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Séisme en Turquie et en Syrie : des Turcs à Maurice pleurent leurs proches et amis

Vue aérienne des dégâts à Kahramanmaras, l’épicentre du séisme de magnitude 7,8, dans le sud-est de la Turquie. Le bilan en Turquie et en Syrie a franchi la barre des 24 000 morts.
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  • Hamza Atlas : « J’ai perdu dix membres de ma famille... »

Le séisme de magnitude 7,8 ayant frappé la Turquie et la Syrie, le lundi 6 février, continue de bouleverser la vie des populations affectées. Loin de leur pays natal, c’est avec le cœur lourd que les Turcs à Maurice témoignent de leur impuissance. 

Plus de 24 000 morts. Le bilan des victimes du puissant séisme qui a frappé le sud-est de la Turquie et le nord-ouest de la Syrie ne cesse de s’alourdir. Et Hamza Atlas, 42 ans, est impuissant. Restaurateur établi à Maurice depuis 8 ans, ce natif de la ville turque de Malatya se dit désemparé. 

Hamza Atlas a perdu dix membres de sa famille dans ce séisme meurtrier. C’est avec la gorge nouée qu’il se confie. « Au moment où je vous parle, plus de 8 000 personnes sont décédées dans le séisme dans la ville où j’ai grandi. Et, malheureusement, le bilan risque de s’alourdir », explique le quadragénaire. 

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Hamza Atlas.

À tous ces morts s’ajoutent des membres de sa famille. « J’ai perdu mes tantes et mes oncles, qui n’ont pas survécu au séisme », révèle Hamza Atlas. Les seuls membres survivants sont sa sœur et ses frères. « Ils se retrouvent désormais sans toit sous la tête et sans vêtement pour se protéger du froid glacial. Grâce à Dieu, ils sont vivants. Mais c’est difficile pour eux. Ils sont sous le choc. » 

Selon le restaurateur, recevoir de l’aide ou l’assistance médicale appropriée est « vraiment difficile dans ce chaos total ». Il se dit conscient que le gouvernement turc met les bouchées doubles pour aider les sinistrés autant que possible à travers l’aide alimentaire et la mise à l’abri. 

N’empêche, cela fait plus de quatre jours qu’il n’a pas pu établir la communication avec sa famille, dit Hamza Atlas. « C’est très difficile de prendre contact et de demander de leurs nouvelles. Les stations Internet et téléphoniques sont hors service dans de nombreuses régions. Et la neige n’aide pas du tout. Depuis le séisme, je n’ai eu de nouvelles qu’une fois de ma petite sœur qui, elle, se trouve dans une région où grâce à la montagne, le réseau lui parvient. Ils vont ressayer aujourd’hui, espérons que leurs voix me parviennent... » 

Être à des milliers de kilomètres de sa famille en cette période difficile est doublement déchirant pour lui. Hamza Atlas souhaite ardemment être auprès des siens. Mais les conséquences dévastatrices de cette catastrophe naturelle, considérée comme l’une des pires ayant touché la région depuis un siècle, l’empêche de se rendre dans son pays natal.

« Hélas, en ce moment, il est impossible d’y retourner en raison des dégâts infrastructurels. Certaines routes endommagées ont coupé la région du reste des villes de la Turquie. En sus, les bouchons seront infernaux hors d’Istanbul dus aux nombreux véhicules de secours qui s’y dirigent », poursuit le Turc.

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Hakan Uykutalp.

Alors, même s’il aurait voulu pouvoir prêter main-forte à ses compatriotes et leur apporter le soutien moral nécessaire, « je me résous à prier. Ils sont constamment dans mes pensées. Même ceux qui ne sont plus de ce monde. Désormais, tout est entre les mains de Dieu ».   

La même angoisse et la même impuissance rongent Hakan Uykutalp, 38 ans. Installé à Maurice avec sa famille depuis cinq ans, il exerce comme chef. Ce ressortissant d’İçmeler, située dans le sud-est de la Turquie, dit avoir récemment visité la ville de Gaziantep, qui a été sévèrement touchée par le séisme. Il a le cœur brisé. 

Il se fait du sang d’encre pour ses proches. « Environ vingt de mes amis et partenaires d’affaires vivent dans les villes qui ont été dévastées par le séisme, dont Gaziantep. Certains ont perdu des membres de leurs familles, d’autres vivent le cauchemar et prient pour la survie de leurs épouses qui se retrouvent sur un lit d’hôpital. Un de mes amis d’enfance, qui travaille dans la police à Gaziantep, a perdu sa maison d’enfance… »

Hakan Uykutalp s’inquiète pour sept de ses amis en particulier. « J’ai essayé de les joindre au téléphone à maintes reprises. Hélas, pas de réponse. Je me demande ce qui leur est arrivé. J’en perds le sommeil la nuit. » 

Depuis que ce séisme a dévasté le sud-est de la Turquie et la Syrie, sa vie, dit Hakan Uykutalp, est à l’arrêt. Son quotidien se résume à suivre les nouveaux développements en fil rouge aux infos. « Je suis ici, mais mon cœur et mon esprit sont en Turquie, avec la population affectée. Se concentrer au travail est impossible », murmure-t-il. 

Le trentenaire révèle avoir le cœur serré en apprenant que chaque jour des milliers de personnes sont retrouvées mortes. « Chaque heure, une poignée de personnes arrivent à s’en sortir. Nos yeux sont braqués sur l’écran de nos téléphones, avec l’espoir d’avoir des nouvelles positives. Nos regards cherchent nos amis et les familles que nous avons côtoyés, et nous espérons qu’ils ont survécu », raconte-t-il.   

Le chef est tellement affecté qu’il a dû prendre quelques jours loin du travail. Idem pour son épouse et ses enfants qui sont bouleversés. « La vérité, c’est qu’on ne se remet jamais d’un drame comme celui-ci. Les maisons, les hôpitaux, les bâtiments se sont écroulés, 60 % des infrastructures ont été détruites, laissant derrière un massacre humain. On pourra reconstruire des bâtiments, mais qu’en est-il des vies qui ont été ôtées ? » se désole-t-il.

Hakan Uykutalp regrette du plus profond du cœur de ne pas pouvoir en faire plus. « J’aurais aimé être sur place et prêter main-forte, mais la situation qui y prévaut m’en empêche. » Et s’il envoie de l’argent, il sait très bien que « ce n’est pas suffisant ».

De ce fait, ayant à cœur d’aider à sauver le maximum de vies et minimiser les dégâts psychologiques causés par le séisme, il remue ciel et terre afin d’accélérer le processus de rapatriement d’une famille mauricienne. « Les officiers au poste de police de Floréal où j’habite ont pris contact avec moi pour essayer de repérer une famille mauricienne en difficulté à Gaziantep. Grace à un ami sur place, nous avons heureusement pu sortir cette famille de la région et organiser les billets pour qu’elle puisse se rendre à Istanbul », fait savoir Hakan Uykutalp. Il était attendu que ces Mauriciens atteignent Istanbul hier.

De leur côté, les organisations caritatives mauriciennes apportent leur aide en collectant des dons pour la population sinistrée en Turquie. « Cela me tenait à cœur de rendre la pareille lorsque l’opportunité s’est présentée à moi. Je crois fermement qu’on doit s’aider mutuellement en ces moments difficiles qui touchent l’humanité. »

 

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