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À l’ère des caméras : peut-on tout filmer et photographier ?

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Souriez, vous êtes filmés ! La caméra est aujourd’hui à la portée de tous. Disponible également sur tous les smartphones et tablettes, les adultes comme les enfants s’en servent au quotidien. Cependant, il est important de se tenir au courant de ce qu’on a le droit de filmer et de photographier. Et si la diffusion de ces images est légale ou pas.

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Portables, caméras, réseaux sociaux. Nous vivons dans un monde où les appareils numériques sont de plus en plus présents. Pour certains, il s’agit d’un moyen de se sentir en sécurité, pour d’autres c’est un moyen d’intrusion. Pour sa part, le gouvernement propose le projet smart city, tandis que le monde de la technologie, de son côté, ne cesse d’évoluer. De nos jours, les systèmes de sécurité sont très demandés par les commerçants, les entreprises, les transports publics, mais surtout par les particuliers. Ces derniers sont à la recherche de nouveaux moyens pour sécuriser leurs biens devant le nombre grandissant de vols à travers l’île.

venenSelon Venen Coolen, chef d’antenne de Radio Plus, il faudrait à présent oublier la caméra conventionnelle équipée de lentilles et autres gadgets. « La caméra a beaucoup évolué au fil des années. Auparavant, il fallait équiper les caméras de bandes vidéo pour des tournages. Aujourd’hui, tout est numérique. Le téléphone portable en est la preuve », dit-il. 

Venen Coolen insiste également sur le fait que le téléphone portable permet de réduire le matériel lors des tournages. « Il y a des films et reportages qui sont tournés à l’aide de téléphone. Des grandes chaînes de télé, comme BFM TV, en France, utilisent des téléphones portables pour faire des directs », précise-t-il. 

Concernant l’utilisation de la caméra, le chef d’antenne de Radio Plus explique qu’une personne s’exprime à travers cette technologie. « La personne partage ce qu’elle voit avec ses yeux et c’est elle seule qui décide de l’image qu’il ou qu’elle veut projeter », ajoute Venen Coolen. Ce dernier ne cache pas que l’image peut être positive ou négative. « Il est aussi facile de tromper l’attention. Par exemple, tout récemment, certains utilisateurs des réseaux sociaux ont téléchargé des vidéos de baleines de You Tube affirmant qu’elles étaient des images locales », dit-il. C’est ainsi qu’il appelle à la vigilance et à la responsabilité individuelle.

La caméra est-elle un symbole de protection ou un signe d’intrusion ?

La sociologue Zuhaira Ameer explique qu’au début, lorsque les premières caméras ont été placées dans les endroits publics de l’île, les gens se sentaient en sécurité. « Grâce aux caméras, il y avait une diminution du nombre de délits et les gens se sentaient en sécurité. Toutefois, de nos jours, les malfrats ont pris conscience de la présence des caméras de surveillance. Ils préparent leurs méfaits en fonction de ces caméras et continuent de commettre leurs infractions ». Par ailleurs, la sociologue explique que l’île Maurice est avant tout un pays démocratique. « Nous sommes libres, mais le fait de placer des caméras va en quelque sorte à l’encontre de la Constitution. Ensuite, il faut se poser la question de savoir ce que les personnes qui s’occupent de ces images font avec elles », interroge Zuhaira Ameer. Elle ajoute qu’une fois les images enregistrées, il est facile de les manipuler. « Les caméras visent à renforcer la sécurité, mais si nous instruisons les plus petits en les initiant au respect des règles, alors il n’y aura pas lieu d’installer des caméras partout. » 

Me Bala Mukan, avocat : «Il faut un minimum d’intimité»

Si une caméra est placée chez des voisins, à qui appartiennent ces images ?
Si elle est placée chez le voisin, alors les images appartiennent au détenteur de la caméra.

Le voisin a-t-il le droit de filmer ce qui se passe chez nous ou pointer sa caméra vers le domicile d’une autre personne ?
Personne n’est en droit de filmer ce qui se passe dans le domicile de quelqu’un d’autre. Il faut un minimum d’intimité. De plus, il est interdit de pointer une caméra hors de sa propriété sans aucune autorisation.

Peut-il utiliser ces images contre nous ?
Pour utiliser des images, il faut avant tout que les images recueillies soient légales. Un individu ne peut pas enregistrer des images et les utiliser comme bon lui semble. Pour être utilisées, les images doivent être en règle.

Peut-on contester des images prises sur la caméra du voisin ?
Avant de contester quoi que ce soit, il faut s’assurer que la caméra enregistre des images autres que le domicile du voisin. Cependant, si tel est le cas, alors on peut contester cette prise d’image. Si la caméra a été placée avec l’accord du voisin. Alors, il n’y a aucun problème. Au cas contraire, si les images sont prises à l’insu de la personne, dans ce cas, vous pouvez porter plainte.


Mieux comprendre le projet Safe City

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Le projet Safe City, annoncé dans le Budget 2016 – 2017, sera mis en œuvre sur une base pilote avec l’installation de caméras intelligentes dans les principaux espaces publics, le long des routes et les autoroutes principales, ainsi que les allées piétonnières et les principaux centres de circulation. Dans le but d’améliorer la qualité de vie, ces caméras constitueront des outils puissants et efficaces. Ils auront pour but de lutter contre la criminalité, la prolifération des drogues et contribueront à une gestion plus efficace du trafic et de la sécurité routière. Au total, le gouvernement a prévu l’installation de 4 000 caméras sur 2 000 sites.

Certaines régions ont d’ores et déjà été équipées de ces caméras, notamment à Pamplemousses, Verdun et Flacq, ainsi que sur les autoroutes. Ces appareils IVS (Intelligence Video Surveillance System) ont la capacité de capturer des images de mouvements sur une distance d’approximativement 200 mètres, tandis que l’appareil ITS (Intelligence Trafic Surveillance System), quant à lui, permet de capturer les plaques d’immatriculation des véhicules et peut également retracer le parcours d’un véhicule hors la loi ou ayant commis une infraction au code de la route. Ce projet coûtera au total Rs 19 millions à l’État.


Droit de l’image : que dit la loi ?

Filmer, photographier et diffuser des images ou des vidéos d’une personne sans son autorisation n’est pas sans conséquence. Selon l’avocat Arvin Halkhoree, un individu n’a pas le droit de publier quoi que ce soit sans l’avis et l’accord de la personne concernée. « Tout individu a le droit au respect à sa vie privée », explique-t-il. «  Dans certains cas, cette loi peut être tolérée, par exemple si c’est la photo d’une foule comme lors d’un rassemblement  », soutient-il. Toutefois, là aussi, il faudrait être vigilant. Les droits à l’image ne sont pas sans risques. Si une personne estime que l’on a porté atteinte à sa vie privée, elle peut éventuellement poursuivre l’auteur des photos ou vidéos pour des dommages. « Si lors d’un reportage sur l’obésité, une personne a été filmée comme étant un exemple de mauvaise alimentation, elle peut entamer des poursuites et réclamer des dommages », précise encore l’avocat.


Les bénéfices de la caméra et sa rapide évolution

La caméra a évolué très vite. Au départ, elle était seulement utilisée au millimètre. « Au fil du temps, les résolutions ont évolué, notamment en haute définition (HD), aujourd’hui en 4K et très prochainement en 8K », explique Vikram Jootun, directeur de la Mauritius Film Development Corporation (MFDC). La caméra est essentielle au tournage des films. « Elle évolue très vite en ce qui concerne la qualité, en comparaison à ce qui se faisait avant  », dit Vikram Jootun. Auparavant, il y avait des restrictions et on ne pouvait pas faire beaucoup de choses au niveau de l’image.

« Par exemple, dans le passé, le manque de lumière était un handicap. Désormais, on peut éclaircir ou même tourner certaines images dans le noir, à condition d’avoir un bon technicien », ajoute-t-il. Le directeur de la MFDC annonce aussi que des facilités sont également mises à la disposition des réalisateurs mauriciens pour le tournage de leurs films ou de leurs courts métrages. « Afin de soutenir les réalisateurs locaux, la MFDC propose des cours qui sont disponibles à l’Université de Technologie de Maurice (UTM) », indique-t-il.


Photos publiées sur les réseaux sociaux à son insu : «C’est une atteinte à ma vie privée, mon image a été ternie»

Mike N. s’en rappellera pendant longtemps. Cet habitant de Roche-Bois raconte avoir ramassé un téléphone portable sur la plage d’Albion en janvier de l’année dernière. « C’est lorsque j’effectuais une balade le long de la plage que j’ai ramassé ce téléphone. Avec le temps, le propriétaire a pu retracer l’appareil grâce à une adresse mail. J’ai été ainsi convoqué à la CID où j’ai dû payer une amende de Rs 2 100, car selon la loi, c’est un délit de garder en sa possession un objet trouvé  », explique le père de famille. Le jour même de sa convocation au poste de police, il se souvient avoir été informé par ses proches que des photos de lui étaient en circulation sur Facebook.

« J’ai tout de suite constaté que les propos d’un de mes proches étaient vrais. Mes photos étaient bel et bien en circulation et elles étaient partagées plusieurs fois par des internautes, dont certaines à visage découvert », explique-t-il. Selon ses dires, l’auteur des photos publiées n’était autre que le propriétaire du téléphone lui-même. « Le propriétaire m’a traité de voleur alors que j’ai ramassé le téléphone. De surcroît, des médias se sont saisis de l’affaire et m’ont traité de détenu alors que je n’ai pas été emprisonné. J’ai payé une amende uniquement », dit ce père de quatre enfants. Ce qui l’attriste le plus, c’est que ses enfants ont fait face à certaines critiques à l’école. « Mon image a été ternie et les gens ont pensé que j’étais de mauvaise foi », conclut-il.


Le vol d’une moto filmé par une caméra de surveillance   

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Seewan I. a été victime d’un vol en août dernier. «  Ma motocyclette était garée devant ma résidence, mais en mon absence, elle a disparu. J’ai porté plainte au poste de police de Trou-aux-Biches », raconte la victime qui habite cette localité. Selon ses dires, c’est grâce à une caméra de surveillance placée par un bijoutier à proximité de sa maison, qu’il a découvert que sa moto a été volée. « Lorsque nous avons visionné la vidéo, nous avons vu qu’un individu s’était emparé de mon véhicule et avait pris la fuite », relate Seewan. Après le visionnage, l’homme raconte qu’il s’est rendu, dans la même journée, au bureau de la CID pour procurer aux policiers une copie de la vidéo pour l’avancement de l’enquête.

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