Live News

Inondations dans la capitale : le constable Curtis Bhogaloo, un héros pour de nombreux Mauriciens

Curtis Bhogaloo compte 24 ans au sein de la police, dont 20 à la Traffic Branch.

Figure familière des usagers de la route à Place d’Armes, le constable Curtis Bhogaloo a acquis une popularité nationale depuis les inondations du lundi 15 janvier. Sa bravoure et son dévouement ne sont pas passés inaperçus, alors qu’il se trouvait au cœur des appels de détresse.

Publicité

Il est érigé en héros sur les réseaux sociaux. Les commentaires sont élogieux à son égard. Les internautes sont nombreux à souligner son dévouement et sa détermination à assurer la sécurité des usagers de la route ce lundi 15 janvier, alors que la montée des eaux les avait pris au piège dans les rues de Port-Louis. Lui, c’est le constable Curtis Bhogaloo, 50 ans, affecté à la Traffic Branch depuis 20 ans. Comptant 24 années de service, dont les quatre premières à la Training Wing de la police, il a accepté de témoigner de son expérience de ce jour traumatisant pour l’île Maurice tout entière dans Le Dimanche/L’Hebdo.

Ce jour-là, le pays est en alerte cyclonique de classe I. Belal joue les trouble-fêtes. Comme à l’accoutumée, le constable Curtis Bhogaloo est en poste devant la succursale de McDonald’s à Port-Louis. Sa tâche est de fluidifier le trafic. Un travail pour lequel il reçoit également les félicitations des usagers de la route, qui ont commenté sur les réseaux sociaux.

Vers 10 heures, l’alerte cyclonique de classe II est émise. La montée des eaux à Port-Louis, avec les grosses averses qui s’abattent sur le pays, prend tout le monde de court, usagers de la route comme les policiers présents.« Kan delo inn koumans monte, sel zafer monn mazine 30 mars sa ler-la », révèle-t-il. Le constable Bhogaloo était, en effet, de service le samedi 30 mars 2013, lors des inondations meurtrières qui avaient frappé la capitale, faisant onze morts.

Alors que les averses rendaient difficiles la circulation, c’est le chaos sur les routes lorsque les fonctionnaires sont autorisés à rentrer à 12 h 30, conformément à une directive des autorités. Les employeurs du privé leur emboîtent le pas face à la dégradation rapide du temps.Peu après 12 h 30, le pays passe en alerte cyclonique de classe III. Véritable capharnaüm sur les routes. Le constable Curtis Bhogaloo sait déjà que la situation sera difficilement gérable. Il souligne le travail d’équipe qu’il y a eu pour assurer la sécurité des usagers de la route.

« Avek tou sa transpor pe kit Porlwi-la, sirkilasion-la mons sa », lâche-t-il. Ses collègues et lui sont sur leurs gardes et font de leur mieux pour faire circuler les véhicules. Mais la situation se corse avec l’eau qui envahit les artères de la capitale. « Enn sel kout nou trouv delo pe tro monte, nou finn ferm sime, fer deviasion. » Le travail se fait en coordination avec les Casernes centrales, précise-t-il.

Différentes unités de police prêtent également main-forte pour évacuer les lieux. Entre-temps, l’eau continue de monter, provoquant l’affolement des usagers de la route. Les policiers ont fort à faire pour fluidifier la circulation à la Place d’Armes. Le temps joue contre eux. Les choses se corsent. Un autobus se retrouve pris au piège à l’avenue John Kennedy. Les passagers à bord, ainsi que le chauffeur et le receveur sont pris de panique. Le constable Curtis Bhogaloo sait qu’il doit rapidement intervenir. « Mwa ek bann koleg, nounn koumans al donn koudme tir dimoun dan bis, met zot dan ‘safer zone’ », relate-t-il.

Sur les réseaux sociaux, les témoins de la scène parlent d’« action héroïque ». « Ti ena bis Triolet ti plin ar pasaze. Malgre kouran, malgre delo ti oter so chest, li fer tou dimoun sorti dan bis-la sain et sauf avek led pompie », raconte un internaute sur Facebook. Être policier, dit humblement Curtis Bhogaloo, comporte plusieurs risques et les inondations en font partie. Mais, insiste-t-il, « nou pa kav less perte de vie san ki nou fer nou mieux ». Alors que ses collègues et lui parviennent à déplacer les passagers de l’autobus, le constable remarque que les vagues sur le Waterfront déferlent sur l’autoroute. Au même moment, l’eau en provenance du Ruisseau du Pouce se dirige vers la mer. Une situation inédite et terrifiante. « Mwins ki 30 minit lamer ek later inn vinn enn sel » dans le centre de Port-Louis.

Des piétons, dont de nombreuses femmes, se retrouvent bloqués à hauteur du MacDo. « Bann polisie inn vinn an ed. Li atas lakord, finn fer tou dimoun traverse », affirme un témoin de la scène, en faisant référence aux actes du constable Bhogaloo et de son équipe pour assurer la sécurité des usagers de la route.

La terreur gagne les automobilistes. La situation dégénère. Tous n’ont en tête qu’une seule chose : se mettre à l’abri le plus rapidement possible. Dans la panique, et sans doute la hantise d’un deuxième 30 mars 2013, certains ne respectent plus les consignes des policiers. « Zot bizin realize nou la pou ed zot, ena al met zot lavi a risk e konplik nou travay », partage le constable.

Curtis Bhogaloo dit avoir constaté que certains automobilistes se sont mis dans des situations encore plus dangereuses. « Dimoun bizin realize lapolis zame pou fer dimoun fer kitsoz pa bon lor larout. » À un moment, des piétons sont en difficulté. Curtis Bhogaloo n’hésite pas un instant à aller leur porter secours. « Monn bizin al dan delo, kouran pe ris misie-la. Delo oter mo chest, bizin plis ki enn met… 1 m 50… fini kouver born », relate-t-il. Malgré le danger auquel il s’est exposé, il se dit heureux d’avoir pu aider cet homme. 

Dans la capitale, le chaos est total. L’eau a piégé de nombreux véhicules, d’autres sont carrément emportés par le courant… Des piétons approchent Curtis Bhogaloo pour lui demander s’il aurait aperçu leurs proches ou collègues. « Les habitués me connaissent, me sa ler-la, pa fasil pou rapel sa bann zafer-la. » Le constable explique que son équipe et lui ont fait de leur mieux mais qu’il leur était impossible de satisfaire tout le monde au même moment. « Dimoun bizin konpran, lapolis azir par priorite. »

Quelques jours plus tard, lorsqu’il revient sur cet épisode sombre de l’histoire de la capitale, et de Maurice, le constable Curtis Bhogaloo insiste sur le travail d’équipe. « Mwa mo ti dan sa plas-la, me nou travay an kordinasion », assure-t-il.

Il affirme avoir fait de son mieux ce jour-là, comme c’est le cas chaque matin lorsqu’il prend du service. « Quand je lis les commentaires des gens sur les réseaux sociaux, je comprends que mon travail les satisfait », se réjouit-il. Curtis Bhogaloo fait comprendre que chaque matin, c’est animés de l’envie de bien faire que lui et ses collègues de la Metro Static Traffic Unit prennent leur poste. Il dit remercier les internautes pour leurs soutien et encouragements. « Mo pa kapav reponn zot, me sa fer chaud au cœur. » Il souligne que les policiers sont souvent la cible de commentaires négatifs. Or, soutient-il, l’ensemble des policiers œuvre en faveur du bien-être et de la protection de la population, notamment en faisant respecter la loi. « Nous agissons selon la loi. Nou pa fer dominer ar dimoun, sa mo rasir ou », insiste-t-il.

Ce père de famille dit avoir toujours une pensée spéciale pour son épouse et son fils qui est âgé de 20 ans. « Mo fami fier kan zot trouv sa. Defwa madam gagn en ti zalouzi kan lezot madam met ti cœur ou comment lor Facebook », fait-il savoir dans un éclat de rire.

 

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !