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Suttyhudeo Tengur : «Avec la reprise économique, le GM peut se permettre de jouer au Père Noël»

La nouvelle base du salaire minimum, associée à la compensation salariale effective à partir de janvier 2024, devrait propulser Maurice vers le statut de pays à haut revenu. C’est l’avis du président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (Apec). Au cours de cette entrevue, Suttyhudeo Tengur met l’accent sur les précautions à prendre lors des achats de fin d’année, tout en partageant ses perspectives pour l’année à venir.

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Comment évoluent les prix des produits de consommation sur le marché local ?
 
Les prix des produits de consommation courante sont loin d’être à la baisse, sauf pour quelques produits maraîchers. Pour l’essentiel, ils sont toujours à la hausse malgré les campagnes de promotion par tous les hypermarchés et supermarchés durant ce mois de décembre. Les commerçants n’hésiteront pas à casser les prix pour faire le maximum de revenus durant cette période festive. Cependant, il appartient aux Mauriciens de faire le bon choix en fonction de leurs besoins. Chaque famille devra faire une liste prioritaire de ses besoins. Avec la rentrée des classes en janvier, les parents devront faire provision pour les livres et uniformes, entre autres, pour leurs enfants. Ensuite, viendront les dépenses pour les fêtes. 

La fin de l’année se conclut positivement pour de nombreux Mauriciens avec l’annonce d’une compensation salariale variant entre Rs 1 500 et Rs 2 000. Pensez-vous que cette augmentation soit suffisante pour compenser la perte du pouvoir d’achat des Mauriciens dans le contexte économique actuel ?

J’estime que cette compensation salariale, passant de Rs 1 500 à Rs 2 000, sera d’un précieux soutien aux familles, en particulier pour celles qui se trouvent en bas de l’échelle, notamment les familles nombreuses. Il est important de souligner ici que la perte du pouvoir d’achat des Mauriciens remonte à l’époque de la COVID-19, suivie par la guerre entre la Russie et l’Ukraine. À l’époque, on évoquait la hausse vertigineuse des coûts du fret maritime, couplée à la dépréciation de la roupie mauricienne par rapport au dollar américain, une devise qui représente plus de 70 % de nos importations. Les prix ont continué d’augmenter sans relâche, et même aujourd’hui, cette tendance à la hausse persiste. Il n’y a aucun signe d’une baisse à l’horizon dans les mois à venir, malgré la diminution des coûts du fret maritime. Ainsi, cette compensation salariale est plus que justifiée dans la conjoncture actuelle, même si elle n’est pas totalement suffisante

Les Mauriciens doivent être prudents et ne pas se laisser emporter par la frénésie des fêtes de fin d’année»

Certains observateurs économiques estiment toutefois que l’annonce de cette hausse salariale relève d’une stratégie électorale. Quelle est votre opinion ?

À Maurice, il n’y a rien qui échappe à la politique. Tout est politisé à outrance. Avec la reprise économique et la lutte contre l’inflation, le gouvernement peut se permettre de jouer au Père Noël. Heureusement ou malheureusement, cette générosité du gouvernement vient coïncider avec l’échéance électorale et, comme vous le savez, 2024 sera une année électorale. Que cela fasse partie d’une stratégie en vue des élections ou pas, c’est la population qui en sort gagnante. 

À partir de janvier 2024, tous les salariés toucheront un revenu minimum garanti de Rs 18 500. Pensez-vous que cette mesure entraînera une amélioration du niveau de vie des Mauriciens en général ?

Toute hausse des salaires a une répercussion directe sur le mode ou le niveau de vie de chaque Mauricien. Pour ceux qui touchent plus de Rs 50 000 mensuellement et au delà, c’est un autre monde, mais pour ceux au bas de l’échelle et qui ont une famille nombreuse, c’est la manne tombée du ciel. Cela permettra à chaque Mauricien d’aspirer à un meilleur niveau de vie.  Il y a quelques années, on faisait référence de Maurice comme un « high income country ». Est-ce que l’établissement de la base d’un salaire minimal emboîtera le pas vers cet objectif ? L’avenir nous le dira, mais ce qui est certain, cette hausse statutaire en termes de salaires permettre aux Mauriciens de vivre plus décemment. 

L’atmosphère des fêtes de fin d’année est palpable dans les grandes surfaces et centres commerciaux. Quelles sont vos observations et quels conseils donneriez-vous aux Mauriciens pour leurs achats pendant cette période ?

À une semaine de Noël, suivie des fêtes de fin d’année, tous les Mauriciens, sans exception, se préparent aux réjouissances. Avec le paiement du bonus de fin d’année, associé aux salaires et à la compensation salariale, le risque des dépenses excessives est présent. Je conseillerais aux Mauriciens d’être judicieux dans leurs choix, de bien planifier leurs dépenses et surtout de faire quelques économies, car janvier sera un mois à rallonge, comme c’est toujours le cas. Donc, pas de folie furieuse pour les dépenses de fin d’année. 

Avez-vous remarqué une évolution dans le comportement du consommateur mauricien au cours des dernières années ?

Dans des moments difficiles, les Mauriciens ne se laissent pas emporter par une folie d’achat à tout prix. Comme je vous le disais, avec la COVID-19 et le conflit russo-ukrainien, les Mauriciens ont appris à devenir économes et judicieux dans leurs choix. Certes, il y a ceux qui ont la largesse de dépenser, mais cette catégorie ne représente pas la majorité.

Le boni de fin d’année sera bientôt versé. Un conseil aux Mauriciens ?

Le bonus de fin d’année, combiné avec les salaires mensuels, contribue certes à une frénésie de dépenses. Cependant, le plus important est d’établir un bon plan de dépenses et de ne pas gaspiller d’argent simplement parce qu’on en a ‘beaucoup’. Les Mauriciens doivent être prudents et ne pas se laisser emporter par la frénésie des fêtes de fin d’année.

Avec une augmentation de la masse salariale, prévoyez-vous une diminution du niveau d’endettement des Mauriciens en 2024 ?

Honnêtement, tout dépendra des consommateurs et de la qualité de vie qu’ils choisissent d’adopter. C’est pourquoi j’estime que les Mauriciens doivent être économes, car l’avenir pourrait être encore plus difficile. On économise aujourd’hui pour des lendemains meilleurs. Pour ceux qui sont endettés, il est essentiel de revoir leurs priorités et de mettre un frein aux dépenses superflues.

Quelles sont vos perspectives concernant la consommation, le pouvoir d’achat et le niveau de vie des Mauriciens pour l’année à venir ?

Comme je vous le disais plus haut, la nouvelle base du salaire minimum demeure une première plateforme pour faire de Maurice un pays à ‘haut revenu’ (high income country). La compensation salariale et le boni de fin d’année vont certainement aider les Mauriciens à aspirer à une meilleure qualité de vie. Mais on ne sait encore quelle surprise nous attend l’année prochaine. J’estime que la nouvelle Ministre de la protection des consommateurs est consciente des problèmes particulièrement au niveau des prix et qu’elle prendra les mesures appropriées pour assurer que les Mauriciens ne soient tondus davantage. 
 

 

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