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Sandrine Rathbone : «Kan nounn trouv bizou monn dir Nacir touy madam la» 

Sandrine Rathbone et Nacir Bukreedun ont participé à une reconstitution du domicile de la victime à Cassis, le jeudi 28 septembre 2023.
  • La jeune femme et son compagnon Nacir Bukreedun ont trois morts sur le dos 


Contre toute attente, Sandrine Rathbone, 30 ans, et Nacir Bukreedun, 27 ans, ont avoué un autre meurtre. Alors qu’ils avaient été arrêtés pour leur implication dans la mort de Presram et Indira Sookur, tués à leur domicile à Clairfonds, ils ont admis s’en être aussi pris à Khatiba Goburdhun. Cette femme de 57 ans a été retrouvée sans vie à son domicile à Bain-des-Dames, Cassis, en mars 2022. Les propos de la jeune femme donnent froid dans le dos. « Kan nounn trouv bizou, monn dir Nacir touy madam la », a-t-elle dit aux enquêteurs de la Major Crime Investigation Team (MCIT) durant son interrogatoire. 

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Avec ce rebondissement, le duo Rathbone-Bukreedun, qui est en détention depuis le mardi 26 septembre 2023, a trois morts sur le dos, du moins pour le moment, incluant ceux de Presram et Indira Sookur, dont les cadavres ont été retrouvés par leur fille le jeudi 21 septembre 2023. Soit plus d’un an après la découverte du corps sans vie de Khatiba Goburdhun. 

À l’époque, soit en mars 2022, l’autopsie pratiquée par le Dr Shaila Prasad-Jankee avait conclu que la quinquagénaire a succombé à un œdème pulmonaire, soit de causes naturelles. La police n’avait donc pas orienté ses investigations sur un cas de « foul play ». 

Mais l’époux de la victime, un ressortissant français, qui n’était pas à Maurice au moment de la tragédie, avait exprimé des doutes quant à la cause du décès. Il était convaincu que Khatiba Goburdhun avait été victime d’un meurtre. À son retour au pays, il avait demandé une exhumation du corps pour qu’une contre-autopsie soit pratiquée (voir encadré).

Le mobile de ce meurtre était le vol de bijoux. Le crime a été soigneusement planifié après des repérages effectués par Sandrine Rathbone. Nacir Bukreedun et elle étaient locataires de la quinquagénaire à l’époque. Ils vivaient dans une partie du rez-de-chaussée, tandis qu’elle habitait seule à l’étage. 

Son époux, lui, réside en France depuis un moment. La jeune femme l’a rapidement compris après une brève discussion avec la propriétaire des lieux. Elle a aussi compris que cette dernière ne recevait pas beaucoup de visiteurs chez elle et qu’elle ne fréquentait pas de proches à Maurice. 

Ce qui faisait d’elle une proie idéale. Khatiba Goburdhun avait fini par solliciter les services du couple de jeunes pour diverses tâches, moyennant une rémunération. Ce qu’a confirmé Sandrine Rathbone durant son interrogatoire mené par les hommes du surintendant de police (SP) Heman Dass Goorah. 

Elle a expliqué qu’elle avait pour habitude d’aider la quinquagénaire de plusieurs manières. Elle lui administrait ses médicaments vu qu’elle souffrait fréquemment de douleurs aux pieds. Il lui arrivait de les lui masser. Elle s’occupait aussi des tâches ménagères et du nettoyage de la maison. C’est comme cela que son compagnon et elle étaient peu à peu parvenus à gagner la confiance de la victime. 

Vu qu’ils avaient accès à sa maison, la jeune femme avait tout le loisir pour repérer les objets de valeur de la quinquagénaire. Leur plan initial était de voler ses bijoux et son argent. Mais ils ont soutenu, durant leurs interrogatoires respectifs par la MCIT, qu’ils avaient finalement décidé de tuer Khatiba Goburdhun pour éviter qu’elle ne les dénonce. Ils craignaient d’être identifiés ou que les soupçons se portent sur eux si elle était encore en vie et qu’elle venait à constater qu’elle avait été victime d’un vol. 

Le jour du meurtre, Sandrine Rathbone s’occupait des tâches ménagères au rez-de-chaussée. Vu qu’elle donnait souvent des massages de pied à la quinquagénaire, elle s’est permis d’ouvrir la porte donnant accès au premier étage. Lors de la reconstitution à laquelle elle a participé le jeudi 28 septembre 2023, la jeune femme a expliqué avoir agi comme guetteuse ce jour-là pour s’assurer qu’il n’y avait personne aux alentours avant de donner le feu vert à Nacir Bukreedun pour qu’il entre.

« Mo al fer travay la mo vini », lui aurait-il lancé avant de monter. Interrogée sur la signification des termes « travay la », Sandrine Rathbone a confirmé que cela signifie que le jeune homme était chargé de tuer Khatiba Goburdhun. Laquelle dormait quand il est monté. Il l’a ensuite étouffée à l’aide d’un oreiller, comme le lui avait demandé la jeune femme pendant qu’ils fomentaient leur plan funeste. 

Une fois la victime décédée, le couple a passé la maison de fond en comble pour récupérer les bijoux et l’argent. Puis Sandrine Rathbone a méticuleusement nettoyé la maison avant de quitter discrètement les lieux, tout en prenant le soin de ne pas attirer l’attention des voisins. La découverte macabre avait été faite plus tard dans la journée du 11 mars 2022, après que la police avait été alertée par des voisins que la victime ne donnait plus signe de vie. 

Me Shameer Hussenbocus : « Nou ti demann bann analiz siantifiK  » 

Me Shameer Hussenbocus, l’avocat de l’époux de Khatiba Goburdhun, a exprimé sa gratitude envers le surintendant de police Heman Dass Ghoora et son équipe pour leur réactivité. Khatiba Goburdhun, décrite comme une femme sans histoire, avait travaillé comme fleuriste dans une entreprise spécialisée dans la décoration et l’événementiel. Elle vivait pratiquement seule dans sa maison parce que son époux, qui résidait à l’étranger, faisait des allers-retours. Passionnée par son travail de décoration florale, elle gagnait sa vie grâce à cette activité. 

L’époux, qui est un ressortissant français, était revenu à Maurice en mars à la suite du décès de Khatiba Goburdhun. Dès lors, il avait exprimé des doutes quant à la cause du décès. Il avait demandé que le cadavre de sa femme soit exhumé afin qu’une contre-autopsie puisse être pratiquée. Il avait sollicité les services des avocats Shameer Hussenbocus et Saud Peerun. 

« ‘Nou ti asiste li dan so bann demars’. Son époux était convaincu qu’il s’agissait d’un meurtre. ‘Nou ti al CCID ki ti refer nou à lapolis Bain-des-Dames. Nou ti demann bann analiz siantifik’ », explique Me Shameer Hussenbocus dans une déclaration qu’il avait faite à la police de Bain-des-Dames le 24 mars 2022. 

L’avocat salue l’équipe du SP Heman Dass Ghoora pour la rapidité de son intervention dans cette affaire. « Nou remersie SP Ghoora ek so lekip pou so promptitid », confie l’homme de loi. Il estime que si les policiers de l’époque avaient opéré de manière plus efficace, le couple Sookur serait toujours en vie aujourd’hui.

100 clients réclament les biens qu’ils avaient mis en gage avec Presram Sookur

Des clients de Presram Sookur réclament leurs biens maintenant qu’il est décédé. Ils les avaient mis en gage en échange d’argent, somme qu’ils devaient ensuite rembourser pour être en mesure de récupérer leurs biens. Ils sont une centaine. Ils comptent entamer une action commune auprès de la Cour suprême en vue d'empêcher les héritiers de Presram et Indira Sookur de s’accaparer leurs biens. 

Certains clients du prêteur sur gages avaient mis en gage des bijoux. D’autres des documents de propriété pour des véhicules et des terrains. Dans certains cas, les clients ont atteint la date d’échéance pour le remboursement de leurs dettes. 

Doolari Jugnarain, qui s’engage activement en faveur des victimes des usuriers, lance un appel pressant à tous les clients pour qu’ils se manifestent et participent à cette démarche judiciaire. « Tou bann dimounn kinn pran ‘emprunt’ ek Monsieur Sookur, sa ve dir zot ena kiksoz an gaz », a-t-elle dit dans une déclaration accordée à Radio Plus le mardi 26 septembre 2023. 

Doolari Jugnarain a expliqué que les emprunteurs sont des personnes victimes de problèmes financiers qui se sont tournées vers Presram Sookur dans un moment de détresse parce qu’elles n’avaient d’autre choix. Elle a toutefois prévenu qu’il y a un risque que les héritiers du couple, c’est-à-dire les enfants, ne considèrent probablement pas ce fait : « ‘Kitfwa bann zanfan la pa pou get tousala. Sa bann dimounn la pou perdi partou’. C’est pour cela que nous disons qu’il faut intenter une action devant la Cour suprême pour réclamer leurs biens. »

Sollicité pour un avis légal sur la question, l’avocat Arun Binda explique que les victimes du casseur peuvent intenter un procès aux héritiers en vue de réclamer leurs biens. « Ce n’est pas légal, car toute transaction financière nécessite une licence de la Financial Services Commission et doit être régulée par la Bank of Mauritius Act », commente-t-il en expliquant la pratique d’un prêteur sur gages.

 

 

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