l’a, à maintes reprises, expliqué. Et moi, je suis de ceux qui regardent l’avenir parce que, justement, ce que je vois dans le rétroviseur m’attriste et me révolte. 

Les 80 réformes du Reform Party et d’En Avant Moris ne sont pas que des promesses faites à la veille des élections, dont la moitié ne sera jamais honorée. Encore moins des mesures populaires qui impliqueront, encore une fois, de piocher dans les poches des contribuables pour une redistribution emballée dans du papier cadeau. 

Ceci dit, si nous devions lancer un concours du plus grand nombre de casseroles ou de la plus longue « lake ferblan » entre les leaders politiques, Roshi Bhadain ne serait même pas repêché comme best loser.

J’ose espérer que cette fois, l’électorat ne votera pas contre X ou Y, mais pour ceux qui lui redonneront l’espoir d’un avenir meilleur»

Êtes-vous consciente que Roshi Bhadain a une personnalité clivante, comme on peut le constater sur les réseaux sociaux ?
Tant mieux ! D’ailleurs, est-ce que vous voyez un autre leader qui fait l’unanimité sur les réseaux sociaux ou ailleurs, vous ? La bataille ne sera que plus belle ! Pas à armes égales, certes, mais le plus important, c’est qu’il n’est pas anonyme, il ne laisse pas indifférent. 

Maintenant, c’est à nous de travailler sur ces divergences d’opinions et d’apporter les réponses qu’il faut. Et il ne faut pas oublier que, contrairement à d’autres, Roshi Badhain a osé claquer la porte du gouvernement Jugnauth, dix-huit mois seulement après sa première élection. 

Que répondez-vous à ceux qui affirment que le Reform Party ne repose que sur la personnalité de Roshi Bhadain ?
Tout est une question de personnalité justement, et de la manière de voir les choses. Roshi Bhadain, c’est un bosseur acharné, un perfectionniste qui sait exactement où il veut emmener son pays. Les 80 réformes proposées, c’est un peu son bébé, né après presque dix ans de gestation. Qui mieux que lui pour défendre ce projet ? 

Mais il reste conscient qu’il ne peut pas gagner la guerre sans des soldats solides et bien armés, prêts à se battre pour cette nouvelle île Maurice dont nous rêvons tous.

Je me considère, en fait, comme une ‘self-made woman’ à qui la vie n’a pas vraiment fait de cadeau»

Comprenez-vous ceux qui disent que Roshi Bhadain se trompe de cible lorsqu’il attaque Navin Ramgoolam ?
Franchement non… Parce qu’en fin de compte, qui sont ses principaux adversaires ? Navin Ramgoolam autant que Pravind Jugnauth ! Ce dernier se discrédite tout seul dans l’opinion publique par ses mauvaises décisions et les déboires de son équipe. Il est quotidiennement exposé et scruté sur la place publique. Et, contrairement à d’autres, je pense que la population est assez intelligente et dotée de bon sens pour constater qu’avec ses ministres et conseillers, il a mené le pays à la dérive. Pourquoi enfoncer un homme déjà à terre ? 

Quant à Navin Ramgoolam, qui se décide enfin à sortir de sa tanière, il tente par tous les moyens de se redonner une virginité politique, en crachant sur ses adversaires. Roshi Badhain ne fait que raviver la mémoire courte de certains. Non pas par pure méchanceté, mais pour faire la différence entre les éternels Ramgoolam-Jugnauth et l’alternance.  

Il y a également l’argument que Roshi Bhadain, ainsi que les autres forces extraparlementaires, vont faire le jeu du MSM aux prochaines élections avec une dispersion des voix. Quelle est votre théorie à ce sujet ?
Je trouve cela ridicule ! Et cela va à l’encontre de tout ce en quoi je crois… Il y a de la place pour tous ! Donner le choix au peuple, c’est aussi cela la démocratie. Et j’ose espérer que cette fois, l’électorat ne votera pas contre X ou Y, mais pour ceux qui lui redonneront l’espoir d’un avenir meilleur. Il est temps d’en finir avec ce « faute de mieux »… 

Le mieux, aujourd’hui, réside dans les forces extraparlementaires et c’est ce qui fait craindre le pire aux assoiffés de pouvoir et de vengeance qui n’ont aucune vision pour le pays.

Que pensez-vous de l’alliance de plusieurs partis extraparlementaires regroupés sous Linion Moris ? Le Reform Party avait d’ailleurs des discussions avec Linion Pep Morisien.
Écoutez, l’alliance Reform Party et En Avant Moris est à des longueurs d’avance sur son programme pour amener le pays vers une meilleure destinée. Le travail a déjà commencé et avance favorablement avec toute une structure en place. La porte reste ouverte à tous ceux qui souhaitent se retrousser les manches et joindre le mouvement.

Pour ce qui est de la bande à Rama Valayden, je ne vois pas des partis regroupés, mais plutôt un regroupement incohérent d’individus qui n’ont pour objectif commun que de « BLD ».

Je ne suis pas une femme à rester ‘cantonnée’, mon genre ne m’a jamais interdit de me mesurer à qui que ce soit jusqu’à présent !»

En tant que jeune politicienne, quels sont les dossiers dont vous comptez faire votre cheval de bataille ? 
D’abord et avant tout, la réforme électorale. C’est toute la source des maux de notre société aujourd’hui. Un système qui nourrit le vice communal. Un système qui fausse la donne de l’unité nationale. Un système qui marginalise au lieu d’unir. Un système qui contraint chaque « bef protez so montagn », alors qu’il ne devrait y avoir, qu’il n’y a d’ailleurs, qu’une montagne, la République de Maurice ! 

La deuxième chose qui me tient à cœur, c’est notre système d’éducation. Encore un système qui est source de bien des maux de notre société. Un jeune de 18-20 ans ne peut pas quitter les bancs de l’école après plus de dix ans, sans connaître l’existence de la Constitution du pays. Sans connaître ses droits et ses responsabilités de citoyen. 

Pourquoi pensez-vous que les jeunes ne s’intéressent pas à la politique ?! Tout simplement parce que le peu qu’il en sait le dégoûte. La politique, ce n’est pas que les guéguerres partisanes. La politique va bien au-delà des hommes et des femmes qui dirigent le pays. Et cela, personne ne le leur dit. 
Notre système éducatif ne prône que compétition et élitisme. Le seul but, c’est d’en sortir en sachant lire, écrire, compter sans aucune capacité à réfléchir et à débattre de ses idées. 

Comment envisagez-vous de maintenir votre indépendance d’esprit tout en étant membre d’un parti politique avec des positions spécifiques ?
La liberté de penser n’est pas une chose ki ou pez take ou tegn sa ! Ce n’est ni à vendre, ni à louer. Ce n’est pas négociable, comme le dit Florent Pagny. Et si aujourd’hui je suis aux côtés du Reform Party et d’En Avant Moris, c’est principalement pour les idées que les deux leaders défendent.

Avez-vous l’ambition de devenir ministre ? Si oui, quel ministère vous attire-t-il le plus, celui de la Femme et de l’Égalité des genres ou celui de la Sécurité sociale, où les femmes ont tendance à être cantonnées ?
Je veux être là où mon positionnement me permettra de faire avancer les choses, de faire valoir mes idées et mes compétences. Et par ma rage de vaincre et de convaincre, ma détermination à bien faire, mon intolérance de la médiocrité, peu importe où je serai, the job will be done ! Et je ne suis pas une femme à rester « cantonnée », mon genre ne m’a jamais interdit de me mesurer à qui que ce soit jusqu’à présent !

Selon vous, est-ce le bon argument que de dire qu’il faut plus de femmes en politique ? En quoi être une femme est un atout ?
Vous savez, je ne suis pas une adepte de la discrimination qu’elle soit négative ou positive. Je crois certainement qu’il faudrait plus de femmes en politique, puisque nous représentons plus de la moitié de la population. Mais à quoi bon si c’est pour être belle et se taire ? Oui, les femmes ont plus de sensibilité, elles ont rarement un ego surdimensionné, ce qui les rend plus aptes à trouver des consensus et à avancer. Faut-il encore qu’elles osent s’imposer !

Qui est votre « role model » en politique et pourquoi ?
En fait, je regarde, j’observe, j’écoute, je lis et je prends ce qu’il y a de bien et de bon en chacun de ces grands hommes et femmes, d’ici ou d’ailleurs, qui ont marqué leur temps et façonné le monde d’aujourd’hui. Je me considère, en fait, comme une « self-made woman » à qui la vie n’a pas vraiment fait de cadeau. J’ai osé mes passions tout en assumant mes choix. 

Il y a des personnes dont le parcours m’a plus inspirée que d’autres. Je citerai, entre autres, Nelson Mandela, Barack Obama, Gaëtan Duval, Paul Bérenger, Jean Claude de l’Estrac, Shirin Aumeeruddy-Cziffra… Ou encore des sages comme le Mahatma Gandhi et Mère Teresa, dont les enseignements m’ont souvent guidée.

Votre conseil à un jeune qui souhaite se lancer en politique ?
Je suis moi-même novice en la matière et je me vois mal prétendre pouvoir être de bon conseil pour qui que ce soit. Mais si vous en avez marre d’un pays où il n’y a qu’un petit groupe d’individus qui jouit de tous les pouvoirs, de toutes les richesses, qui s’abroge tous les droits de décider de votre vie ; si vous voulez reprendre votre destin et celui des générations futures en main, c’est le moment de se lancer !

Qu’est-ce que Geraldine Geoffroy, en tant que jeune politicienne, peut apporter de plus, en comparaison aux autres politiciens ? Pourquoi un électeur devrait-il croire en vous et voter pour vous ? 
Cette question me fait sourire... Je l’ai posée tellement de fois aux autres et c’est difficile pour quelqu’un qui ne s’intéresse rarement qu’à sa petite personne. Je ne suis pas si jeune. En politique peut-être, mais j’ai quand même un vécu, une certaine maturité. Je suis de cette génération qui a connu « letan lontan » et toute la modernisation et l’avènement des nouvelles technologies. Déjà ça, c’est une force. 

Et puis, « I am who I am » ! Je n’ai pas hérité d’un patronyme connu, ni de richesses, ni de privilèges. Je suis issue d’une famille modeste qui a gravi les échelons à la sueur de son front. C’est précisément cette expérience qui me rend différente et apte à apporter du changement.

Mon parcours m’a appris des valeurs fondamentales telles que la persévérance, l’empathie et la compréhension des défis auxquels font face la grande majorité des familles mauriciennes. Je sais ce que c’est que de lutter pour joindre les deux bouts, de devoir faire des choix difficiles entre les dépenses essentielles, de craindre pour l’avenir de l’éducation de ses enfants et de se sentir exclue du processus politique.

De plus, faisant mes premiers pas dans la politique active, je suis moins enclavée dans les vieux schémas politiques. Ma jeunesse n’est pas un handicap, c’est une force !

En fin de compte, je ne demande pas de voter pour moi simplement parce que je suis jeune et issue d’un milieu modeste. Je demande aux Mauriciens de croire en moi et de voter pour moi parce que je suis déterminée à travailler sans relâche pour faire en sorte que notre gouvernement représente véritablement les intérêts de tous, pas seulement d’une élite. 

Je m’engage à être une voix authentique pour les gens ordinaires, à apporter un changement positif et à bâtir un avenir meilleur pour tous !

 

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