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L’année politique du gouvernement: entre le grand nettoyage et le second miracle économique

L’année aura été intense pour le gouvernement à tous les niveaux. Entre grand nettoyage, condamnation du leader du MSM, frictions internes, et la mise en place des bases d’un miracle économique, cette première année au pouvoir est probablement la plus importante de ce mandat de l’Alliance Lepep. Un an de cela, le 11 décembre, l’Alliance Lepep remportait une victoire écrasante aux élections générales contre l’alliance PTr/MMM. Un mois plus tôt, peu nombreux étaient ceux qui auraient non seulement osé parier sur le retour de sir Anerood Jugnauth dans le fauteuil de Premier ministre, mais aussi un rejet du tandem Navin Ramgoolam/Paul Bérenger par l’électorat. C’est avec une confortable majorité de 47 sièges à l’Assemblée nationale contre 13 que SAJ reprend les rênes du pouvoir.
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"5299","attributes":{"class":"media-image wp-image-9985","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"550","alt":"SAJ"}}]] On accordait peu de chances à l’alliance dirigée par SAJ.

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/div> Mais, c’est avec un très ambitieux programme électoral contenant une myriade de promesses que le gouvernement que l’Alliance Lepep s’installe à l’Hôtel du gouvernement. Dès les premiers jours, la couleur est annoncée. La pension de retraite passe de Rs 3 500 à Rs 5 000 et les ‘speed cameras’ sont mises hors service en attendant de trouver une meilleure formule. Plusieurs enquêtes sont rapidement lancées pour vérifier des soupçons par rapport à la gestion du précédent gouvernement. L’une d’elle a trait au fameux cambriolage au campement de Navin Ramgoolam à Roches-Noires survenu durant la nuit du 2 au 3 juillet 2011. Vendredi le 6 février, l’ex-Premier ministre est arrêté à sa demeure de la rue Desforges pour entrave à la justice. Dans le coffre-fort de sa maison de Riverwalk, l’on découvre Rs 220 millions. Tout comme Navin Ramgoolam, d’autres dirigeants ou activistes travaillistes seront arrêtés, dont Anil Baichoo, ancien vice-Premier ministre, mais pour des délits différents.

Soupçon de vendetta

L’opération nettoyage se poursuit avec la chute du groupe BAI, dont le chairman emeritus est Dawood Rawat, un proche de Navin Ramgoolam. Une action gouvernementale qui renforcera le soupçon de vendetta politique qui plane sur le gouvernement du jour. Cela n’empêche cependant pas à l’Alliance Lepep de rafler la totalité des 120 sièges de conseillers municipaux lors des élections municipales du 14 juin. Elle démontre ainsi qu’elle a toujours le soutien du peuple, ou du moins des citadins. L’opération nettoyage a aussi touché les terres de l’État. Depuis janvier, plus de 60 lots ont été repris et envoyés à la CCID et à l’ICAC pour enquête. Un autre acte politique fort est l’accession d’Ameenah Gurib-Fakim à la présidence de la République le 5 juin. Elle devient la première Mauricienne à accéder à ce poste., qui lui était promis depuis la campagne électorale. Mais sir Anerood Jugnauth a respecté le souhait de Kailash Purryag qui voulait terminer son mandat. Mais cette année à aussi son pendant moins reluisant, dont licenciements dans les départements gouvernementaux et les corps parapublics. Que ce soit dans le port, à la Road Development Authority, à la Tourism Authority ou encore dans les municipalités, des personnes ont perdu leur emploi car elles avaient été recrutées par le pouvoir travailliste à quelques mois des élections. Pour le nouveau gouvernement, il s’agissait là de recrutements politiques. Le transfert de son bureau sous la tutelle de l’Attorney General a ouvert le chemin pour un conflit entre le gouvernement et le Directeur des poursuites publiques, Satyajit Boolell. La tentative d’arrestation avortée de ce dernier en juillet dans le cadre de l’affaire Sun Tan n’est pas venue arranger les choses. Le gouvernement aura aussi vécu ses premières secousses internes avec le Good Governance & Integrity Reporting Bill. Sa présentation en octobre a provoqué la fronde de plusieurs députés de la majorité et a même abouti à la démission de l’élue MSM Danielle Selvon. Mais des crispations, il y en a aussi eu entre le MSM et le PMSD. Ce dernier n’étant pas très enthousiaste par rapport à certaines provisions de cette loi contre les biens mal acquis. Il a fallu une longue campagne d’explication de la part du ministre de la Bonne gouvernance, Roshi Bhadain, et six amendements au texte de loi initial pour que tout le monde rentre dans les rangs. Marquante aura aussi été la présentation le 22 août par le Premier ministre de la vision 2030 du gouvernement. Celle-ci contient tous les ingrédients devant en principe mener le pays vers le second miracle économique.  
   

L’endurance du MMM mise à rude épreuve

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[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"4505","attributes":{"class":"media-image wp-image-7110","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"550","alt":"Paul B\u00e9renger"}}]] Paul Bérenger

Ils se voyaient enfin au pouvoir avec leur leader, Paul Bérenger, à la tête du pays en tant que Premier ministre. Mais le Mouvement militant mauricien (MMM) se retrouve aujourd’hui à l’Assemblée nationale avec seulement sept députés. Les mauves ont aussi traversé une crise avec une vague de démissions. Mais le parti continue tout de même de croire dans son endurance politique. Paul Bérenger est le premier à le reconnaître : les six premiers mois après la cuisante défaite des mauves aux dernières élections générales auront été les moments les plus durs de sa vie politique. Le MMM a vu être réduit à sept le nombre de ses élus à l’Assemblée nationale, après le départ de cinq députés, dont un des  plus fidèles lieutenants de Paul Bérenger : Alan Ganoo. Ce dernier avec quatre autres démissionnaires mauves lancent une autre formation politique, qu’ils baptiseront Mouvement patriotique. Si aujourd’hui les dirigeants mauves sont d’avis que le MMM a su surmonter cette épreuve, l’opinion publique, elle, garde toujours en tête l’accord conclu entre Paul Bérenger et l’ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam. Un acte jugé impardonnable par une importante tranche de l’électorat et qui reste collé au parti du cœur. Les adversaires politiques du MMM, notamment le Mouvement socialiste militant, continuent de critiquer cet ancien accord électoral entre les rouges et les mauves. Certains avancent même que Paul Bérenger et Navin Ramgoolam n’ont pas encore enterré définitivement l’idée d’une prochaine alliance. Mais pour le député Reza Uteem, membre du Front Bench du MMM à l’Assemblée nationale, le parti parvient encore à scorer des points. Les questions parlementaires adressées par les mauves et les Private Notice Questions  de Paul Bérenger demeurent des armes redoutables. « Et nous savons parfaitement utiliser cette arme. Notre performance au Parlement le prouve bien. Nous avons acculé le gouvernement sur plusieurs dossiers tels que l’affaire BAI, ou encore sur la question énergétique », se targue le député.  Ce dernier fait aussi ressortir que la restructuration interne du MMM reste toujours d’actualité. Le rapport de la Task Force présidée par Steve Obeegadoo concernant la restructuration devra être soumis en fin d’année et l’état major des mauves se penchera sur les recommandations au début de l’année prochaine. Une occasion de voir si le MMM fera peau neuve ou pas.  
   

Navin Ramgoolam: le lion mis en cage

[padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1] [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"5300","attributes":{"class":"media-image alignleft wp-image-9988","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"550","alt":"Navin Ramgoolam"}}]]L’année suivant les élections de 2014 aura sans doute été la période la plus difficile pour le Parti Travailliste et son leader, Navin Ramooglam. Cette période fera date dans l’histoire politique du pays, où pour la  première fois un ancien Premier ministre se faisait arrêter. Celui qui était jadis considéré comme invincible a aussi dû faire face à une forte contestation à l’intérieur même de son parti. Douze mois après, où se situe Navin Ramgoolam ? Eléments de réponse. S’il y a bien une image qui pourrait à jamais hanter le Ptr, c’est celle des coffres-forts de Navin Ramgoolam datant de février, où l’on pouvait voir tomber des liasses de billets. Une image qui avait mis en émoi toute l’île Maurice y compris un de ses avocats, Yousuf Mohamed, qui avait alors qualifié cette découverte de grave. Patrick Assirvaden, le président du Parti Travailliste, ainsi que le chef de file des rouges à l’Assemblée nationale, Shakeel Mohamed, avaient publiquement fait part de leur choc. En attendant les procédures légales qui sont actuellement en cours, Navin Ramgoolam a décidé de se remettre en avant et de tenter un come-back sur le terrain politique. Il lui a fallu d’abord désamorcer la crise interne qui prévalait au sein de son parti et ainsi rallier ses contestataires tels qu’Arvin Boolell et Shakeel Mohamed autour de lui. Cette étape franchie, il décide par la suite de miser sur la touche émotionnelle et opte ainsi vers un retour aux sources. Plus particulièrement à Kewal Nagar le lieu de naissance de son père, Sir Seewoosagur Ramgoolam. Navin Ramgoolam accompagné de son épouse y livre un discours d’un peu plus d’une heure et fait comprendre à ses partisans qu’il reste le candidat premier ministrable. Pour Paul Bérenger, Navin Ramgoolam et le Ptr sont encore sous perfusion. Il ne rate d’ailleurs jamais l’occasion de caricaturiser le leader des rouges, en le réduisant à chaque fois à son coffre-fort. Mais chez les rouges, la confiance est de retour. L’on profite de cet élan pour continuer à occuper le terrain. Ils enchaînent un mois plus tard une série de congrès  à Vacoas, à Bois-Chéri et à Plaine-Verte. La foule y est. L’engouement aussi. Et l’espoir est permis pour Patrick Assirvaden. « Nous œuvrons pour notre reconstruction et cela passe par un mea culpa. Nous reconnaissons nos erreurs », dit-il.
   

L’année noire de Pravind Jugnauth

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[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"5301","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-9984","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1920","height":"1080","alt":"Pravind Jugnauth"}}]] Pravind Jugnauth à sa comparution en Cour le 2 juillet.

[padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1] Alors qu’il est le successeur désigné de sir Anerood Jugnauth, Pravind Jugnauth chute dans le cadre de l’affaire MedPoint. Le 2 juillet, il est condamné à 12 mois de prison pour conflit d’intérêts. Il n’a d’autre choix que de démissionner de son poste de ministre de la Technologie, de la Communication et de l’Innovation. C’est le début de sa traversée du désert. Pas d’accord avec le jugement, il loge un appel en Cour suprême. Mercredi 8 décembre, lors d’une réunion nocturne du comité régional MSM du No 13 à Rivière-du-Poste, il qualifie sa condamnation « d’accident de parcours ». Et d’ajouter : « Tous les camarades savent que je travaille dur sur mon procès en appel qui sera entendu en janvier 2016. J’ai retenu les services d’une avocate étrangère. Elle est plus que jamais convaincue qu’il n’y a rien contre moi », a affirmé Pravind Jugnauth.  
 

Mahen Seeruttun, ministre MSM de l’Agro-industrie: « Une année bien remplie »

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[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"5302","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-9986","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"250","height":"300","alt":"Mahen Seeruttun"}}]] Mahen Seeruttun, ministre MSM de l’Agro-industrie

« Cela a été une année bien remplie. Nous avons jeté les bases pour que Maurice puisse vraiment décoller dans deux ou trois ans. Nous avons pris des mesures pour absorber le chômage et pour permettre au pays de se développer encore davantage. Nous avons fait un grand pas en avant par rapport à la façon dont les choses étaient gérées par le précédent gouvernement », dit le ministre. Et d’ajouter : « Maurice est entre de bonnes mains. Nous avons pu remettre de l’ordre non seulement au niveau de l’économie, mais aussi au niveau social. Les gens étaient peut-être plus concentrés sur certains sujets, comme l’affaire BAI et la polémique autour du projet de loi sur le Good Governance & Integrity Reporting Bill, mais il y a eu beaucoup de positif. De nombreuses mesures annoncées durant la campagne électorale ont été réalisées. Je pense notamment à la pension de vieillesse, les subventions à 100% sur les examens du SC et du HSC, le rétablissement du pouvoir d’achat et les mesures prises pour aider les plus vulnérables ». [padding-p-1 custom_class=""][/padding-p-1]  
   

Un an de pouvoir vu par…

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Jack Bizlall, Mouvement 1Er Mai: « Ils ont perdu de leur crédibilité »

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[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"5303","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-9987","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"250","height":"300","alt":"Jack Bizlall"}}]] Jack Bizlall

« L’Alliance Lepep a très bien démarré l’année avec l’augmentation de la pension de vieillesse et le règlement du problème de la liberté des conducteurs. C’étaient des petites mesures qui ont eu un effet positif. Là où ils ont fauté, c’est quand ils ont voulu aller trop vite en besogne. Ils ont perdu de leur crédibilité, notamment en bousculant leurs adversaires politiques de manière agressive. Puis, il y a eu l’engagement des ministres qui ne font pas la différence entre le rôle du gouvernement et celui des institutions. Il y a aussi eu le licenciement d’un certain nombre d’employés dans le port et les municipalités. Mais la pire des choses, depuis l’instauration de l’état d’urgence de 1972, c’est la tentative de changer la nature de l’État avec des amendements constitutionnels. Je pense que nous allons le payer très cher d’un point de vue des libertés ». [row custom_class=""][/row]

Ashok Subron, Rézistans ek Alternativ: « Désormais, des otages du secteur privé »

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« L’Alliance Lepep n’a pas répondu aux aspirations de la majorité des personnes qui avaient placé leur confiance en elle. Au niveau de la politique économique, ils sont très vite devenus l’otage du secteur privé. Avec le High Powered Committee mis sur pied, c’est de plus en plus le secteur privé qui décide. Nous avons eu un exemple plus récent avec la compensation salariale : avant de décider quoi que ce soit, il faut la permission de MM Dalais et Makoond. Le gouvernement a également trahi sa parole concernant le moratoire aux projets touristiques. On persiste avec le projet de La Cambuse, mais aussi avec 64 nouveaux hôtels. Je crois qu’après 2015, l’Alliance Lepep aura à faire face à une opposition citoyenne de grande ampleur, à la mesure de la déception ».
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