Les Mauriciens seront nombreux à toucher leur boni de fin d’année. Si certains dépenseront leur treizième mois sur les produits de consommation et pour l’achat des cadeaux pour les festivités, cependant d’autres préfèreront économiser cet argent ou encore l’investir.
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1. Achats des produits alimentaires pour les festivités
La majorité des Mauriciens dépensent leur boni dans l’achat des produits alimentaires pour la période de festivités. C’est ce qu’estime Claude Canabady, secrétaire de Consumers’ Eye Association. « Les employés vont acheter des provisions pour pouvoir profiter d’un bon repas de Noël et du Nouvel An en famille », fait-il ressortir. D’ailleurs, c’est le constat dans les grandes surfaces. À l’instar chez SaveMart, chaque année après le versement du boni, le nombre de clients dans les supermarchés monte en flèche. « Les Mauriciens attendent leur boni pour faire les gros achats de fin d’année. Les caddies sont certainement plus remplis que d’habitude », affirme le Brand & Communication Manager Nitish Ramsahye. En effet, il indique que le budget normal d’une famille pour l’achat des produits alimentaires tourne autour de Rs 7 000 pour mois. « Mais pour le mois de décembre, le budget est doublé. Donc, c’est clair que le boni a été utile », dit-il.
2. Acheter les matériels scolaires et uniformes pour la grande rentrée
Claude Canabady est d’avis que l’achat des matériels scolaires demeure également une priorité pour les Mauriciens dans les dépenses du boni de fin d’année. Ravi Venkatasamy, directeur de Bonkoutir Uniforms, abonde dans le même sens. « Il y a des parents qui dépendent uniquement sur leur boni pour l’achat des uniformes et d’autres accessoires d’école pour la grande rentrée », explique-t-il. Selon lui, la vente est très lente actuellement, mais elle devrait grimper à partir du 19 décembre. Par ailleurs, il souligne qu’avec la hausse du prix des tissus et l’augmentation du coût de main d’œuvre, les parents devront débourser un peu plus cette année pour les uniformes. « Il faudra compter une hausse, variant entre 10 et 15 % sur les prix », dit-il.
3. Miser sur des cadeaux pour Noël et le Nouvel An
Si les décorations pour Noël se vendent rapidement, toutefois la vente pour les cadeaux est un peu timide pour le moment. C’est ce qu’observent les magasins. « Nous recevons actuellement des parents qui viennent au magasin pour se renseigner sur les jouets. Ces derniers affirment qu’ils viendront acheter lorsque le boni sera versé », explique une Salesgirl dans un magasin de jouets à Phoenix Mall. Un avis que partage Yan Hip, la CEO de la compagnie Tamak, représentant de la marque Citadel. « À partir du 20 décembre, on s’attend à une montée en flèche sur les ventes de vêtements pour offrir comme cadeau pour la Noël et le Nouvel An », dit-elle.
4. Financer la rénovation de la maison
Dans les magasins d’Utchanah Home Pro, un fort intérêt auprès des Mauriciens pour apporter une touche de nouveauté à leur maison est déjà constaté cette année par rapport à l’année dernière. « Cependant, vu que c’est une dépense additionnelle, nous pensons que les ventes vont encore grimper après le paiement du boni », rappelle le directeur, Ram Utchanah. D’ailleurs, il affirme que c’est la même tendance chaque année.
5. Une occasion pour investir
Imrith Ramtohul, consultant en investissement, affirme qu’il existe plusieurs types d’investissements qu’optent les salariés lorsqu’ils touchent leur boni de fin d’année. Selon notre interlocuteur, les bons du Trésor sont généralement considérés comme étant « sans risque », car ils sont émis par le gouvernement mauricien. « Les rendements de ces instruments ont également augmenté au cours de l’année. À titre d’exemple, le bon du Trésor au début d’année avait un rendement d’environ 3,2 % à fin novembre 2022. C’est nettement supérieur au niveau (0,77 %) à fin décembre 2021 », dit-il. Cependant, poursuit-il, les rendements du Trésor sont toujours inférieurs à l’inflation réelle.
Les Mauriciens peuvent aussi envisager d’investir dans des actions. « En plus de recevoir des dividendes, les investisseurs pourraient également bénéficier d’une appréciation du capital au fil du temps. Il est à noter que le rendement du dividende du marché officiel de la Bourse de Maurice s’élevait à 3,6 % à fin novembre 2022 », explique le consultant.
Les cours des actions, dit-il, sont cependant volatils et les investisseurs doivent être prêts à voir de fortes fluctuations du cours de l’action. L’investissement en or est une autre option qui intéresse les salariés. « Investir dans l’or est généralement considéré comme une couverture contre l’inflation. Cependant, il devient moins attrayant lorsque les taux d’intérêt augmentent, car les investisseurs ne reçoivent pas de revenu pour la détention d’or », explique Imrith Ramtohul. Le prix de l’or, poursuit-il, peut également être très volatile. « Si le prix baisse, les investisseurs peuvent faire des pertes », prévient-il.
6. Des sous pour épargner
Imrith Ramtohul avance que les banques et autres institutions financières offrent désormais des taux d’intérêt plus élevés par rapport à l’année dernière. « Ainsi, cela peut encourager les salariés à garder leur boni en banque dans des dépôts fixes », dit-il. L’avantage des dépôts fixes, poursuit-il, est que les investisseurs obtiennent un rendement prévisible et qu’il est peu probable qu’ils perdent leur investissement. « Toutefois, le principal inconvénient est que les taux d’intérêt réels sont bien inférieurs à l’inflation. Par conséquent, le rendement réel demeure négatif », explique-t-il.
Témoignages
Marieline Dax, 63 ans : « Chaque année, j’achète un souvenir pour la maison avec mon 13e mois »
À 63 ans, ce n’est pas du repos pour Marieline Dax. À cet âge, elle a toujours la forme pour travailler et pour aider à contribuer au budget familial. Depuis plus de 25 ans, elle travaille comme ‘helper’ dans une agence immobilière. « Pour moi, le boni de fin d’année est un plus qui me permet d’acheter des cadeaux pour mes enfants et pour mes cinq petits-enfants », confie-t-elle. Par ailleurs, elle compte rembourser un crédit qu’elle doit au magasin. « Cependant, chaque année, je me fais une obligation d’acheter un souvenir pour la maison avec mon boni. Cela me fera rappeler la belle année que j’ai passé au travail », avoue notre interlocutrice.
Varoonen Chinamal, 27 ans : « Cet argent servira comme un ‘plus’ dans la rénovation de ma maison »
IT Coordinator dans une compagnie privée, Varoonen Chinamal se concentre actuellement sur la rénovation de sa maison. « Je n’ai pas octroyé de prêt bancaire pour ce projet. En effet, les économies que j’ai fait durant ces dernières années me permettent de financer les travaux. Ainsi, ce boni servira comme un ‘plus’ », confie-t-il. Quant aux dépenses de fin d’année, à l’instar de l’achat des produits alimentaires et des cadeaux, il affirme qu’il va se débrouiller avec son salaire.
Manisha Mungur-Deepchand, 27 ans : « Nous allons rembourser nos dettes »
La priorité du couple Deepchand est de rembourser les dettes avec leur boni de fin d’année. « Nous nous sommes mariés cette année et vu que la tenue de cet évènement a requis un gros budget, nous avons dû emprunter de l’argent avec des proches. Ainsi, nous avons décidé de rembourser nos dettes avec notre boni », dit-elle. Par exemple, elle avoue qu’elle doit payer le photographe de mariage. « Par ailleurs, je fais maintenant partie d’une nouvelle famille. Ainsi, la liste des cadeaux pour le Nouvel An est plus longue. Mon époux Vikash et moi organiserons le budget », confie cette employée d’une agence de voyage. Selon elle, ce sera difficile de faire des économies cette année.
Anista Bhawoo-Chakowry, 36 ans : « Je vais économiser pour financer en partie mon projet de construction »
Anista Bhawoo-Chakowry ne compte pas dépenser la totalité de son boni dans les dépenses pour les festivités. En effet, cette jeune femme qui travaille dans le secteur pharmaceutique pour une compagnie française a déjà touché son boni de fin d’année. « J’ai déjà mis de côté une grande partie de mon boni. J’ai un projet de construction qui va débuter l’année prochaine et je commence déjà à faire des économies, car le prêt bancaire ne sera pas suffisant », dit-elle. Cependant, elle avoue qu’il n’y a pas de festivités de fin d’année sans cadeaux. « Du coup, une proportion de mon boni sera consacrée pour l’achat des cadeaux pour ma fille et les autres membres de la famille », avance-t-elle.
Ziad Ramjan, 37 ans : « Le boni permet d’acheter des cadeaux et d’organiser des fêtes »
Ziad Ramjan explique que les dépenses pour le mois de décembre sont beaucoup plus élevées que les autres mois de l’année. « On doit accorder un budget important pour l’achat des cadeaux. Par ailleurs, le budget pour l’achat des produits alimentaires est plus lourd », dit-il. Du coup, il pense que le salaire mensuel ne sera pas suffisant pour financer ces dépenses. « Ainsi, le boni est un grand soulagement. Cet argent sert énormément pour l’achat des cadeaux et pour organiser des fêtes en famille », avoue notre interlocuteur qui travaille comme Sales Executive dans une compagnie privée. Dans les années précédentes, il avance que le boni aidait à financer en partie les voyages. « Cette année, je ne peux pas voyager, car j’ai plusieurs projets en cours », dit-il.
Sondage : 7 Mauriciens sur 10 vont utiliser une partie de leur 13e mois pour les achats de fin d’année
La plupart des Mauriciens, sondés par la société de veille économique Retail Scan Services, ont l’intention de ne dépenser qu’une partie de leur boni pour leurs dépenses de fin d’année. De même, 15,5 % des sondés ont l’intention de conserver la totalité de leur boni, mettant en avant les incertitudes actuelles liées à la hausse générale des prix.
Il a dit
Jean Michel Le Maire, directeur des opérations chez Retail Scan Services.
« Les résultats du sondage montrent clairement qu’en cette fin 2022, les Mauriciens seront encore assez économes par rapport à l’utilisation de leur boni, comme cela était déjà le cas l’année dernière. Seuls, 9,8 % d’entre eux le dépenseront principalement pour leurs achats de fin d’année. Ce chiffre est de 16 % pour les jeunes de moins de 30 ans et de 7,2 % pour les plus de 30 ans. »
Plus de 600 Mauriciens sondés
Pour ce sondage réalisé entre le 11 novembre et le 4 décembre, Retail Scan Services a interrogé 676 Mauriciens âgés de plus de 18 ans.
Source : Retail Scan Services
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