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Légumes rares et chers : végétariens à tout prix mais…

Au « bazar » de Quatre-Bornes, samedi, les légumes trouvaient toujours preneurs malgré les prix affichés.

Les étals dégarnis et l’envolée des prix des légumes sont le sujet de toutes les conversations. Si beaucoup de Mauriciens ressentent les contrecoups de cette situation, qu’en est-il des végétariens ? Comment font-ils face à ces défis ?

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Les rayons autrefois colorés de variétés de légumes sont de plus en plus dégarnis. Et si l’on en trouve, c’est le porte-monnaie qui rougit face aux prix affichés. De quoi rendre les consommateurs verts de colère. Les végétariens notamment accusent le coup. 

8Chaque année, souligne Arvin Halkhoree, les prix des légumes grimpent quand il y a des cyclones ou des grosses averses qui endommagent les plantations. Pendant la période de carême également, les légumes sont très prisés et leurs prix montent en flèche. Mais cette année, constate-t-il, la situation est pire. « Les prix ont atteint des sommets. Je n’ai jamais vu les prix des légumes aussi élevés. On ne trouve rien en dessous de Rs 100 la livre », déplore-t-il. 

Il se rend à la foire de Lallmatie depuis son enfance pour acheter des légumes. « Les légumes y sont plus abordables. Je suis choqué par les prix affichés dans les supermarchés, deux à trois fois plus chers que ce que l’on paie au marché. Je ne les consomme pas quand ils sont excessivement chers. Par exemple, le pâtisson est très cher. Je n’en consomme pas. J’opte pour d’autres légumes qui sont plus abordables », explique-t-il. 
Arvin Halkhoree a également recours aux conserves, notamment de pommes d’amour, utilisées pour les rougails et autres plats. Il dit toutefois acheter des pommes d’amour fraîches pour les salades. Il ne cache pas que son budget hebdomadaire pour les légumes a connu une hausse drastique. « Nous sommes une famille de cinq personnes végétariennes. Avant, nous dépensions Rs 1 500 par semaine, maintenant c’est Rs 3 500 par semaine », poursuit-il. 

Au quotidien, il essaie de jongler avec les grains secs et les légumes disponibles pour les repas. « Auparavant, c’était au moins trois légumes avec des grains secs, maintenant il n’y en a que deux. » Arvin Halkhoree ajoute qu’il cultive quelques légumes, dont des fines herbes et des « brèdes ». Cela lui permet de s’approvisionner pendant quelques semaines. Quant aux laitues, il concède que cela ne suffit pas toujours pour toute la famille.

Face à la situation actuelle, il envisage de cultiver davantage. Récemment, il a semé de la coriandre. « Je suis conscient qu’il y a des périodes pendant l’année où les prix sont bas, et plus chers à d’autres moments. Je pense que je vais me tourner davantage vers la conservation quand il y a un surplus. Je le fais déjà avec le poireau et les épinards. Je les coupe, je les mets dans des sacs ziplock et j’en ajoute aux grains secs. J’ai déjà vu des émissions sur le blanchissage des pommes d’amour avant de les congeler. Des boîtes de conserve sont aussi disponibles. Pour les autres légumes, je pense que c’est une solution », estime Arvin Halkhoree. 

« Être végétarien coûte cher à Maurice », lance Leshna, âgée de 35 ans. Elle est végétarienne depuis qu’elle a cinq ans. « Face à une prise de conscience croissante des enjeux de santé et environnementaux, les nouvelles tendances alimentaires se dessinent autour de l’alimentation dite ‘healthy’. J’en vois de toutes les couleurs et je suis même forcée de changer mon mode de vie. Les prix élevés des fruits et légumes pèsent lourd sur mon portefeuille », confie-t-elle. 

D’habitude, elle consomme entre trois et quatre légumes par repas. « Mais maintenant ce n’est plus possible. Je suis végétarienne depuis 30 ans et j’aspire à la nourriture végétalienne. Dans la quête d’une vie saine, on finit malheureusement par dépenser des petites fortunes en super aliments, graines rares, fruits exotiques. En moyenne je dépense Rs 1 500 à Rs 1 800 chaque semaine. Investir dans un chou rouge ou une courge butternut (Butternut squash), des brocolis que je vais garder pendant une semaine me permet d’équilibrer le budget », expose-t-elle. 

Les produits issus du soja sont une source classique de protéines végétales, et coûtent généralement peu cher, fait ressortir Leshna. « Alors ça m’arrange grandement. » 
Elle fait remarquer que les produits hautement transformés ou modifiés coûtent cher, « ce n’est pas un secret ». Pour remplacer les légumes qui coûtent actuellement les yeux de la tête, elle dit tenter de trouver d’autres recettes. « Il en existe beaucoup sur internet. » 

Leshna raconte que quand elle a commencé à changer d’alimentation, elle a fait des recherches non seulement sur les produits d’origine animale, mais aussi sur de nombreux aliments plus généraux, tels que le gluten, le glutamate, le sucre raffiné et autres. « J’en suis venue à réduire autant que possible ces substances et à me diriger régulièrement vers les magasins bios, mais là encore, les alternatives ont un prix ! De plus, je conseille d’éviter au maximum le gaspillage alimentaire en s’organisant correctement et en achetant uniquement les produits que l’on utilisera. À Maurice, nous ne disposons pas de ressources majeures et nous ne sommes pas autosuffisants. Il est grand temps que nous commencions à produire notre propre nourriture localement. Il est également conseillé que chaque ménage ait un potager pour réduire les coûts », affirme-t-elle.

Végétarien depuis sa naissance, Abhay qui est âgé de 27 ans, abonde dans le même sens. « Il y a quelques années, il était facile d’acheter des légumes. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Je dépends davantage de la nourriture surgelée », avance-t-il.

Le jeune homme se tourne également vers les légumes qui restent abordables. « Je ne dépense pas beaucoup d’argent pour les légumes à prix élevé. À la place, je préfère acheter des produits surgelés ou en conserve qui sont accessibles et moins chers. » Il compte aussi bientôt se mettre à cultiver quelques légumes. 

 

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