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Laurent Recoura, Officer-in-charge d’Air Mauritius : «On veut créer un produit ancré sur l’identité mauricienne»

L’Officer-in-charge d’Air Mauritius estime qu’il faut à tout prix « ‘mauricianiser’ le service », car le client est roi. Des initiatives ont déjà été enclenchées dans ce sens. Laurent Recoura plaide pour une reconnexion avec les clients et une valorisation des employés. 

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Parlez-nous de vous… 

Je suis Toulousain. Je suis né dans les avions, ou presque. Mon grand-père travaillait chez la société de constructions aéronautiques Sud-Aviation et collaborait dans la construction des avions, tandis que mon père était chez Airbus. Je suis tombé dans ce domaine depuis petit. J’ai commencé ma carrière dans des compagnies en Amérique. J’ai également travaillé en Inde, aux Émirats Arabes Unis, aux Philippines, en Malaisie, à Oman et me voilà maintenant à Maurice.

Qu’est-ce qui vous amène justement à Maurice ? 

Cela s’est passé comme ça se passe très souvent : à travers un chasseur de tête. Il m’a approché et j’étais disponible. Pour moi, Maurice est quand même spécial dans le sens que mon premier job dans l’aérien était pour un agent général qui représentait les intérêts d’Air Mauritius en France. J’étais basé à Toulouse. Je représentais donc Air Mauritius et j’allais visiter les agences.

Air Mauritius est sortie de l’épisode de la Covid-19 la tête haute, et tout va pour le mieux»

Quelques mots sur le vol inaugural Gatwick-Maurice prévu pour ce lundi ?

En l’espace d’une année, Air Mauritius est passé de trois à cinq vols par semaine sur Heathrow. Nous sommes en train de passer à la vitesse supérieure. 

Heathrow est un aéroport très demandé. En raison des vols internationaux, il y a parfois quelques problèmes d’accès sur les créneaux horaires. Air Mauritius est, historiquement, propriétaire de trois fréquences. La compagnie aérienne a entamé des pourparlers avec Gatwick Airport et c’est ainsi qu’on a eu la permission d’opérer en raison des créneaux disponibles. Nous avons même eu la permission d’opérer tous les jours. La décision était rapide. 

Une étude de marché a été menée et nous avons conclu que le Royaume-Uni mérite une fréquence quotidienne, au même titre que Paris. Le marché anglais est aussi grand que le marché français et il y a un fort potentiel. 

En d’autres mots, venir à Gatwick était presque une obligation. Cela permettra de développer la compagnie, tout en ramenant plus de touristes. La diaspora aura également le choix de voyager depuis l’aéroport de son choix.

Quelles sont vos attentes par rapport à ces vols ?

Le marché londonien est quand même très vaste. Il y a deux aéroports. Il y a, effectivement, une partie de la communauté mauricienne domiciliée au nord de Heathrow, tout comme il y a un gros segment de la population mauricienne habitant à proximité de Gatwick.

Selon vous, faut-il dépoussiérer Air Mauritius ?

C’est un fait. Air Mauritius, qui est dans une industrie très dynamique, est soumise aux événements. Il faut néanmoins se remettre en cause et se transformer. La compagnie aérienne est passée par une période très difficile après la Covid-19 et l’administration volontaire. 
Air Mauritius est en train de se transformer, revisiter sa manière d’opérer, tout en se redynamisant. C’est l’occasion rêvée pour faire le maximum pour cette belle dame.

Quid des axes prioritaires de ce changement ?

Tout commence par la mentalité. Air Mauritius est une compagnie aérienne qui dispense un service. Ce sont les voyageurs qui font nos salaires. Mon objectif, en tant que Chief Commercial, est de placer le client au centre des priorités. Il n’y a rien de plus important. 

Mais n’oublions pas que les employés sont tout aussi importants. Il y a ces deux éléments à gérer. La satisfaction des clients passe par la satisfaction des employés. 

Nous sommes en train de travailler afin de redynamiser la compagnie aérienne. Nous avons la chance d’avoir un personnel très motivé, mais qui a toutefois beaucoup souffert. C’est la raison pour laquelle il faut reconstruire quelque chose de solide avec les employés, afin que ces derniers puissent dire : « Je suis fier de travailler pour Air Mauritius. »

Vous êtes également en faveur d’une valorisation du personnel…

Nous sommes hors des chantiers de la Covid-19 et c’est une très bonne chose. Nous sommes en train de rebondir et il y a de belles choses qui sont en train d’être mijotées afin de revisiter la compagnie aérienne. 

Le menu à bord sera également revu… 

Oui. Il faut à tout prix remettre les clients au centre des préoccupations. On mange bien. La prestation est bonne. Mais je constate qu’il manque une touche mauricienne à bord. Autrement dit : on veut créer un produit qui soit ancré sur l’identité mauricienne à travers tous les éléments possibles. La restauration n’est qu’un élément. 

Connaissez-vous l’artiste locale AnneGa ? C’est une jeune artiste mauricienne qui représente toutes les valeurs positives. Air Mauritius est en synchronisation totale avec elle. Et AnneGa va illustrer ce mauricianisme à travers ses morceaux. D’ailleurs, la musique d’embarquement est l’un de ses morceaux.

Et il n’y aura pas n’importe qui aux fourneaux…
Il y a beaucoup de talents à Maurice. Air Mauritius est en train de travailler sur un projet en partenariat avec Bocuse d’Or. Nous ferons en sorte qu’un chef mauricien signe nos plats.

Et votre position sur le limogeage de Yogita Babboo, dont l’affaire est en cour ?

Justement, l’affaire est en cour. Je ne peux pas faire de commentaire.

Comment se porte la santé financière d’Air Mauritius ?

Je ne vais pas parler de chiffres. Mais tout ce que je peux vous dire, c’est qu’Air Mauritius est sortie de l’épisode de la Covid-19 la tête haute, et tout va pour le mieux. La compagnie aérienne a les capacités de se déployer. Cela fait un an depuis que je suis chez Air Mauritius et on a relancé les vols sur Delhi, Perth, Cape Town, Genève et bientôt sur Chennai, dont je ne dirai pas plus.

Quelques mots sur l’étude en cours sur de nouveaux marchés ?

L’Italie fait partie des autres destinations européennes que nous sommes en train d’évaluer. Il faut que d’ici à octobre 2024, Air Mauritius soit en capacité de développer davantage le marché européen, qui est très porteur. Nous sommes en train d’étudier le marché italien, tout comme d’autres destinations. Mais je ne vais pas m’engager. Une étude de marché est en cours. Il y a toutefois des marchés historiques comme Munich, Milan ou Rome. Nous allons tout passer en revue.

Qu’en est-il de la flotte ?

Air Mauritius représente environ 45 % de la capacité de l’offre des vols sur Maurice. Notre ambition est de franchir la barre des 55 %. D’où le fait qu’il faut impérativement se développer.

D’autres compagnies aériennes peuvent-elles s’ajouter sur la liste, si elles le souhaitent ?

Je suis dans l’incapacité de préjuger ce que les autres compagnies aériennes veulent faire. Elles peuvent essayer. D’ailleurs, elles sont les bienvenues. La concurrence est toujours saine. Air Mauritius a la capacité de faire des vols en mode non-stop et c’est déjà grand-chose.

Vous êtes l’Officer-in-charge d’Air Mauritius. Un poste qualifié d’éjectable. Cela vous effraie-t-il ?

Je ne me projette pas dans le futur. Une enquête est en cours. J’assume l’intérim technique. Mais pour reprendre votre question d’un point de vue plus large, je vous dirais que je suis très fier de me battre au quotidien pour Air Mauritius, les employés et Maurice.

 

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