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L’existence oubliée d’un ex-fonctionnaire de Mare-d’Albert

La veuve de Ismael Fokeera aura bientôt 100 ans et a droite Ismael Fokeera et son épouse.

L’existence d’un homme est vite dissipée. Avec la disparition de ses contemporains, personne ne se souviendra de celui-ci. C’est le sentiment qui anime en ce moment les proches d’Ismaël Fokeera.

Ismaël Fokeera est décédé en 1975 à l’âge de 62 ans. Son départ a fait une veuve, Azra, et dix orphelins. Celle-ci a 98 ans. Elle vit avec son plus jeune fils qui est marié à Rahicha. C’est elle qui nous raconte l’histoire de son beau-père.

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« Il est décédé avant que je prenne naissance. Je viens du Mozambique et ce n’est que plus tard que j’ai fait la connaissance de son fils. Il y a 27 ans. Il est triste qu’on ne se souvienne plus de mon beau-père. Ma belle-mère aurait souhaité que le système se souvienne du passage de son mari à l’école de gouvernement où il travaillait autrefois ! L’ironie c’est que ma belle-mère a personnellement aidé son mari quand il travaillait encore dans cette école. Elle l’aidait à prendre soin des petits écoliers. Mais aujourd’hui, personne ne s’en souvient », avance Rahicha.

Ismaël Fokeera travaillait pour l’école de gouvernement Mare-d’Albert, la localité où il est né. Quel est le lien entre cette école et le fait que le système ne se souvienne plus de lui ? « Ma belle-mère a droit à seulement sa pension de vieillesse et non à la pension de travail de son mari. Je n’étais pas au courant de cette situation jusqu’à ce que j’entame certaines démarches pour elle. Même les préposés de la Sécurité sociale ont été étonnés d’apprendre que ma belle-mère ne touche pas la pension de travail de son défunt mari », explique-t-elle.

Elle souligne que son beau-père avait 30 années de service. Quand il a pris sa retraite, il a bien eu son lump sum et il a commencé à toucher l’argent de sa pension de retraite. Mais quand il est décédé, étrangement, sa veuve n’a pas perçu sa pension de retraite. Elle a entamé des démarches en vain. « Elle m’a dit que quand elle a entamé des démarches, une personne lui a confisqué sa carte. Malheureusement, ma belle-mère n’est plus capable d’identifier cette personne. Il semble que le problème trouve sa source dans le fait que cette personne aurait remarqué que le nom de l’épouse n’était pas le même que celui qu’on trouve sur l’acte de mariage et l’acte de décès du mari. »

Se pourrait-il que le nom de la veuve ait été mal écrit sur le certificat de décès de son époux ? « En tout cas, on a demandé à ma belle-mère de faire un affidavit. Ce qui a été fait. »
Dans un premier temps, Rahicha a pris contact avec le ministère de l’Éducation. On lui a conseillé de se rendre au bureau de l’Éducation de Rose-Belle, vu que son beau-père travaillait à l’école de Mare-d’Albert, qui se trouve donc dans la zone 3. Elle s’y est rendue avec l’espoir que ses démarches aboutissent. En vain ! Le bureau de l’Éducation de Rose-Belle reconnait qu’Ismaël a travaillé pour l’école de gouvernement de Mare-d’Albert. Mais le nom de Ismaël Fokeera ne figurait pas dans le système du ministère ! 

Sans solution

Rahicha dit : « J’ai insisté que le nom de mon beau-père figurait bien dans les archives du bureau de l’Éducation de Rose-Belle et j’ai insisté pour qu’ils appellent pour confirmer. Ils m’ont demandé de le faire moi-même et je me suis rendue de nouveau au bureau de l’Éducation de Rose-Belle. Cette fois-ci, ils m’ont dit qu’ils n’arrivaient pas à retrouver le nom de mon beau-père, car il aurait exercé il y a trop longtemps ! Ils m’ont demandé d’expliquer mon cas à travers une lettre officielle. »

La seule personne vivante apte à témoigner en faveur d’Ismaël Fokeera demeure sa veuve. Mais elle arrive à peine à se déplacer ces jours-ci. « Elle ne fait que quelques pas dans la cour… Impossible pour elle de prendre les escaliers. Ou encore de monter à bord d’une voiture. Elle ne sort plus maintenant, même pas pour aller chez des proches », indique Rahicha.

S’est-elle aussi adressée à la Sécurité sociale ? Sollicité par la rédaction, Dharma Ramjunum, commissaire adjoint, a déclaré : « Cela ne concerne pas directement la Sécurité sociale, mais le département en rapport avec son employeur, soit le ministère de l’Éducation. Quand ce monsieur travaillait, le National Pension Fund n’était pas encore en fonction. Il a été introduit en 1978. »
La conclusion à laquelle est parvenue Rahicha est celle-ci : on se souvient d’un homme quand il est vivant. Quand il meurt, il est vite oublié.

 

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