Législatives 2019

Reza Issack : «On corrompt au grand jour»

Même s’il estime que le leader du MMM ne mérite pas un poste de PM à l’israélienne, mais le poste suprême, Reza Issack, observateur politique, soutient que le PTr et le MSM comptent sur les mauves comme joker après le 7 novembre.

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On est dans la dernière ligne droite. Sera-ce une arrivée dans un mouchoir ?
Tout peut arriver dans la ligne droite. Parfois, quand les chevaux se valent, on oublie l’outsider, qui a amélioré sa position pour finir en trombe et coiffer les favoris au poteau ! Ne nous aventurons pas trop, car il existe en politique également une glorieuse incertitude. En décembre 2014, un extrême outsider avait désarçonné le super favori !

Serait-il possible, avec la peur du « koupe-transe », qu’aucun parti n’obtienne la majorité pour gouverner dans ce « three-cornered fight » ?
Tout est possible, car tout est incertain, voire flou. C’est impossible de savoir ce qu’il y a dans la tête des électeurs et comment ils vont voter.

Paul Bérenger parle d’un « MMM Revival » qui se traduit, selon lui par la foule présente à ses congrès. Se peut-il que les mauves puissent jouer au joker entre les deux blocs ?
Le MMM a pris un bain de jouvence, il est tout ragaillardi. Il était déjà une force incontournable sur l’échiquier politique. Maintenant, sans aucun partenaire-boulet à traîner, il chevauche allègrement... Le MMM a déjà enfilé sa casaque de joker.

Quand les chevaux se valent, on oublie l’outsider qui peut coiffer les favoris au poteau »

Que feront les indécis ? Bouderont-ils encore une fois les urnes et au détriment de quel bloc ?
Étant des... indécis, ils sont imprévisibles. Croyez-moi, ils voteront plus avec raison qu’avec émotion, car ils réfléchissent. Ils sanctionneront certains et valoriseront d’autres.

Navin Ramgoolam et Pravind Jugnauth se livrent une bataille sans merci...
La raison est simple : les deux cherchent désespérément le pouvoir. La maladie du pouvoir rend incontrôlable, impitoyable, cruel et fou. On n’a qu’à lire Shakespeare pour le comprendre.

Des clips anti-Navin Ramgoolam et anti-Pravind Jugnauth circulent, alors que c’est illégal. Que fait l’Electoral Supervisory Commission (ESC) et l’Independent Broadcasting Authority ?
Ces deux institutions semblent dépassées et impuissantes. La loi a été faite pour être violée, si j’ose dire...

Qu’est-ce qui vous a marqué le plus durant cette campagne ? Et les couacs ?
Le déferlement d’insultes sur les réseaux sociaux évidemment, mais aussi les à-côtés amusants de la campagne, avec ses Anil Kumar Jugnauth, Jackie Chan et Monsieur Malin. Ce qui m’ébranle surtout, ce sont ces promesses désespérées qui mettront le pays à genoux.

Le leader du MMM est-il considéré par les deux blocs comme du menu fretin ?
Et Pravind, et Navin n’ont pas trop de temps pour braquer leurs canons sur Paul Bérenger, préoccupés comme ils le sont par leur duel féroce. Au fond, malgré tout ce qu’ils martèlent, les deux blocs savent que le MMM est leur potentiel allié post-électoral.

La politique est devenue tellement dégoûtante avec les partis traditionnels que beaucoup préfèrent s’en distancer »

En cas d’alliance post-électorale, un accord à l’israélienne est-il envisageable ?
Tout dépendra du verdict des urnes. À l’israélienne ? Pourquoi ?  Paul Bérenger ne peut-il pas être Premier ministre pendant cinq ans ? Tout dépendra des exigences du moment.

Quel thème de campagne est, selon vous, le plus porteur ? Le MSM parle de son bilan, le MMM de sa main propre, le PTr de rupture...
Le bilan du MSM est mi-figue, mi-raisin. Il y a eu de très bonnes choses, mais aussi une série de scandales. La main propre et la tête haute, c’est bien comme slogan, car le MMM incarne ainsi la moralité et c’est ce que réclame la population. Cependant, le MMM a, en cours de route, perdu des militants de longue date, comme Alan Ganoo, Pradeep Jeeha, Steven Obeegadoo, Françoise Labelle et Jean-Claude Barbier, qui diraient le contraire de leur ancien parti. Quant au Parti Travailliste, je n’ai pas compris jusqu’ici ce qu’il a voulu dire par rupture. C’est un slogan creux, voire fade.

Quand chacun hausse les enchères en faisant des promesses mirobolantes, n’est-ce pas un pot-de-vin électoral déguisé ?
Que fait l’ESC qui a émis un communiqué jeudi pour prévenir contre toutes les promesses électorales ? C’est clair qu’on veut acheter des votes. On corrompt au grand jour, sans qu’aucune institution n’ose intervenir. On est, dans ce cas-là, dans une situation d’impuissance.

La maladie du pouvoir rend incontrôlable, impitoyable, cruel et fou »

Les jeunes s’intéressent de moins en moins à la chose politique et plus aux réseaux sociaux. Explications ?
La politique est devenue tellement dégoûtante avec les partis traditionnels que beaucoup préfèrent s’en distancer. Les réseaux sociaux, par contre, constituent pour les jeunes une plate-forme idéale pour tout faire. Il est tout à fait normal qu’ils vivent leur époque comme ils l’entendent.

 

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