Interview

Robert Pallamy, président de la CHC: « Le port est arrivé à un point de saturation »

Alors que les relations industrielles sont sources d’agitations à la Cargo Handling Corporation, le gouvernement négocie avec un futur partenaire stratégique. Quelles en sont les implications ? Robert Pallamy, président de la Corporation, livre quelques pistes. [blockquote]« Tous les projets du gouvernement ne vont que renforcer nos ambitions. »[/blockquote] Le syndicaliste Alain Édouard a porté plainte pour harcèlement contre le directeur Gassen Dorsamy. Que pouvez-vous nous dire de l’affaire ? Le cas est devant un comité disciplinaire qui agit en toute indépendance. Le comité va écouter la version des deux parties et soumettra son rapport. Le board agira en conséquence. Alain Édouard allègue que le directeur de la Cargo Handling Corporation (CHC) réclame le retrait d’Ashok Subron comme négociateur… Ce sont des allégations. La police va faire son travail, tout comme le comité disciplinaire. Nous nous contenterons de suivre les recommandations du comité indépendant institué pour se pencher sur le cas d’indiscipline d’Alain Édouard. Je tiens à préciser que cela n’a rien à voir avec les relations syndicales. Il y a deux cas d’indiscipline et nous venons de recevoir les conclusions du comité concernant Guy Martin. L’accusation principale était qu’il avait incité les employés à ne pas travailler les 24 et 31 décembre dans un post sur Facebook. Guy Martin a été disculpé. Preuve que le comité agit en toute indépendance. Seul le cas d’Alain Édouard reste en suspens… Oui, ce sont deux affaires différentes. Dans le cas d’Alain Édouard, le processus suit son cours. J’espère que le comité pourra faire son travail en toute indépendance, sans aucune pression externe. Les milieux syndicaux ont fait savoir, à travers la presse, qu’ils avaient en leur possession un enregistrement prouvant un chantage concernant Ashok Subron. Cela vous inquiète-t-il ? C’est un police case. Je ne peux faire de commentaires. J’aimerais toutefois soulever un point. Les syndicats ont tendance à faire des amalgames. Il y a d’abord, DP World, ensuite les cas d’indiscipline au travail, les relations syndicales et les négociations salariales… Ce sont quatre éléments bien distincts. Le problème devant le comité disciplinaire n’a rien à voir avec les négociations salariales. Passons à la compensation salariale justement. Vous proposez entre 8,8 et 11,7 %, ce qui est très loin des 20 % que réclame le syndicat. Comment justifiez-vous ce chiffre ? Les syndicats avaient déposé leur proposition de 20 % d’augmentation de salaire en sus d’autres bénéfices et allocations en octobre 2015. Le coût a été chiffré à plus de Rs 400 millions pour la première année. Le board de la CHC a trouvé que c’était impossible à mettre à exécution et on a fait une contre proposition qui a été déposée jeudi devant la Commission de conciliation et de médiation. La direction a déposé une grille de salaires, avec une augmentation de 11,7 % pour ceux au bas de l’échelle et de  8,8 % pour les autres. La proposition de la CHC prend en considération la viabilité à long terme de l’entreprise, la sécurité d’emploi et les investissements que nous faisons. Malgré tous les remous, de 2014 à 2015, la productivité a augmenté, passant de 18,6 mouvements de conteneurs par heure, à 20,1. Quel est le secret ? C’est une tendance qui se maintient et qui est en constante augmentation. C’est le résultat d’une meilleure organisation du travail. Dans ce contexte, un nouveau Chief Operations Officer (COO), Glenn Urdaneta, a pris ses fonctions le 1er mars. Paradoxalement, il y a eu une baisse de plus de 20 % dans le nombre de transbordements effectués… C’est volontaire. L’année dernière, on a dû réhabiliter trois portiques datant de plus de 15 ans. L’exercice a pris quatre mois et s’est échelonné sur toute une année. Ce qui signifie qu’en 2015, nous avons travaillé avec quatre portiques au lieu de cinq. Ce qui nous a privé de 20 % de notre capacité. On a dû demander aux compagnies maritimes de réduire les transbordements. En janvier, on constate déjà une nette amélioration, alors que les cinq portiques sont opérationnels depuis décembre. Où en est-on concernant les deux nouveaux portiques financés par l’Agence française de développement ? L’appel d’offres international pour les deux portiques Super Post-Panamax a été lancé. On espère que le contrat sera alloué fin mai, avec livraison fin 2017. Pourquoi ces deux portiques ? Le port est arrivé à un point de saturation. La capacité actuelle du terminal est de 500 000 conteneurs. En 2012, nous en avions manipulé 558 000. La MPA est en train d’étendre le quai de 240 mètres. À la fin de 2017, notre capacité sera de 800 000 conteneurs et nous pourrons travailler sur trois navires simultanément. Actuellement, on se limite à deux porte-conteneurs à la fois. Quelles sont les implications pour les employés ? Le board vient de nommer un consultant en ressources humaines. Hay Group est un spécialiste international. Ses représentants seront là le 14 mars et vont revoir notre structure et nos besoins en ressources humaines. Restructuration dans les corps paraétatiques est souvent le synonyme de dégraissage… Nous avons une opportunité unique, vu que nous investissons dans deux portiques et l’extension du quai, nous pouvons redéployer les employés. Nous n’allons mettre personne à la porte. Au lieu de recruter 200 employés pour opérer les nouveaux portiques, nous allons simplement procéder à un redéploiement. Les négociations avec DP World retiennent l’attention pour le port. Qu’en savez-vous à ce stade? Nous ne sommes pas du tout impliqués. C’est le Deputy Prime Minister, à la tête d’un comité, qui se charge de la question. Y a-t-il une inquiétude concernant un éventuel dégraissage dans le cadre de cet accord stratégique avec DP World ? Tant que les termes de l’accord ne seront pas publics, ce ne sont que des spéculations. Nous n’en savons pas plus. Mais nous sommes confiants que le comité va prendre la décision qui s’impose. Vu les gros développements prévus dans la région portuaire, craignez-vous que la CHC soit reléguée au second plan en tant qu’acteur de ce secteur à l’avenir ? Notre ambition est de faire de Port-Louis un maritime hub incontournable dans la région. Et les projets du gouvernement, ne peuvent que renforcer nos ambitions. Quel que soit le scénario, la Cargo Handling Corporation aura un rôle majeur à jouer. Nous sommes prêts à relever le défi.
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