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Il se dit harcelé par la police - Nadim Edoo: «Je ne suis pas un terroriste»

Des coups de feu ont été tirés contre ces deux façades à la rue St-Georges.
Nadim Edoo et ses proches se disent traumatisés. Inquiété par la police à la suite des coups de feu tirés à la rue St-Georges, cet habitant de Plaine-Verte crie son exaspération d’être toujours celui sur qui se portent les premiers soupçons. Il dit être victime de harcelement policier. Trop, c’est trop ! Nadim Edoo et sa famille sont remontés par la façon de faire de la police. Ces habitants de la capitale disent vivre un véritable traumatisme depuis l’affaire des coups de feu tirés sur l’ambassade de France et l’hôtel Le St-Georges, aux petites heures du lundi 30 mai. Cet homme de 36 ans a été interrogé par la police dans le sillage de l’enquête initiée pour retracer les tireurs. Tout découle d’une perquisition policière, mercredi (1er juin), au domicile de Nadim Edoo à la route des Pamplemousses, Port-Louis. Un exercice qui intervient après que les forces de l’ordre ont établi la liste des détenteurs d’armes à feu, particulièrement celles de calibres correspondant aux armes utilisées à la rue St-Georges. Nadim Edoo détient un permis de port d’armes pour deux fusils de chasse. Après vérification, la police a constaté que tous ses papiers étaient en règle. Cependant, il passera « trois jours très mouvementés », enchaînant les passages aux Casernes centrales. Marié et père de trois enfants, l’homme dira que cela n’a pas été facile pour sa famille et lui.

Contrôle de routine

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"18532","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-31644","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"Coups de feu"}}]] Des coups de feu ont été tirés contre ces deux façades à la rue St-Georges.

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/div> [row custom_class=""][/row] Nadim Edoo revient sur les événements. Mercredi 1er juin. Il est environ 15 heures quand il reçoit un coup de fil de son épouse. « J’étais à Curepipe quand ma femme m’a appelé. Elle m’a dit que des policiers étaient à la maison et qu’ils me cherchaient. Elle m’a passé un haut gradé qui m’a expliqué le motif de leur descente chez moi. Il m’a dit que c’était un contrôle de routine et qu’ils voulaient vérifier mes armes. Le policier m’a demandé si je pouvais rentrer au plus vite », dit-il. Pensant au traumatisme que cette présence policière pourrait causer à sa fille et à son père, « qui vient de subir une opération à la tête », Nadim Edoo rentrera chez lui en quatrième vitesse. « Me pa ti enn tiek routinn sa. Ti ena omwen sinkant lapolis. Ti wadir enn arestasion ». Notre interlocuteur explique que la police lui a montré un mandat pour l’examen des fusils de calibre 12 et 16 mm. Il soutient être en possession de deux fusils de chasse (l’un de 12 mm et l’autre est une carabine de 30,6 mm). « J’ai un permis de port d’armes depuis cinq ans. J’ai coopéré avec la police. Je n’ai rien à me reprocher. Les policiers ont confisqué mes fusils. Ils ont vu deux balles de 12 mm. Dans un moment de panique, j’ai dit qu’elles appartenaient à mon ami et compagnon de chasse Riyad Togaully. Puis, j’ai été conduit aux Casernes centrales, où j’ai fait ma déposition en présence de mon avocat. Mon 4 x 4 a été confisqué et les limiers m’a demandé de me présenter le lendemain pour que la police scientifique puisse l’examiner ». Selon Nadim Edoo, sa famille et lui ont passé une nuit blanche mercredi. Il dit s’être rappelé que les deux balles lui appartenaient. « Kan nou ti pe lasass, mo ti pran de bal rouz ek Riyad. Me mo pa ti servi zot, mo ti rann li mem zour. Zedi, premie zafer ki monn fer, mo ti inform lapolis ki bal la pou mwa. Maintenant, les journaux disent que j’ai menti avant de me rétracter. Je me suis trompé et j’ai corrigé mon erreur. C’est tout », soutient le trentenaire.

Casier vierge

Le Portlouisien ajoute qu’il a un casier judiciaire vierge et qu’il n’a jamais eu de démêlés avec la justice. « Je suis surpris par la façon dont l’enquête s’est déroulée », dit-il, ajoutant qu’il est la seule personne ciblée. « Je ne comprends pas. En 1996,  j’ai été soupçonné d’avoir fourni des armes aux membres du défunt Escadron de la mort, auteur de la fusillade de la rue Gorah-Issac. J’avais 15 ans à cette époque. L’accusation provisoire avait été abandonnée par le tribunal de Port-Louis, faute de preuves. Aujourd’hui, on me traite comme un terroriste. Sirtou ki zot inn trouv enn jaket nwar dan mo 4 x 4… Kuma dir enn exibit sa ». Vendredi, le véhicule de Nadim Edoo lui a été rendu, mais ses deux fusils sont toujours en possession de la police pour analyses. Il dit souhaiter que la police retrouve « le vrai coupable au plus vite ». « J’ai visionné la vidéo sur Facebook. Un des tireurs tenait un fusil à la main. Le fusil est court, alors que le mien est plus long. Je me demande pourquoi la police ne se penche pas sur d’autres pistes », dit-il. Par ailleurs, l’épouse de Nadim Edoo et ses proches ne cachent pas leur colère. « Pa kapav tou kou mem zafer. Pa kapav sak fwa mo misie mem. Eski lapolis kone ki tromatis nou pe viv ek nou zanfan ? Mo garson dan Std  VI. Dan lekol so bann kamarad pe demann li kinn ariv so papa. Li pa fasil pu li », laisse-t-elle entendre. Nadim Edoo, qui est aussi à la tête de MarKaz Al Farook, une organisation socioculturelle militant contre la sorcellerie et les fléaux sociaux, dit être « contre le terrorisme ». « Selon un verset coranique, il est dit “Qui sauve une vie sauve l’humanité”. L’acte terroriste est un acte criminel condamnable. Je suis connu aux quatre coins du pays, car je milite pour éviter tout dérapage communal et pour promouvoir la paix. Avec la VoH, nous étions dans le Sud pour essayer de maintenir l’ordre et la paix. Mo kont tou saki apel akt teroris. E mo premie dimoun ki pu vinn delavan pou denons nimport ki asocie zot ek teroris. Nou pei miltirasial e nou lib pou pratik nou relizion en pe. Lapolis bizin trouv sa bann piromann ki finn fer sa la. Moi, je ne suis pas un terroriste », affirme Nadim Edoo.  
 

Aucune arrestation

Les enquêteurs s’intéressent à Nadim Edoo depuis mercredi. Des prélèvements ont été faits sur son 4 x 4, ses deux fusils de chasse et son blouson. La police tente aussi de déterminer si une peinture noire, utilisée à son domicile, correspond à celle utilisée pour peindre les graffitis sur le mur à proximité de l’hôtel Le St-Georges et de l’ambassade de France lundi. La police a également interrogé Riyaz Togaully, ami de Nadim Edoo. À ce jour, aucune arrestation n’a été effectuée. Cette zone est couverte par des caméras de surveillance de la police et du privé. Certaines images montrent trois personnes. Une autre vidéo montre les va-et-vient d’un individu aux abords de l’église Immaculée-Conception. Il s’agirait, selon la police, de « l’éclaireur ». Les images n’étant pas nettes, les suspects n’ont pu être identifiés.
 

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